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Des conclusions peu rassurantes. L’association Générations Future, militant contre les pesticides dans l’agriculture, a révélé ce mercredi 17 juin que l’eau du robinet contient des traces de pesticides et de perturbateurs endocriniens présumés. C’est après avoir scruté les analyses 2019 établies par les Agences régionales de Santé (ARS), qu’elle en est arrivée à ces résultats.
"Le ministère de la Santé communique chaque année au sujet des situations de dépassement de norme pour l’eau potable. Nous voulions aller voir la nature des molécules, si elle est préoccupante ou pas", indique François Veillerette, président de l’association, dans les colonnes de Ouest France.
La qualité de l’eau est-elle alors remise en cause ?
Pesticides dans l’eau du robinet : une limite de 0,1 microgramme par litre et par molécule
D’après le ministère, en 2018, "90,6 % de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides".
Comme le déclare Maryllis Macé, directrice du Centre d’information sur l’eau, l’eau potable est l’"aliment le plus contrôlé en France". Il doit respecter des normes très strictes. Concernant les pesticides, "on ne doit pas dépasser 0,1 microgramme par litre et par molécule" et 0,5 microgramme toute substance confondue, précise-t-elle.
Si l’association ne remet pas en cause la qualité de l’eau, les résidus trouvés par Générations Futures dépassent-ils ce seuil ?
"Ce travail nous a permis de constater de grandes disparités sur la façon dont les analyses sont conduites d’un département à l’autre", peut-on lire dans le communiqué. "Ainsi, dans l’Aisne il a été analysé en moyenne une dizaine de pesticides par prélèvement les ciblant, alors que dans les Bouches-du-Rhône, ce sont plus de 550 pesticides différents qui ont été recherchés dans chaque prélèvement ciblant les pesticides". Une différence de traitement jugée "inacceptable"
Boire de l’eau du robinet au quotidien constitue-t-il alors un risque à long terme ?
Eau du robinet : "Une exposition continue à des faibles doses de perturbateurs endocriniens" (PE)
L’association a concentré ses recherches sur différentes molécules : caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR) et potentiel perturbateur endocrinien (PE). Pour ces derniers, Générations Futures s’est appuyée sur la classification de l’Union européenne et la base TEDX, qu’elle estime la plus complète, en l’absence de liste officielle.
Au total, sur environ 273 500 prélèvements, 8 835 analyses ont révélé la présence d’au moins un résidu de pesticide au-delà des limites de quantifications.
Sur les 15 990 quantifications individuelles de pesticides, 38,5% sont des CMR, et 56,8% des perturbateurs endocriniens suspectés. "Au total les résidus de pesticides étant CMR et/ou PE suspectés représentent plus des 3/4 des quantifications de résidus de pesticides : 78,5% des quantifications de résidus de pesticides (et 56,8% des molécules)", détaille-t-elle.
Si les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont encore mal connus, ils inquiètent : "Etant donné le potentiel d’action à faible dose sur le long terme des perturbateurs endocriniens, Générations Futures considère ces données comme inquiétantes, car elles attestent d’une exposition continue à des faibles doses de ces PE par l’eau de consommation."
C’est la raison pour laquelle l’association interpelle le gouvernement.
Eau du robinet : un appel à une réduction de l’usage des pesticides lancé
Au sein des dix molécules les plus quantifiées, on en retrouve sept interdites depuis les années 2000 : le métolachlore et l’atrazine, des herbicides, ou encore l’oxadixyl, un fongicide, en font partie.
"Nous interpellons donc le gouvernement afin qu’une politique efficace de suppression rapides des plus nocifs et de réduction de l’usage des pesticides soit enfin appliquée après les échecs des premiers plans Ecophyto", indique François Veillerette. "Elle est d’autant plus indispensable que la Commission européenne vient à son tour d’appeler à une réduction de 50% de l’usage et des risques liés aux pesticides (d’ici 2030 Ndlr). Le temps n’est donc plus aux tergiversations, mais à une action résolue pour sortir les agricultures françaises et européennes de leur dépendance aux pesticides de synthèse", ajoute-t-il.
De son côté, le ministère de la Santé assure que la quasi-totalité des situations de dépassement de la limite de qualité en 2018 a été réduite en concentration et/ou dans le temps. Elle ne nécessite donc pas de restreindre la consommation d’eau du robinet.