Quelques heures après l’annonce du verdict dans l’affaire des viols subis par Gisèle Pelicot pendant près de dix ans, de nombreuses personnalités françaises et internationales se sont exprimées sur le...
Le procès dit des viols de Mazan touche à sa fin. Ce jeudi 19 septembre 2024, les 51 hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pélicot ont été déclarés coupables par la cour criminelle du Vaucluse . Parmi eux, son mari, Dominique, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Ses co-accusés, eux, ont écopé de peines allant de 3 à 15 ans de prison.
Devant le palais de justice d'Avignon, de nombreuses personnes sont réunies pour attendre le verdict. Au milieu de la foule, nous avons rencontré trois femmes qui ont confié être devenues amies sur les bancs du tribunal. "Nous sommes là depuis l'ouverture du procès. Chaque jour, à six heures du matin. Nous n'avons manqué aucune séance", nous expliquent Jeanne, Christine et Nicole*.
Une amitié née d'un besoin de justice
Pendant trois mois et demi, elles se sont retrouvées au même endroit, à la même heure, pour partager leur sentiment d'injustice. Que ce soit dans la salle de retransmission de l'audience ou à l'extérieur du bâtiment, les rares fois où elles n'ont pas pu entrer.
Pour ces trois retraitées, assister aux débats ne relevait pas de la curiosité, mais d'une nécessité de soutenir la victime... Et de se soutenir entre femmes. Nicole confie avec gravité : "Nous voulons être témoins de l’Histoire, mais avant tout, apporter notre soutien à Gisèle Pélicot". Alors que chaque journée était un marathon émotionnel, pavé de révélations insoutenables, l'ampleur de cette affaire les poussait à être là les unes pour les autres.
Les témoins privilégiées d'un procès historique
Jour après jour, Jeanne, Christine et Nicole se retrouvent avant l'ouverture du tribunal. Si elles ne peuvent pas entrer dans une salle de retransmission, elles patientent ensemble, et nouent une amitié où la sororité tient une place primordiale. Au 2 boulevard Limbert, les trois femmes semblent connaître tout le monde, et ont tissé des liens avec celles et ceux qui gravitent autour du procès. Elles saluent les manifestantes, sont familières avec les forces de l'ordre, et échangent quelques rires avec les agents de sécurité. Leur implication semble reconnue : lors d'un mouvement de foule, elles sont exceptionnellement autorisées à rester sur le parvis en attendant le délibéré, un privilège pourtant réservé à la presse.
Leur assiduité leur a conféré un regard très aiguisé sur le procès, mais aussi sur son traitement médiatique. "Les journalistes prennent beaucoup de place, ils nous bousculent pour faire LA meilleure photo de Gisèle Pélicot. Certains réservent des places et ne viennent même pas, d’autres jouent sur leur téléphone au fond de la salle d'audience...", s'exaspère Christine, agacée. Une critique fondée, à en juger par la horde de photographes prêts à tout pour saisir un cliché de la victime quelques minutes avant son entrée dans le tribunal. Un journaliste fait tomber sa caméra au sol. Jeanne laisse échapper un soupir. Face à ce constat amer, les trois femmes préfèrent rester impassibles, conscientes de l'importance historique de l'événement auquel elles prennent part. Ce qui a commencé par une démarche individuelle s'est métamorphosé en véritable aventure collective. Elles se projettent déjà dans l'après-procès : "Nous continuerons à nous voir après le verdict. Si certains accusés font appel, nous avons prévu de faire du covoiturage pour assister aux audiences ensemble". Leur amitié, forgée dans l'épreuve, semble prête à résister au temps, au-delà des murs du palais de justice. Ensemble, elles incarnent une humanité chaleureuse qui refuse de se laisser submerger par l'horreur. *Les prénoms ont été modifiésUn traitement médiatique qui dérange
L'après-procès déjà envisagé