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La sécurité, le confort, l'organisation, les invités… Dans "Les coulisses des voyages présidentiels", l'ancien député PS Jean-Marie Cambacérès nous dit tout des voyages officiels des présidents de la Ve République. De De Gaulle à François Hollande, découvrez leurs petits et grands secrets de voyages.

Planet : Vous avez choisi d’écrire sur un thème original, pourquoi ce choix ?

Jean-Marie Cambacérès : "J’ai organisé plusieurs voyages officiels pour François Mitterrand. Je l’ai aussi accompagné plusieurs fois. C’est en en parlant à mes étudiants que j’ai eu envie d’approfondir ce sujet et d’en faire un livre. Mais ce projet n’aurait pas pu prendre forme sans l’aide de François Hollande. Nous sommes tous les deux issus de la promotion Voltaire et avons gardé de très bonnes relations. Aussi, il a non seulement accepté de m’ouvrir les archives de ces voyages mais il m’a également permis de rencontrer les collaborateurs de l’Elysée chargés de les organiser. Planet : Au cours des voyages auxquels vous avez participé, vous avez sans doute été témoin de beaucoup de choses…

Jean-Marie Cambacérès : Oui, c’est certain… Je me souviens notamment d’un voyage que François Mitterrand a effectué en Chine en 1981 et après lequel il en a profité pour aller secrètement en Corée du Nord. Nous étions alors trois, le président, Lionel Jospin et moi-même. Nous y sommes resté trois jours mais n’avons rien dit car à l’époque la campagne présidentielle battait son plein.

Planet : Y-a-t-il un autre voyage qui vous a particulièrement marqué ?

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Jean-Marie Cambacérès : Sans doute celui que François Mitterrand a effectué à Kourou (Guyane) pour assister à un tir de la fusée Ariane, en septembre 1985. C’était un voyage absolument incroyable ! Tout s’est mal déroulé à toutes les étapes, du jamais vu ! A tel point qu’à un moment le président s’est tourné vers l’un de ses collaborateurs et lui a dit : ‘C’est le voyage de la poisse !’.

Il faut dire que les mésaventures se sont enchaînées. Il y a d’abord eu le Concorde qui n’arrivait pas à décoller. On a dû en changer après avoir perdu 1 heure et demie. Ensuite, lors de l’escale à Dakar, le chef du protocole était tellement subjugué par les fesses des hôtesses sénégalaises qu’il en a oublié de tenir une porte vitrée au président. Celle-ci s’est donc brutalement refermée sur lui mais heureusement il n’a rien eu. Son nez aurait pu saigner, il aurait pu avoir un gros bleu sur le front… Arrivé à Kourou, François Mitterrand a essuyé une nouvelle déconvenue : le tir de la fusée a échoué.

Pour rentrer plus vite à Cayenne, deux hélicoptères ont été mobilisés mais l’un d’eux est tombé en panne. Il s’est écrasé à moins de deux mètres du sol. Aussi, personne n’a été blessé. Puis, lors d’une escale à Lima et pendant que le chef de l’Etat dormait dans le Concorde, son homologue péruvien, Alan Garcia, est venu pour le saluer. L’aide de camp est donc allé réveiller François Mitterrand pour que celui-ci se prépare. Seulement au moment où il s’est avancé sur la passerelle pour saluer Alan Garcia, ce dernier était parti. Il s’était finalement ravisé, ne voulant pas le déranger.

Enfin, la délégation a pris une caravelle pour se rendre à Hao, un atoll du Pacifique, et rencontrer les équipes qui travaillaient sur des essais nucléaires. Il faisant un temps splendide mais à un moment, une hôtesse est venue voir le président pour lui demander d’attacher sa ceinture. Un des réacteurs avait un problème. Quelques minutes plus tard, elle est revenue annoncer que le deuxième réacteur s’était arrêté… Heureusement, l’atoll n’était pas très loin et l’appareil a pu le rejoindre en mode planeur. Tout s’est bien terminé mais si les réacteurs s’étaient coupés plus tôt, le mode planeur n’aurait pas suffi et le président serait mort…

Planet : Les Premières dames font souvent partie des voyages présidentiels. Sont-elles une source de problèmes ?

Jean-Marie Cambacérès : Non, au contraire. On les surnomme même le ‘soft power’ car elles permettent souvent d’adoucir l’image de leur mari auprès des médias. Elles ne posent pas de problème en termes d’organisation car elles ont leur propre programme en parallèle de celui du président. Aussi, il n’est pas rare que le dîner d’Etat soit leur seul évènement en commun pendant ces voyages.

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En 2007, un voyage de Nicolas Sarkozy a cependant été quelque peu secoué par son ex-épouse Cécilia Attias. Alors que le président français devait se rendre au Maroc, le roi a proposé d’organiser un dîner à quatre, avec son épouse et le couple Sarkozy. Une proposition très rare de la part de ce souverain, c’était vraiment le top du top ! Seulement 2 ou 3 jours avant ce repas, Cécilia Attias a demandé le divorce. Ce qui a donné lieu à une véritable scène de panique protocolaire. Aussi, l’Elysée a proposé de faire venir Rachida Dati mais le roi a refusé.

Planet : Les voyages présidentiels sont aujourd’hui plus nombreux mais aussi plus courts… donc moins chers ?

Jean-Marie Cambacérès : Les voyages présidentiels sont certainement plus chers maintenant. Mais la tendance est la baisse. Certes, le Général de Gaulle ne faisait que 2 ou 3 voyages par an alors que François Hollande en a déjà fait 45, mais aujourd’hui on tente réellement de baisser les coûts. Aussi, la durée des voyages est réduite à son maximum : on favorise les voyages de 2 jours/1 nuit.

Planet : En termes de confort, à quoi a droit le président dans son avion ?

Jean-Marie Cambacérès : L’avion présidentiel d’aujourd’hui est beaucoup plus confortable que celui du temps de François Mitterrand. A cette époque-là, on n’avait pas la même notion de confort. Si bien que le ministre des Affaires étrangères avait l’habitude de voyager avec son matelas pneumatique qu’il gonflait lui-même pour s’allonger et dormir un peu dans l’allée de l’appareil !

Aujourd’hui, les proches collaborateurs du président et les ministres ont accès à un espace digne d’une classe affaires. Le président a également sa chambre avec une salle de bain. Elle est petite mais tout à fait confortable. Le chef de l’Etat dispose également d’un bureau pouvant accueillir 5 personnes et d’une salle à manger. Sa table ovale peut accueillir jusqu’à 11 personnes. Il n’y a rien d’autre dans cet espace qui peut aussi bien servir de salle de réunion pendant les longs trajets. Enfin, et toujours dans une logique de réduction des coûts, il n’y a plus d’avion médicalisé qui suit celui du président. Un bloc dit « lot Morphée » a été installé juste derrière la cabine de pilotage pour permettre de prodiguer les premiers soins au chef de l’Etat et à sa délégation en cas de besoin".