Retraite : comment obtenir un crédit immobilier après 65 ans ?IllustrationIstock
Vous souhaitez acquérir une résidence secondaire après avoir travaillé toute votre vie ou tout simplement quitter la ville et son agitation pour couler une douce retraite ? Il est tout à fait possible d'obtenir un crédit immobilier après 65 ans et même plus tard. Entretien avec Laura Martino, Directrice des partenariats bancaires chez le courtier CAFPI.
Sommaire

La crise de l'immobilier se poursuit. Toutefois, la courbe haussière continue des taux des crédits immobiliers depuis le début de la guerre en Ukraine s'est inversée et les banques ont recommencé à accorder des crédits pour devenir propriétaire. Les conditions se sont aussi assouplies.

Les conditions d'emprunt après 65 ans

Mais quand on a 65 ans, que l'on est à la retraite, on ne peut pas être certain d'avoir 20 ou 25 ans devant soi pour rembourser les mensualités. Alors, comment faire pour obtenir un prêt pour acheter sa résidence secondaire à la mer et accueillir la famille en vacances, ou quitter la ville pour se la couler douce loin de son agitation ?

Laura Martino, Directrice des partenariats bancaires chez le courtier CAFPI, répond à nos questions.

Les conditions d'emprunt après 65 ans

Vidéo du jour

Crédit photo : CAFPI/Laura Martino

Planet.fr : Est-il compliqué d'obtenir un prêt immobilier après 65 ans ?

Laura Martino : Non, le crédit n'est pas du tout fermé aux plus de 65 ans. Ces cas représentent, en 2024, 3% des dossiers chez CAFPI pour le courtage. Mais les conditions d'obtention des fonds sont tout de même conditionnées à l'âge des emprunteurs en fin de prêt, ainsi qu'à leur patrimoine (immobilier, financier...). Il faut par exemple savoir que les banques traditionnelles refuseront généralement d’octroyer des prêts qui prennent fin après les 75 ou 80 ans des emprunteurs, afin de limiter leur risque.

Planet.fr : Quelles sont ces conditions si l'on est éligible selon les critères de ces banques ?

Laura Martino : Les banques traditionnelles ne prêteront que sur une durée courte à partir de 65 ans, soit 10 à 15 ans maximum, afin de ne pas dépasser leurs critères d’âge maximum de fin de prêt. Cela va donc réduire drastiquement la capacité d’emprunt des demandeurs, dont la mensualité maximale de remboursement est limitée par le taux d’effort maximum de 35% fixé par le HSCF (Haut Conseil de Stabilité Financière), surtout en cas de faible apport. 

Des garanties obligatoires

Planet.fr : Comment obtiennent-elles des garanties en cas de décès prématuré par exemple ?

Laura Martino : Tout simplement grâce à l'assurance de prêt, dont le montant, dans cette tranche d'âge, dépend aussi de mulitples facteurs comme l'état de santé. Elle peut toutefois représenter un fort surcoût pour une population plus âgée. Les dossiers peuvent alors être bloqués par le taux d’usure, taux maximum auquel peuvent prêter les banques et qui intègre le coût de l’assurance... Mais il existe des établissements spécialisés pour ce genre de montages de crédits, et qui proposent des offres plus souples et adaptées à ces populations séniors.

Planet.fr : Expliquez-nous ?

Laura Martino : Ils surfent sur la silver economy en lançant des offres dédiées, sanscontreparties bancaires et avec des assurances facultatives. Ils sont spécialisés dans les prêts hypothécaires qui peuvent financer 100% de l’acquisition et aller jusqu'à 95 ans en fin d'échéance. Les taux sont plus élevés, entre 4,30 et 5% environ au lieu de 3,70% en moyenne actuellement pour un crédit classique sur 25 ans.  La souscription a une assurance est facultative, donc hors TAEG, et l'organisme prend en garantie hypothécaire le bien immobilier, sansrecourir à un organisme de caution mutuelle type CECG ou Crédit Logement pour couvrir les impayés. En cas de décès, la régularisation se fera lors de la succession.

Des montages favorables à l'approche de la retraite

Planet.fr : Et les plus séniors plus jeunes, peuvent-ils profiter de montages de la part de ces établissements spécialisés ?

Laura Martino : Oui. Par exemple, nous négocions avec eux des crédits in fine (on ne paie régulièrement que les intérêts et on règle le solde à échéance du crédit) pour des personnes proches de la retraite qui ont un patrimoine immobilier existant et libre de dette et qui veulent partir en province. La banque ou l'établissement peut alors prêter jusqu’à 60% du prix du bien actuel pour investir immédiatement dans un bien qui deviendra la résidence principale de l’acquéreur une fois à la retraite. Le client rembourse en 5 à 10 ans notamment grâce la revente de celui qu'il quitte. C'est un crédit relais, sec là aussi.

Planet.fr : Un dernier conseil ?

Laura Martino : Nous pouvons aussi accès capitaliser sur de l’épargne bloquée détenue par nos clients pour bénéficier de solutions de crédits vraiment intéressantes. Les emprunteurs peuvent ainsi augmenter leur capacité d’emprunt en se servant de cette épargne (une assurance vie, un PEA...) comme garantie complémentaire pour la banque, qui peut prêter jusqu’à 90% de ces sommes en plus.