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Victime de vol d'identité, il reçoit plus de 45 amendes en quelques moisIllustrationIstock
Un étudiant Lyonnais de 22 ans est victime d'une usurpation d'identité dans les TER. Il a reçu plus de 45 amendes en quelques mois. Il témoigne auprès du Parisien.

1 260 euros. C’est le montant saisi le 3 juin 2024 sur le compte de Vincent Colomb, un étudiant de 22 ans, par la Trésorerie Lyon-Amendes pour régler des contraventions reçues dans des TER.  “Ce jour-là, je reçois un courrier de ma banque (un avis de tiers détenteur) qui m’informe que j’ai été saisi d’une somme d’argent sur mon compte”, explique le jeune homme au Parisien.

Pourtant, l’étudiant en master 2 de marketing à Lyon et alternant dans une entreprise de formation en ligne n’a jamais effectué ces trajets, puisqu’il ne prend tout simplement pas le train pour se rendre à l’école ou à l'entreprise. Étonné et préoccupé par cette dette dont il ignore l’origine, Vincent se rend dès le lendemain à la trésorerie située près de la Part-Dieu, dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon. 

Sur place, il découvre que cette somme résulte de plusieurs dizaines d’amendes forfaitaires délictuelles, émises pour absence de titre de transport à bord de trains régionaux circulant dans le Rhône. Et sur place, l’escroquerie est rapidement débusquée.

Des trajets qu’il n’a jamais effectué

En effet, l’adresse communiquée aux contrôleurs de la SNCF par un individu se faisant passer pour Vincent Colomb est située à Roches-de-Condrieu, une commune située au sud de Vienne, dans l’Isère. Or, cette adresse ne correspond en rien à celle du véritable Vincent qui réside lui à Villeurbanne dans le Rhône. 

En revanche, l’usurpateur a bien fourni sa véritable date de naissance, ce qui éveille les soupçons de la victime et le pousse à se rendre sur place pour en savoir plus. “L’adresse donnée mène à une maison abandonnée, sous le coup d’un permis de démolir”, explique-t-il. Cela explique pourquoi le jeune homme n’a jamais reçu les courriers de relance de la part de la SNCF et le montant exorbitant réclamé, à raison de 100 euros par amende, portée à 180 euros une fois majorée. 

Plus de 9 000 euros d’amende

En consultant le relevé transmis par la Trésorerie Lyon-Amendes, Vincent Colomb découvre avec stupeur que la toute première contravention remonte au 24 septembre 2022. Depuis cette date, plus de 45 procès-verbaux ont été dressés, tous émis dans différents TER de la région lyonnaise. La somme totale dépasse désormais les 9 000 euros.

Désabusé, Vincent raconte : “Cette personne prend sans arrêt le train. Chaque semaine, j’appelle le service des réclamations pour contester une nouvelle amende afin qu’elle ne soit pas majorée. Je dois leur fournir systématiquement une attestation de mon employeur et de l’école. C’est très lourd à gérer !”

Une situation qui pèse sur le quotidien du jeune homme qui aimerait mieux se concentrer sur la rédaction de son mémoire de fin d’études. Il a déjà déposé trois plaintes contre X pour usurpation d’identité, mais aucune avancée concrète ne se profile. “Les policiers nous disent que c’est à la SNCF de faire le travail. Et à la SNCF, on nous répond qu’il n’est pas possible de retrouver cette personne”. 

Depuis, le procureur de la République a décidé de classer l’affaire, faute d’avoir identifié l’auteur des faits. “Dès lors que la personne n’est pas interpellée, le parquet de Lyon (Rhône) ne peut rien faire, si ce n’est intervenir auprès de la SNCF”, explique son avocat, Me Gabriel Versini-Bullara qui a adressé une lettre à Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, dans l’espoir de débloquer la situation. “L’auteur des délits, je ne pense pas qu’il soit si inconnu que ça des contrôleurs de la SNCF, parce que cela fait des mois et des mois qu’il fait les mêmes trajets en train”, ajoute-t-il. Pourtant, sa lettre est restée sans réponse.