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Retraite : combien avez-vous perdu par rapport à vos anciens ?
Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron… Nombreux sont les hommes politiques à avoir touché - ou à vouloir le faire - à ce sujet sensible que peut-être l’âge de départ à la retraite. Une ambition qui, à en croire la dernière enquête menée par l’OCDE, pourrait s’être avérée néfaste pour bien des Françaises et des Français ayant mis fin à leur activité professionnelle. Ce qui ne signifie pas, souligne Capital d’entrée de jeu, que ces multiples réformes ont desservi les finances de l'État…
Si "de nombreux pays ont modifié les paramètres de leur système pour affronter les difficultés engendrées par le vieillissement de la population, en France, les reports successifs de l’âge légal de départ à la retraite n’ont pas été sans conséquence, explique le rapport de l’OCDE, dont les informations sont reprises par le mensuel. Pour pouvoir prétendre à une pension similaire, voire moins forte, les assuré(e)s doivent aujourd’hui cotiser davantage que leurs aïeuls.
Les Françaises et les Français nés en 1956 ou 1996 - dates choisies par l’organisme pour illustrer son argumentation - ont dû faire face à plusieurs hausses de l’âge de départ à la retraite et surtout à la chute drastique du taux de remplacement brut. Il a chuté de 8% entre les assurés nés en 1940 et ceux nés en 1996, ce qui confirme le problème : à cotisations égales, les "jeunes" retraités perçoivent nettement moins que leurs aînés.
C’est depuis 1956 que ce taux baisse considérablement, souligne Capital. En cause ? La réforme de 1993, d’une part, qui modifie le mode de calcul du montant de la pension en défaveur des retraité(e)s français. À l’époque, le gouvernement d'Édouard Balladur décide d’indexer le montant de l’indemnité retraite sur l’évolution de l’inflation plutôt que sur celle des salaires.
Mécaniquement, l’allongement de la durée de cotisation - chantier sur lequel planche encore le gouvernement d'Édouard Philippe - signifie aussi qu’il faut travailler plus longtemps et valider davantage de trimestre pour prétendre au temps plein. Un nouveau caillou dans la botte des assurées et des assurés.
Cette grave injustice qui touche certains retraités : l’impact des caisses complémentaires
Sans oublier, par ailleurs, l’impact du taux de rendement de la retraite complémentaire. Il s’agit du "rapport entre la valeur de service et d’achat", souligne le journal spécialisé en économie. Ce qui signifie que, depuis des années déjà, la valeur d’un point cotisé baisse. Il faudra donc en céder davantage pour accéder à une même pension, une fois la cessation d’activité en vue…
"La situation pourrait même se dégrader avec une différence de près de 23% du taux de remplacement entre les générations 1940 et 1996 si l’on avait pris pour les générations de 1996, un départ à l’âge légal à 62 ans", s’alarme d’ailleurs Hervé Boulhol, co-auteur de l’enquête avec Christian Geppert et Andrew Reilly.
Une situation d’autant plus inquiétante que l’Agirc-Arrco, principale caisse de retraite complémentaire en France, a décidé de la mise en place d’un système de bonus-malus susceptible d’amputer encore davantage la pension des retraité(e)s qui font le choix de partir dès l’âge légal… Pire ! Pour celles et ceux qui bénéficient des dispositifs favorables aux carrières longues, la décote peut s'avérer encore plus drastique, du fait d’une mauvaise communication entre le régime de base et les autres caisses de retraite.
Retraite : vers une baisse drastique du niveau de vie des assurés ?
Depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, les retraités ont été mis à contribution de nombreuses fois. Ils ont subit la hausse de la CSG - sur laquelle le gouvernement a partiellement fait marche arrière - mais aussi le quasi-gel des pensions… De quoi alimenter un certain mécontentement qu’ils n’ont pas manqué de signaler.
"L’effort demandé aux retraités n’est pas négligeable. Le gouvernement mène un rééquilibrage des solidarités intergénérationnelles intrinsèquement défavorables aux retraités. Forcément, l’impression d’être la vache à lait du gouvernement est compréhensible, mais il faut savoir raison garder", expliquait d’ailleurs à ce sujet Philippe Crevel, macro-économiste et directeur du Cercle de l’Epargne, dans nos colonnes.
Si le gouvernement s’attaque à ce point aux retraités, c’est précisément parce qu’il estime qu’ils sont en mesure d’encaisser le choc. Un constat qui n’est pas loin de la réalité pour quiconque connaît les chiffres avancés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) qui, dans son dernier rapport, précisait que le niveau de vie des retraités est statistiquement plus élevé que celui des actifs.
Une situation qui pourrait cependant ne pas durer. Le rapport annuel 2017 du Conseil d’orientation des retraites (COR) anticipe en effet une baisse considérable du niveau de vie des anciens… Dès 2030, il "devrait passer sous celui des travailleurs", avertit Philippe Crevel, non sans conclure : "Le chemin de croix pourrait donc encore durer".