Retraite : cette grave inégalité qui n'est jamais prise en compte dans les réformesIllustrationIstock
Le gouvernement d'Emmanuel Macron comme ceux des précédents présidents n'ont pas tenu compte d'une des graves inégalités qui pèsent sur les épaules de certains retraités, en pensant leur réforme. Un sujet d'autant plus grave qu'il impacte la vie des gens jusqu'à son terme.

"Régime universel ou pas, il faudra travailler plus longtemps", assénait sans ambages le président du Medef dans les colonnes du Point, début novembre. Des propos qui, venant de Geoffroy Roux de Bézieux, n'ont rien de très surprenant mais qui semble aussi coller à l'analyse que fait le Conseil d'orientation des retraites (COR). Dans un document présenté à la mi-novembre, rappelle La Dépêche, l'organisme pointe du doigt le de déficit qui grève encore le régime des retraites. Pire ! Parce que la situation devrait s'aggraver d'ici la mise en place de la réforme, le précédent système pourrait laisser une lourde ardoise à son successeur… Seule solution ? Le recul de l'âge de départ. Pour retrouver l'équilibre financier, il faudrait que les actifs ne partent pas avant 63 ans, "voire 64,3 pour la génération née en 1963", fait savoir l'organisme.

Après tout, les Françaises et les Français vivent plus longtemps, l'idée est donc pertinente. Pour Emmanuel Macron, rappelle Libération, cela relève même du "bon sens". Et il n'est pas le premier président à s'appuyer sur cet argumentaire, loin de là. C'était déjà le cas en 2011 : Le Nouvel Observateur en parlait déjà en 2011, quand François Fillon se servait de la même dialectique pour faire valoir le même raisonnement. Et pourtant… L'analyse fait l'objet de nombreuses critiques : si l'on vit effectivement plus longtemps, certains profitent davantage de cette réalité que d'autres, rappelle la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), un organisme rattaché au Ministère des Solidarités et de la Santé.

Repousser l'âge de départ à la retraite : une mesure qui pénalise davantage les classes populaires

Parmi les Françaises et les Français qui sont le plus touchés par cette réalité, on retrouve avant tout les ouvriers les employés. D'après l'Insee, qui publiait une étude sur le sujet en 2016 rappelle Libération, la différence d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre est de 7 années pleines, en moyenne. Les employés, eux, meurent 5,7 ans plus tôt en général.

Des écarts qu'on retrouve aussi chez les femmes, quoiqu'ils puissent être moins marqués. Ils oscillent entre 1,1 et 2,6 années de différence, selon le type de profession exercée.

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En pratique, la précarité joue évidemment un rôle : les 5% les plus pauvres vivent en moyenne jusqu'à 71,4 ans contre… 84,4 ans pour les hommes issus des 5% les plus riches de la population. Pour les femmes, l'espérance de vie varie de 80 ans en moyenne pour les plus démunies contre 88,3 ans environ pour les plus fortunées. C'est pourquoi repousser l'âge de départ signifie aussi mordre davantage sur le capital vie de certains Français que d'autres...