Quand Françoise Hardy implorait la légalisation de l'euthanasie dans une lettre à Emmanuel MacronAbacapressabacapress
La chanteuse et actrice décédée après une très longue maladie le 11 juin à 80 avait écrit au chef de l'Etat en décembre 2023. Sans s'appesantir sur son propre cas, elle y faisait état du sort de sa mère, et d'autres personnes atteintes de maladies incurables.
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Une grande majorité des gens souhaitent la légalisation de l’euthanasie”. Ainsi, Françoise Hardy, décédée le 11 juin 2024, avait-t-elle interpellé le chef de l’Etat à propos de la fin de vie. La chanteuse, actrice et autrice, alors atteinte d’un cancer du système lymphatique détecté en 2004 et d’un cancer du pharynx, adresse à Emmanuel Macron, qu’elle fait également publier dans La Tribune Dimanche (édition du 17 décembre 2023).

Son état, déjà, a dépassé les limites du supportable. Après plus de 50 séances de radiothérapie, “elle ne s’alimente plus (...), peine à respirer”, elle perd aussi la mémoire, l’équilibre, écrit la journaliste de la Tribune Dimanche. Elle souffrait également de surdité

Son fils Thomas Dutronc avait évoqué un mois plus tôt le calvaire enduré par sa mère : “Sa vie est devenue si douloureuse qu'on se demande parfois s'il n'aurait pas mieux valu la laisser partir quand elle a frôlé la mort, il y a huit ans”, avait-il alors déclaré. En 2015, l’artiste avait subi une chute accidentelle qui l’avait plongée dans le coma pendant plusieurs jours. “Je suis une farouche partisane du droit à mourir”, avait-elle déjà déclaré cette même année, alors qu’elle faisait la promotion de son livre Avis non autorisés (Éditions des équateurs, mars 2015) 

Jacques Dutronc : “Elle a beaucoup, beaucoup de courage… mais comment faire ?”

Celui qu’elle appelait son “veuf imminent”, Jacques Dutronc, s’était également exprimé sur l’état de santé de Françoise Hardy, dont il a partagé la vie pendant vingt ans. De celle dont le chanteur est resté proche après leur séparation en 1987 (ils n’ont jamais divorcé), il a ainsi déclaré lors d’une interview pour l’émission Sept à Huit en novembre 2023 : “Françoise à sauvé ma vie !” Très pudique sur leur relation, Jacques Dutronc a ajouté à propos de son épouse : “Elle a beaucoup, beaucoup de courage et évidemment je souhaite qu’elle aille mieux, mais… comment faire ?

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En décembre 2023, Françoise Hardy avait également accordé une rare interview à Paris Match. Elle y faisait état de son affaiblissement et d’une qualité de vie très détériorée. Même après avoir interrompu sa carrière, l'interprète de “Comment te dire adieu”? se classait toujours parmi les trois chanteuses francophones préférées des Français en 2024. 

“Ma mère n’a pas dû aller au bout d’une maladie incurable et insupportable”

Dans sa lettre chef de l’Etat, qui avait promis une loi sur la fin de vie, Françoise Hardyn’évoque son sort personnel que de façon très indirecte. Elle ouvre son courrier en rappelant plutôt le cas de Florence Malraux, la fille de l’écrivain et ministre de la Culture André Malraux, puis celui de sa propre mère, atteinte de la maladie de Charcot

“Ma mère a (...) été euthanasiée le jour de son choix, et j’ai été complice du médecin hospitalier pour la déclaration de décès”, raconte-t-elle, avant d’ajouter : “C’est grâce à deux médecins compréhensifs et courageux que ma mère n’a pas dû aller au bout d’une maladie incurable est insupportable”. 

“Nous comptons tous sur votre empathie”

Sa maladie n’est rappelée qu’entre les lignes, lorsqu’elle décrit la situation d'autres personnes atteintes de cancer croisées dans une clinique et qui “regrettaient que l’euthanasie ne soit pas légalisée, car ils avaient conscience de souffrir inutilement”.

“Nous comptons tous sur votre empathie et espérons que vous allez permettre aux Français très malades et sans espoir d’aller mieux de faire arrêter leur souffrance quand il savent qu’il n’y a plus aucun soulagement possible”, écrivait encore Françoise Hardy à Emmanuel Macron. 

Le président de la République a présenté en mars 2024 un projet de loi prévoyant non pas une euthanasie mais une “aide à mourir”, dans des conditions très strictes. Âprement débattu à l’Assemblée nationale, ce texte voit désormais son sort suspendu après la dissolution décidée le 9 juin.