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Après l'attentat qui a fait 4 morts dans l'Aude, Emmanuel Macron a assuré qu'il entendait protéger l'ensemble de nos concitoyens. Voici comment il compte le faire.

Vendredi 23 mars 2018, dans l’Aude, un nouvel attentat revendiqué par l’Etat Islamique a fait 4 morts et 4 blessés. Le drame s’est déroulé dans le Super U de Trèbes. Le tueur, Radouane Ladkim, a été abattu lors de l’assaut lancé par le GIGN à 14h13. D’origine Franco-Marocaine, il avait 24 ans. Déjà condamné pour des faits de droits commun (possession d’arme, port d’arme blanche et conduite sans permis), il avait purgé un mois de prison en août 2016. Par ailleurs, il était également connu et suivi par les services de renseignement : le jeune homme était fiché S pour radicalisation depuis 2014. D’après François Molins, le procureur de la République de Paris, cela n’a pas permis "de mettre en évidence des signes de passage à l’acte".

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Peu après les événements, le président de la République a "réaffirmé sa volonté de protéger l’ensemble de nos concitoyens". Il a également indiqué que "l’ensemble du gouvernement restait pleinement mobilisé". Une déclaration que François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur de l’ouvrage Terrorismes – violence et propagande (Gallimard), juge "assez évidente". "Il ne pouvait pas véritablement faire autrement, mais cela ne traduit pas pour autant une détermination particulière. Pour autant, je pense effectivement que le terrorisme et la sécurité deviendront une priorité d’Emmanuel Macron : il sait le péril politique qu’une mauvaise image sur ce sujet représente", explique le chercheur. Selon lui, la vraie question est autre : que peut faire l’exécutif ? Quelles sont les mesures qu’il a déjà prises ?

Un arsenal maintes-fois étoffé

"Depuis les années 90, 9 lois antiterroristes se sont succédées", rappelle-t-il. "Le terrorisme est un problème qui date d’au moins 20 ans". Pour y faire face, Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont déjà pris un certain nombre de mesures. Parmi elles, aux yeux du directeur de recherche, deux se démarquent :

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- Pérennisation de l’état d’urgence. "Emmanuel Macron a fait entrer dans le droit commun des mesures de l’état d’urgence portant essentiellement sur les perquisitions et les assignations à résidence. En pratique, jusqu’à présent elles ont été assez peu utilisées".

- Mise en place d’un plan pour la déradicalisation. "C’est le troisième en deux ans. Un nombre considérable des mesures concernent les combattants revenants de zone de guerre, qui sont traités de façon circonstancielle. Le plan prône également le contrôle des écoles et la sensibilisation des citoyens à différents sujets, comme les fake-news. Enfin, c’est lui qui est à l’origine du retrait des contenus jugés jihadistes sur le web et de l’élaboration d’un contre-discours."

Depuis l’attentat, la droite pointe le supposé "laxisme" et la "naïveté" de l’exécutif en place dans sa lutte contre le terrorisme. Toutefois, si l’opposition lui semble "dans son rôle", François-Bernard Huyghe juge "très improbable" l’application des mesures qu’elle prône. "La mise à demeure, l’enfermement préventif ou l’expulsion des fichés S n’est pas plausible. Ne serait-ce que pour le bazar juridique que cela représente."

Emmanuel Macron est-il bloqué ?

D’autant plus que le président serait pieds et poings liés, entre les différentes réformes déjà appliquées et ses contraintes politiques. "D’abord, il faut comprendre qu’il n’y a pas de solution miracle. Ensuite, n’oublions pas non plus l’assise politique sur laquelle se trouve Emmanuel Macron ! Il lui sera difficile de prendre des mesures fortes sans rompre l’équilibre entre les deux bourgeoisies qui ont voté pour lui", estime le chercheur.

Pour l’analyste, le vrai problème réside dans l’analyse du terrorisme islamiste que fait le locataire de l’Elysée. "Pour Emmanuel Macron, il s’agit uniquement d’un problème social. Tant En Marche que le président ont beaucoup de mal à comprendre qu’il s’agit d’un problème idéologique. Ils ne voient pas l’hostilité que nous portent ces ennemis, parce que nous bombardons la Libye ou l’Irak, parce qu’ils jugent que nous avons oppressé les musulmans pendant des siècles ou tout simplement parce que nous sommes des mécréants", juge François-Bernard Huyghe. C’est pour cette raison que, selon lui, les associations de déradicalisation privées "sont un échec".

Mais alors, que faire ?

Pour le chercheur, il est très difficile de mener une action spécialement efficace, "compte-tenu des contraintes qui sont les nôtres". Dans tous les cas, les résultats ne devraient pas être visibles sur le court terme, et une politique "coup de menton" ne peut pas être bénéfique. "Fondamentalement, il faudrait améliorer la coordination des renseignements, mieux identifier les réseaux sur lesquels communiquent les terroristes", dit-il non sans rappeler que le président a aussi fait passer une loi sur ces thématiques. "Les mesures anti-idéologiques qui plairaient à Manuel Valls comme l’interdiction du salafisme ne font pas sens. A la place, il faudrait parvenir à développer un contre-discours sur lequel recréer de l’union, un idéal républicain, porter une condamnation forte du terrorisme." Autre source d’inspiration potentielle, les britanniques qui pratiquent la "propagande noire". "Il s’agirait d’infiltrer les réseaux des jihadistes pour faire passer de fausses informations", indique le chercheur.