Affaire Fiona : l'intime conviction des enquêteursAFP
Depuis le 1er décembre 2020 se tient le procès de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, jugés pour avoir tué Fiona Chafoulais, âgée de cinq ans au moment des faits. Si la mère et le beau-père de la victime assurent ne pas savoir où se trouve la dépouille de l'enfant, les enquêteurs ont un tout autre avis sur le sujet...
Sommaire

Repoussé à deux reprises, le quatrième procès concernant l'affaire Fiona se tient à la cour d'assises du Rhône, à Lyon. Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés pour le meurtre de Fiona Chafoulais, âgée de cinq ans au moment des faits. Plus précisément, l'ex couple est accusé d'avoir porté des coups mortels aggravés à la fillette dont ils étaient respectivement la mère et le beau-père. Commencé le 1er décembre 2020, le procès est supposé s'achever le 18 du même mois. 

Quand Fiona disparaît, le 12 mai 2013, sa mère met tout en oeuvre pour faire croire à un enlèvement. Sur les écrans de TF1, de France 3 ou encore de M6, Le Parisien se rappelle des larmes de Cécile Bourgeon. Devant le parc Montjuzet à Clermont-Ferrand, la femme supplie qu'on l'aide à retrouver sa petite fille et donne avec précision chaque détail des circonstances de la prétendue disparition.

Affaire Fiona : la dépouille de l'enfant au coeur de l'enquête

Quelques mois plus tard, le 25 septembre de la même année, la mère de l'enfant passe finalement aux aveux. Elle explique que son compagnon de l'époque, Berkane Makhlouf, s'est mis en colère contre Fiona un après-midi. Il lui aurait mis une claque, provoquant un bleu sur le côté gauche du visage de l'enfant. Le soir, au moment de dormir, Fiona se serait levée pour vomir. Elle aurait souffert de nausées, de douleurs abdominales et de vomissements avant de succomber.

Après la mort de la fillette, le couple aurait inhumé la dépouille dans la forêt du lac d'Aydat, en Auvergne. C'est, en tout cas, ce qu'il prétend... Lors du second jour du procès, la localisation du corps de l'enfant est évoquée, et remise en question. D'après France 3, Cécile Bourgeon a été formelle. "J'en suis sûre, c’est une certitude. Si je peux être affirmative sur une chose, c’est celle-là", a assuré la prévenue. Maître Portejoie, avocat de la mère de Fiona, explique que cette déclaration est "une des rares constantes du dossier". Selon lui, "ils ont toujours indiqué avoir enterré la petite Fiona dans des conditions un peu particulières ce dimanche 12 mai dans les alentours d’Aydat sans être plus précis". 

Vidéo du jour

Toutefois, les enquêteurs sont sceptiques. Selon eux, la vérité est toute autre...

Affaire Fiona : "Ils se sont peut-être débarrassés du corps en le jetant à la poubelle"

Le commissaire François Bernard, ancien directeur du SRPJ (Service Régional de Police Judiciaire) de Clermont-Ferrand, émet un doute sur la sincérité des deux prévenus. D'après lui, les accusés mentent sur la localisation de la dépouille de Fiona. "Ils ont décidé de mentir de manière jusqu'au-boutiste pour dissimuler quelque chose qui n’est pas avouable. Ce que je pense aujourd'hui, c'est qu'ils se sont peut-être débarrassés du corps en le jetant à la poubelle", déclare-t-il. 

De son côté, le commissaire Clément Maurice a la même conviction. "Fiona n'a jamais été enterrée dans ce secteur du lac, c'est impossible", assure-t-il dans les colonnes du Parisien. Selon lui, la dépouille de Fiona a été jetée à la poubelle "pour éviter un constat médico-légal sur les coups reçus par l'enfant". Une théorie alimentée, entre autres, par les autres mensonges du couple...

Affaire Fiona : "Une manoeuvre de plus pour apporter de la véracité à leurs mensonges"

Les premiers mois de l'enquête ont été le théâtre d'un tissu de mensonges et de manipulations de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf. De quoi mettre à mal leur crédibilité auprès des enquêteurs. Entre autres, François Bernard se souvient d'un énième mensonge du couple alors que la brigade cynophile cherchait l'enfant. La mère de Fiona aurait en effet donné à ladite brigade la peluche de la disparue, qui était en réalité le doudou de sa petite soeur Eva. L'objectif ? Tromper le flair des chiens policiers et empêcher que le corps soit retrouvé. "Une manoeuvre de plus pour apporter de la véracité à leurs mensonges, ils se sont acharnés à ça", se rappelle François Bernard.

Par ailleurs, lors de l'enquête, un voisin du couple a affirmé avoir vu Berkane Makhlouf jeter un grand sac poubelle dans un contenaire le soir où la fillette est morte. Une théorie réfutée par les deux accusés. La vérité triomphera-t-elle enfin à la suite de ce quatrième procès ?