Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
La honte recule. Qu’il s’agisse de pratiques diverses, heureuses, consenties et assumées, ou bien, sur un autre plan, de violences et d’actes subis, ce qui a trait à la sexualité se révèle bien moins tabou en France qu’il y a vingt ou trente ans. Cela ne relève pas que d’une simple impression, des données très précises le confirment. L’étude Contexte des sexualités CSF-2023, l’une des enquêtes les plus ambitieuses en la matière, dont les premiers résultats ont été dévoilés par l’Inserm ce 13 novembre le confirment. Impliquant plus de 31 000 personnes, cette enquête a représenté plus de “65 000 heures de travail” pendant cinq ans. Et elle n’est pas terminée. Il s’agit de la quatrième enquête du genre menée en France, les précédentes éditions datant des années 1970, de 1992 et de 2006. Dans cette dernière mouture, de nouvelles tranches d’âge ont été ajoutées. Désormais, les 69-89 ans sont inclus, signe que la sexualité des seniors est non seulement reconnue comme une réalité, mais qu’elle devient un objet d’études.
Des violences dont on parle davantage
L’une des leçons les plus marquantes de cette étude concerne les violences sexuelles, notamment celles subies par les femmes. Ainsi, u ne Française sur cinq de 60 à 69 ans dit avoir déjà subi des violences sexuelles au cours de sa vie, dont 5,2% dans l’enfance. Elles sont plus d’un tiers dans les générations précédentes.
Tous âges confondus, les femmes sont 29,8% à déclarer avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé au cours de leur vie. Elles étaient 15,9% dans ce cas en 2006. De leur côté, les hommes sont désormais 8,7% à déclarer avoir déjà subi des rapports sexuels violents. Ils étaient deux fois moins nombreux aux débuts des années 2000.”Ces évolutions peuvent traduire à la fois une augmentation de la capacité à qualifier les faits de violence et une augmentation de la fréquence de tels événements, mais aussi une plus grande facilité à les évoquer dans le cadre d’une recherche”, commentent les auteurs de cette étude.
Le plaisir après 80 ans
Autre point notable : la sexualité à un âge avancé. Celle-ci se poursuit, évidemment. Les rapports sexuels, en particulier, se maintiennent après 50 ans, surtout chez les personnes en couple et dans une plus grande proportion chez les hommes - 73.8% disent avoir eu un rapport au moins une fois dans l’année qui précède l’enquête - que chez les femmes (56,6%).
La satisfaction tend à décliner avec l’âge, mais les femmes sexuellement actives sont relativement plus nombreuses à éprouver du plaisir, toutes proportions gardées. Par exemple, près de 40% des hommes de 80 à 89 ans disent avoir eu au moins un rapport au cours des 12 mois précédant l’enquête et parmi eux, seuls 27,7% s’en sont dits satisfaits. Les femmes étaient beaucoup moins nombreuses à avoir eu un rapport (ou du moins à le dire): 10,9%, mais une très grande partie d’entre elles (8,9% des femmes de cet âge) ont fait part de leur satisfaction.
Plus de partenaires
Une autre leçon concerne le nombre de partenaires. Dans toutes les générations et quel que soit le genre de la personne qui répond, celui-ci augmente. Chez les femmes de 60 à 69 ans, le nombre moyen de partenaires déclaré passe de 1,8 en 1992 à 6,1 en 2023. Ce qui signifie qu’en moyenne, les femmes de cette tranche d’âge disent avoir connu environ 6 partenaires sexuels. Les hommes, eux, en déclarent beaucoup plus. Les plus “volages” sont les hommes de 50 à 59 ans qui déclarent en moyenne avoir eu des relations sexuelles avec 18 personnes différentes au cours de leur vie.
L’homosexualité, mieux acceptée par les femmes
Par ailleurs, si l’homosexualité est, en règle générale, bien mieux acceptée que par le passé, elle l’est davantage par les Françaises que par les Français. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à estimer que l’homosexualité est une sexualité comme une autre: 69,6 % des sondées vont dans ce sens contre et 56,2 % chez les hommes. Près de 8 femmes sur 10 assurent même qu’elles n’auraient aucun problème à accepter l’homosexualité de leur enfant, alors que ce n’est le cas que pour les deux tiers des hommes.
Enfin, les pratiques sexuelles elles-mêmes, ou du moins ce qu’en disent les Français, ont, elles aussi, évolué. Les détails dans le diaporama ci-dessous.