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Cette semaine une dizaine de personnes, soupçonnées d'appartenir d'avoir voulu fomenter un attentat contre Jean-Luc Mélenchon et Christophe Castaner et d'avoir voulu attaquer des mosquées, ont été arrêtées. Elles appartiendraient à l'ultra-droite. Pour comprendre ce qu'est ce mouvement et le degré de danger qu'il représente, Planet a interrogé Anais Voy-Gillis, doctorante à l'Institut Français de Géopolitique.

Planet : Qu’est-ce qu’on appelle l’ultra-droite ?

Anaïs Voy-Gillis : Ce sont tous les partis qui sont à la droite du Front nationale. Sur l’échiquier politique vous avez gauche, droite, et le FN classé traditionnellement à l’extrême droite. A la droite du FN vous avez des partis qui sont entre l’extrême droite et l’ultra-droite, c’est le Bloc Identitaire ou Jeunesse nationaliste, par exemple. En général en marge de ces partis, vous avez soit des cas isolés de gens qui sont complètement radicalisés et ultra, soit des micro partis ou des micro antennes parfois, parfois ils  ne sont même pas déclarés en tant que partis. En général ils sont plutôt violents. Attention, Bloc identitaire et Jeunesse nationaliste, ce sont des partis relativement violents, les militants sont formés à l’auto-défense, mais ce ne sont pas gens qui projettent de commettre des attentats.

Planet : Existe-t-il pourtant des cellules à l’ultra-droite, prêtes à passer à l’action violente ?

Anaïs Voy-Gillis :  On ne peut pas dire qu’il n’y a pas des gens qui sont prêts à commettre des attentats. Il y a toujours des gens qui sont prêts à passer à l’acte. Après il y a toujours un cap à passer. Aujourd’hui on a le phénomène terroriste Daech, qui est très structuré. Dans le cadre de votre question, concernant ces ‘’cellules’’, on n’est pas sur quelque chose de cette ampleur. C’est beaucoup moins structuré. Encore une fois, on ne peut pas dire qu’il n’y en a pas, même si je ne peux pas vous donner de chiffres. Je pense qu’il y a des gens en France qui sont extrêmement radicalisés au nom d’une idéologie ou d’une autre.

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Planet : La France est-elle un terreau particulièrement propice au développent de l'ultra-droite violente ?

Anaïs Voy-Gillis :  Pas du tout. Vous avez des gens extrêmement violents partout. On a bien vu Anders Breivik en Norvège, il répondait aux mêmes logiques dont on soupçonne les personnes arrêtées cette semaine. Vous regardez les USA, vous avez des gens qui sont dans cette même logique. En Grèce, vous avez le parti Aubé Dorée. Il ne commettra pas d’attentat mais on sent qu’en marge il y a certainement des partis comme ça. La violence politique a existé dans toute l’Europe dans les années 70-80. En France, ce n’est pas plus qu’ailleurs, après il y a quelque chose de la psychose. On se dit ‘’il y avait Daech et maintenant l’ultra-droite s’y met’’.

Planet : Est-ce qu’on peut penser les actions violentes de l’ultra-droite en réaction au terrorisme islamiste ?

Anaïs Voy-Gillis :  Je pense que c’est un catalyseur. Potentiellement, le terrorisme d’extrême droite a toujours existé. Le fondement du discours de l’extrême droite, c’est ‘’ Préserver la nation d’un ennemi intérieur avec la présence de ressortissants étrangers sur le territoire français de culture musulmane, ça c’est la théorie du grand remplacement traditionnelle de l’extrême droite, et d’un ennemi extérieur incarné par le djihadisme’’. Leurs conclusion c’est donc : ‘’les élites ne font rien et ne nous protègent plus, elles sont corrompues et l’immigration n’est pas freinée’’. Comme dans leur tête il faut préserver la nation, si personne ne le fait, ils se sentent comme le dernier rempart.

Planet : Pourquoi alors, dans le cas du projet duquel sont soupçonnées les personnes arrêtées, avoir voulu viser des personnalités comme Christophe Castaner et Jean-Luc Mélenchon ?

Anaïs Voy-Gillis : Ce sont des élites politiques qui défendent le multiculturalisme et qui sont de gauches, donc qui sont jugées comme responsables du délitement de la société.

Planet : Entre l’extrême droite en France, le Brexit, certains partis en Allemagne, on a l’impression que c’est un peu partout en Europe finalement.

Anaïs Voy-Gillis :  Très clairement l’extrême droite monte partout en Europe, et aussi en Autriche, où l’extrême droite est en troisième position aux législatives. Ce qui est intéressant c’est de voir qu’il y a cette libération de la parole. En Pologne ou en Hongrie par exemple, tenir des propos ouvertement racistes ce n’est plus sanctionné. Après il faut différencier les choses entre ceux qui sont dans le rejet de l’autre et qui vont se contenter de voter pour le Front National ou le FPO (ndlr : parti nationaliste autrichien), et ceux qui sont ouvertement racistes et qui prônent très clairement ne pas avoir de problème avec l’étranger tant qu’il n’est pas sur son sol. Ca c’est plutôt incarné par des partis comme le Bloc Identitaire. Et puis en plus de ça, il y a des individus qui peuvent s’organiser en cellules s’ils se rencontrent, et qui sont ouvertement racistes et ouvertement violents et qui passent à l’acte.

Planet : En France, contrairement aux Etats-Unis, est-ce qu’on est protégé par la législation sur les armes à feux ?

Anaïs Voy-Gillis :  Clairement, je pense que quelqu’un qui veut passer à l’acte n’aura aucun mal. On peut avoir une autorisation de port d’arme et par ailleurs on peut aussi réamorcer des armes de collections. Et puis dans certains endroits le flux de circulations d’armes est assez important.