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A 70 ans, Nicole est une retraitée active, qui profite d’un repos bien mérité pour donner son temps aux associations et pour développer sa passion pour les loisirs créatifs. Si la septuagénaire croque la retraite à pleine dents depuis l’âge de 63 ans, l’ombre d’un drame familial l’a poussé à faire preuve de prévoyance et d’ingéniosité en finançant elle-même sa fin de vie.
Ce drame commence il y a vingt ans, en 2004, quand le père de Nicole décède tragiquement des suites d’un cancer des poumons. Jeanne, sa mère, se retrouve veuve et seule dans sa maison du Finistère. “J’habitais près de Toulouse, et suis revenue en Bretagne pour prendre soin de ma mère. J’ai bouleversé la vie de mon mari et de mes enfants pour être auprès d’elle, rien ne me semblait plus normal”, confie Nicole. Rapidement, Jeanne présente des signes de démence, et ne peut plus vivre seule. “J’avais peur qu’elle n’arrive pas à se relever après une chute, elle avait beaucoup de mal à se laver seule”, raconte la septuagénaire. Alors, Nicole quitte son travail et prend la décision de s’installer avec sa mère.
"Je ne trouvais pas la force de la laisser seule"
Chaque jour, Nicole multipliait les allers et venues entre le domicile de sa mère et celui qu’elle avait quitté, où vivaient encore son mari et ses enfants. “Ce rythme de vie a eu raison de mon mariage, et je regrette de ne pas avoir été très présente pour mes trois enfants. Maintenant qu’ils ont grandi et fondé leur propre famille, ça va beaucoup mieux entre nous”, livre-t-elle. Pour Nicole, hors de question “d’abandonner” sa mère à l’Ehpad. “Je savais qu’elle serait en sécurité, entre les mains de professionnels, mais après le décès de mon père, je ne trouvais pas la force de la laisser seule”, poursuit Nicole. Après deux ans, la retraitée décide finalement de trouver un établissement spécialisé pour sa mère, et reprend le travail. “J’allais la voir deux fois par semaine”, explique la mère de famille. Six mois plus tard, Jeanne est décédée dans des circonstances que Nicole a préféré garder pour elle.
"J'ai mis de côté ma vie (...) pendant plusieurs années"
“Franchement, oui, c’était traumatisant. J’ai mis de côté ma vie personnelle, familiale, et amoureuse pendant plusieurs années. Je le referai sans hésiter, mais c’est douloureux de savoir que je n’ai pas été là, avec elle, quand elle est morte”, déclare Nicole. Après ces années éprouvantes, l’ancienne enseignante s’est fait une promesse : elle ne laissera pas sa fin de vie entre les mains de ses enfants. Dès 60 ans, la mère et grand-mère a réuni ses économies et redoublé d’efforts pour avoir un pécule suffisamment important pour financer sa fin de vie en Ehpad.
"J'ai visité chaque établissement trois fois"
“Malheureusement, ma santé m’a obligée à prendre ma retraite plus tôt que ce que j’aurais souhaité”, regrette Nicole. Malgré cela, Nicole a économisé, tout au long de sa vie, plus de 40 000 euros qu’elle réserve au financement de sa fin de vie. Elle a visité plusieurs résidences spécialisées en Occitanie, où elle est retournée vivre. “J’ai pris le temps pour faire mon choix. J’ai visité chaque établissement trois fois, pour être sûre, et j’ai finalement opté pour un Ehpad qui me convient bien. Il n’est pas trop loin de mes trois enfants, s’ils souhaitent venir me voir”, raconte la retraitée. “Lorsque ma santé ou ma tête commencera à dérailler, je ne veux pas que mes enfants quittent tout pour moi. Bien sûr, ils ont intérêt à venir me voir de temps en temps !”, conclut-elle en plaisantant.