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Aides sociales, salaires... Le coût de l'immigration peut parfois sembler exorbitant. Un récent rapport fait le point.
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Coût de l’immigration : un nouveau rapport pose question

Interventions de secours en mer, camps de migrants, volonté de renforcer les frontières européennes… A travers de nombreux sujets, l’immigration s'impose quotidiennement dans le débat public. Ceux qui tirent la sonnette d’alarme utilisent souvent les mêmes arguments : les migrants plombent l’économie, ils tirent la croissance vers le bas, il n’y a pas assez de travail pour eux, ils coûtent cher aux contribuables…

Pourtant, un rapport de Citi (première banque mondiale) et de l'Oxford Martin School met en lumière la contribution de l’immigration à la croissance économique des principales économies de l’OCDE. L’étude, intitulée Migration et économie: réalités économiques, impacts sociaux et choix politiques  et publiée ne septembre dernier souligne notamment l’impact sur le PIB des pays d’accueil.

Sans flux migratoires entre 1990 et 2014, le PIB réel du Royaume-Uni serait moins important de près de 200 milliards d’euros (175 milliards de livres sterling), indique le document. Un constat partagé pour l'Allemagne : sans l’apport des immigrés le PIB réel du pays dirigé par Angela Merkel serait inférieur de 155 milliards d’euros en 2014.

Des sommes non négligeables. Cependant, la situation est-elle la même pour la France ? Alexandre Delaigue, professeur agrégé d’économie à l’université de Lille, fait le point avec Planet sur les idées reçues et les réalités économiques.

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Coût de l’immigration : quelle réalité pour le contribuable ?

Le rapport Migration et économie semble indiquer que l’immigration est foncièrement bénéfique pour l’économie. Mais ces apports à l’économie générale profitent-ils au citoyen lambda ? Est-il possible de chiffrer le coût ou le bénéfice des flux migratoires par Français ?

"En France, il n’y a pas énormément de données sur le sujet. Le constat empirique des économistes pour l’essentiel est de dire que les effets sont très faibles, voire pour certains légèrement positifs", non sans présicer que, par Français "les flux migratoires ont un effet neutre, voir modérément positif. Toutefois, il est difficile de résumer tous ces éléments en un seul chiffre."

Il existe des exemples concrets de ces apports favorables aux contribuables, explique le professeur : "Avec un afflux de femmes de ménages étrangères ou d’ouvriers agricoles, les services ou les produits qui en découlent verront leur prix diminuer. Mécaniquement, il y a une augmentation de salaire du fait de cette baisse des tarifs". 

Certes, il existe des études sur le sujet susceptibles de dire le contraire. Cependant, l’économiste met en garde sur ces travaux : "En France, plusieurs enquêtes très partisanes ont été réalisées sur l’immigration. Le problème dans ce cas-là, c’est que, par exemple, on occulte les apports pour ne se focaliser uniquement sur les coûts. Cette méthodologie n’est pas scientifique."

Coût de l’immigration : quels impacts sur les aides sociales ?

Les détracteurs de l'immigration rappelent souvent que le contribuable ne souhaite pas supporter le coût des prestations sociales dont les migrants peuvent bénéficier. Toutefois, d'après le rapport de Citi et de l'Oxford Martin School, "les migrants consomment moins d'aide sociale et reçoivent moins d'argent public que les résidents autochtones".

"Les flux migratoires sont majoritairement composés par une population masculine de 20 à 40 ans. Ils arrivent donc à l’âge actif. N’étant plus des enfants et pas encore des retraités, ils ne sont pas dépendants et donc exercent une ponction sociale moins importante", explique en effet Alexandre Delaigue. Il poursuit : "Il y a donc un effet positif sur les comptes sociaux dû au fait que les immigrés arrivent en phase active."

Cette population active a également le bénéfice d’augmenter le ratio actifs/personnes à charges au sein des économies, selon l’étude. "Si on ne compense pas la population vieillissante par des flux migratoires de personnes actives, notre système social va se dégrader. En théorie, il faudrait 20 millions d’immigrés pour maintenir le système des pensions de retraites dans sa forme actuelle... Ce qui n'est aps prêt d'arriver", analyse le professeur d’économie. Et l'économiste de conclure sur l'apport  "modérément positif sur notre système social".

Coût de l’immigration : les salaires en danger ?

Autre crainte souvent abordée : celle du dumping social. En effet, les migrants seraient instrumentalisés pour tirer les salaires vers le bas. Certains ont également peur de les voir occuper des emplois à la place des natifs. 

En réalité, sur le marché du travail, il y a deux catégories d’effets constatées : la complémentarité et la substituabilité. Le premier consiste à employer des immigrés dans des secteurs en pénurie, ce qui permet la création de postes dans des secteurs dans lesquels les natifs plus souvent employés. La substituabilité correspond à la situation dans laquelle les migrants remplacent les travailleurs nationaux.

"Quand la balance penche ne faveur de la complémentarité, on observe un effet positif sur les salaires et les offres d’emplois. Dans le cas inverse, on risque une baisse des salaires et une pression sur le marché du travail", détaille l’économiste. Puis il précise : "En pratique, ces deux effets se déroulent en même temps et se compensent. L’effet sur les salaires et sur les emplois des natifs est donc soit négligeable, soit légèrement positif."

L’enseignant admet tout de même un léger effet négatif sur les salaires dont font état certains de ses confrères. "Un économiste américain défavorable à l’immigration a mené une étude aux Etats-Unis. Pour la catégorie des bas salaires, l’impact négatif sur leur paie est inférieur à 1% sur 15 ans. Autrement dit, au lieu d’avoir 5% d’augmentation au bout de 15 ans, ils n’en n’ont que 4%. C’est donc un effet extrêmement modéré pour l’étude la plus négative", tempère-t-il néanmoins.

"Certes, l'immigration peut engendrer une hausse du taux de chômage car le nombre de travailleurs potentiels s’accroit mais il n’y a pas d'impact sur les actifs déjà en recherche d'emploi. Ces derniers ne seront pas au chômage plus longtemps du fait de l’immigration", poursuit le professeur à l'Université de Lille. En outre, le rapport souligne également que les migrants sont aussi souvent des créateurs d'entreprise et donc d'emplois.