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L'Education nationale connait-elle les prémisces d'une crise ? Le secteur entame en tout cas une remise en question à marche forcée. Gabriel Attal a reconnu lundi 25 septembre "une erreur, une faute" après l'envoi à certains parents par l'académie de Versailles de courriers menaçants de poursuites judiciaires, en réponse à leurs inquiétude pour des violences sur leurs enfants. "Ces familles n’auraient pas dû recevoir ces courriers", a assuré le ministre de l'Education nationale, devant le rectorat de Versailles. Selon lui, sur l'année scolaire 2022-2023, "120 courriers dits de réprobation" ont été envoyés par le rectorat de Versailles à des parents d'élèves. "55 semblent poser question" en ce qu'ils auraient menacé les parents de poursuites en justice alors que la famille alertait de faits inquiétants tel que le harcèlement à l'encontre de leurs enfants. Le ministre a dit attendre encore des investigations complémentaires pour faire la lumière sur ces dysfonctionnements.
Un plan de lutte contre le harcèlement
Gabriel Attal a indiqué, lundi, à Versailles, vouloir renforcer les moyens des rectorats avec "des personnels dédiés" à la lutte contre le harcèlement. "La situation ne se gère pas avec des courriers, mais avec de l’humain", assure le ministre. Une prise de parole qui précède de quelques heures la présentation par Elisabeth Borne ce mercredi 27 septembre d'un plan interministériel de lutte contre le harcèlement. Parmi les pistes explorées : la confiscation du téléphone portable des élèves harceleurs, leur bannissement des réseaux sociaux, l’envoi d’un questionnaire à tous les élèves pour détecter " les signaux faibles", des cours d’empathie à l’école primaire ou le renforcement du programme pHARe (programme de lutte contre le harcèlement à l’école) en cours de généralisation dans les établissements scolaires.
Le rectorat a menacé de poursuite pour dénonciations calomnieuses
La visite de Gabriel Attal à Versailles fait suite à la révélation par BFMTV d’un courrier au ton menaçant envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas, un adolescent qui s’est suicidé, début septembre, à Poissy, dans les Yvelines. Alors que la famille demandait que des "actions" soient prises contre le harcèlement subi par la victime, le rectorat avait répondu en mentionnant dans son courrier l'article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses, rappelant qu'elles sont punies de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Il enjoignait alors les parents "d'adopter désormais une attitude constructive et respectueuse envers les membres de la communauté éducative" tout en parlant de harcèlement "supposé".
Une "lettre-type" aux parents
"[Les] parents envisageaient manifestement de porter plainte contre le chef d’établissement. En matière de protection fonctionnelle, c’est-à-dire l’assistance juridique et la prise en charge des frais d’avocat, un courrier de réprobation est adressé par le rectorat aux parents qui menacent un membre du corps enseignant", a répondu l’ancienne rectrice dans un entretien au Parisien. Une "lettre type" a donc été envoyée. de Versailles. Dans la foulée, une autre lettre du rectorat a été décriée par le père d'une adolescente victime d'attouchement. "Nous ne sommes toujours pas à la hauteur" a asséné Elisabeth Borne.