De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Une différence de traitement non sans conséquence. Le coup de pouce annoncé par Emmanuel Macron le 25 avril dernier, consistant à indexer sur l’inflation les pensions des retraités gagnant moins de 2000 euros par mois ne touchera pas tout le monde. Fonctionnaires, cadres et retraités n’ayant que leur pension comme source de revenu risquent en effet d’être lésés.
Selon le ministère de la Santé, ce seuil de revenu coïncide au montant de la retraite globale (base et complémentaire) brute. Attention toutefois, car comme l’indique Capital, la revalorisation par rapport à l’inflation concernera seulement la retraite de base.
Des différences notables
Comme exemple, le magazine prend un retraité dont la pension s’élève à 1 800 euros (1 100 euros de régime de base et 700 euros de complémentaire). D’après les prévisions de l’OCDE, l’inflation atteindra 1,8% en 2020. La pension de base de notre retraité passera ainsi au 1er janvier 2020 à 1 119,8 euros.
Gain obtenu ? 237,60 euros dans l’année contre une augmentation de 39,6 euros en 2020 si la pension de base avait, comme en 2019, été revalorisée de 0,3%.
En revanche, un retraité gagnant 2 500 euros (1 250 euros de pension de base et 1 250 euros de complémentaire) sera grandement défavorisé puisque non concerné par cette revalorisation. En 2020 sa pension de base n’accroitra que de 3,75 euros par mois, soit 45 euros annuel. Si l’indexation s’était faite par rapport à l’inflation, le gain aurait été de 270 euros par an.
Les inégalités ne s’arrêtent pas là…
Certaines sources de revenus ignorées
D’autres questions se posent. La référence choisie pour établir le seuil en-dessous duquel l’indexation se fera sur l’inflation en fait partie.
Car la mesure se base sur la pension globale brute et non sur le revenu fiscal de référence comme c’est le cas pour déterminer le taux de Contribution sociale généralisée (CSG).
Cette donnée sera tirée du répertoire des échanges inter-régimes de retraite (EIRR), gérée par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Cette base de données permet aux différents régimes de retraite de communiquer le montant des pensions qu’elles versent au moment de la liquidation de la retraite.
Les montants sont ensuite réactualisés en fonction des différentes revalorisations.
“Le problème est que ces échanges de données ne prennent pas en compte les retraites supplémentaires comme le Plan d’épargne pour la retraite collectif”, signale Claude Wagner de la CFDT retraités.
“Or on sait que de nombreux retraités ont un patrimoine immobilier important”, ajoute à Capital Vincent Touzé, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (Ofce).
Conséquences ? Des retraités ayant des pensions inférieures à 2 000 euros mais qui sont assujettis à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) peuvent bénéficier de cette mesure et voir le montant de leur pension indexé sur l’inflation.
A contrario, les personnes ayant uniquement une pension supérieure à 2 000 euros comme ressources, jouiront d’une très faible revalorisation.
Inégalités salariales en vue
“Avec un tel dispositif, les salariés du privé seront mieux traités que les fonctionnaires”, précise Christian Bourreau, président de l’Union française des retraités (UFR) au magazine.
En effet, alors que les pensions de base et complémentaire des fonctionnaires ne sont pas différenciées, un salarié du privé percevant plus de 2 000 euros pourrait voir sa retraite complémentaire revalorisée par rapport à l’inflation.
“Si cela se confirme, cette situation est difficilement acceptable”, assure le président de l’association.
Les cadres pourraient aussi être grandement lésés. Alors que leur taux de remplacement (écart entre leur dernier salaire et leur pension) est déjà bien plus bas que d’autres catégories socio-professionnelles, une majorité d’entre eux ne bénéficieront pas de la revalorisation de leur retraite de base sur l’inflation.
En vidéo : CSG des retraités : qui, comment, combien ?