De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
La mort fait partie de la vie, et pourtant, il est rare que l’on en parle vraiment. A tel point que le sujet cristallise souvent de nombreuses angoisses. Qu’il s’agisse de notre propre fin, de celle de nos proches, ou encore de la question du deuil, on connaît finalement assez peu de choses sur cet étrange phénomène, pourtant inévitable.
C’est dans ce sens que Sarah Dumont a fondé il y a quelques années le site Happy End, une plateforme spécialisée dans l'accompagnement de la fin de vie, de la mort et du deuil.
“Pour mieux accompagner le grand public face à la mort, à travers un site d’information, un annuaire qui référence les professionnels qui peuvent aider, avant, pendant ou après le décès, mais aussi en organisant des évènements autour du deuil et de la fin de vie”, nous explique t-elle.
Des évènements, et notamment, des “Apéros de la mort”, que Sarah Dumont a lancés dès 2018. “J’ai voulu m’inspirer des cafés mortels, initiés par Bernard Crettaz, un anthropologue suisse, et qui sont des rencontres organisées dans des cafés pour le grand public pour libérer la parole sur la mort”.
Fin de vie, mode d’emploi
Le principe est simple : des gens s’inscrivent et se rencontrent dans un lieu convivial, comme un café ou un restaurant, et abordent ensemble toutes ces questions, sans tabou.
“Il y a un besoin de parler de la mort, mais pour autant, on est tous très mal à l’aise vis -à -vis de ce sujet”, note Sarah. “Il peut y avoir une forme de superstition à en parler, ou simplement, on ne sait pas quoi faire face, par exemple, à un proche qui a perdu quelqu’un. Avant, nous veillions les morts, il y avait des cortèges funèbres, tout un cérémonial que nous avons perdu au fil des années et, de ce fait, il est de plus en plus compliqué de vivre intiment ce moment, de savoir comment se comporter. On a perdu le mode d’emploi."
Ces Apéros veulent débroussailler le terrain méconnu de la fin de vie, et aborder des sujets comme la préparation des obsèques, l’angoisse de la mort, et le deuil...
“Apéros de la mort” : comment se déroulent les rencontres ?
A ce titre, nous explique Sarah Dumont, 70% des participants sont des personnes qui ont perdu un proche. Et ils se sentent souvent très seuls. “Il y a une injonction de la société à aller mieux, même dans le cadre d'un deuil, et ces personnes parfois se font dire qu’au bout de 6 mois, elles devraient aller mieux, ce qu'elles ne comprennent pas”, poursuit la fondatrice de Happy End. “Les Apéros de la mort leur offrent un espace sécurisé pour parler de tout ça, souvent en compagnie de personnes qui traversent la même épreuve, et donc, comprennent”.
Mais il n’y a pas que des endeuillés autour de la table lors de ces rencontres. “On retrouve des personnes qui se questionnent, des angoissés de la mort, des gens terrifiés à l’idée que leurs parents décèdent, ou des personnes qui trouvent que la mort est trop taboue dans notre société… Tous les âges, et toutes les catégories sociales sont représentées”, assure Sarah Dumont.
Les rencontres sont organisées et animées par deux ambassadeurs Happy End, dont l’un d’eux est spécifiquement formé aux questions de deuil, pour assurer un encadrement de qualité.
“Quand on ouvre l’apéro, il n’y a pas de thème, le moment se construit à partir de la parole qui émerge. Aucun apéro ne se ressemble ! Les gens peuvent parler par exemple d'accompagnement de fin de vie, des mots à employer pour parler de la mort à son enfant…C’est souvent un échange à bâtons rompus”, raconte Sarah.
“Apéros de la mort” : “On se sent très vivant après!”
Le but des Apéros de la mort, c’est aussi d’arriver à aborder la mort sans tomber dans le morbide. “Le fait que cela soit organisé dans des cafés, avec des gens qui consomment des verres ou des planches, ça rend le moment convivial. Il y a toujours des rires et des larmes aux apéros finalement, mais à la fin, on ressort apaisé, moins plombé. On se sent très vivant, en fait, de pouvoir s’autoriser cette parole dans une société qui condamne au silence sur ces questions là, c’est libérateur et très bénéfique”, confie l’entrepreneuse.
A tel point que certaines personnes ont fait de cette rencontre un rendez-vous presque immanquable. “Une maman est notamment venue plusieurs fois, elle avait perdu sa fille de 16 ans, et on a constaté au fil des mois son évolution, elle s’ouvrait petit à petit à la vie, elle se sentait plus légère”, raconte Sarah.
Aux Apéros de la mort, tout le monde a sa place, assure la fondatrice. “On n’a pas besoin d'avoir déjà été confronté à la mort pour venir. Les gens qui viennent avec une curiosité sans avoir connu le deuil vont justement se nourrir du ressenti des endeuillés, et cela leur permettra de mieux comprendre, de mieux se comporter face à ces questions”.
Les Apéros de la mort ont lieu tous les mois et demi dans 10 villes françaises ou par visioconférence.
“Nous avons aussi 3 nouveaux concepts d’apéros spécifiques : "Petites veuveries entres amies", pour les femmes au veuvage précoce, "Les orphelinades", destinés aux orphelins jeunes adultes, et le "Café des signes", pour parler de la vie après la mort. Nous cherchons aussi des ambassadeurs pour animer toutes ces rencontres”, complète Sarah Dumont.
Toutes les informations sont sur le site Happy End.