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Ils n’en veulent plus. Pour l’essentiel, les Français ne souhaitent pas qu’Emmanuel Macron engage la réforme des retraites qu’il s’était pourtant promis de mener, indique Le Point sur son site. C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière étude OpinionWay-Square menée pour Les Echos et Radio Classique. Rien ne permet, en l’état, d’y lire un manque d’adhésion particulièrement prégnant au projet du président de la République puisque nombre des sondés estiment tout de même qu’il faudra, un jour ou l’autre assurer la pérennité du système. Simplement, la question n’est pas d’actualité.
"Les Français jugent que ce sujet majeur ne peut pas être réglé dans les dix mois qui viennent. Ils n'envisagent pas que l'on se contente d'appliquer la réforme inachevée de 2020", précise ainsi le sondeur Bruno Jeanbart. Une analyse que n’approuvent guère certains des conseillers du locataire de l’Elysée. "La crise covid n’a rien changé", soutiennent enfin quelques-uns des proches d’Emmanuel Macron, questionnés par Le Figaro. Et de poursuivre, sans ambages : "Elle a plutôt conforté la nécessité de la réforme, qui ne pourra pas être identique à la précédente. Le temps restant n'est en tout cas pas un obstacle".
Quelle réforme des retraites Emmanuel Macron peut-il encore mener, moins d’un an avant l’élection ?
"A-t-il encore le temps de mener la réforme des retraites ? Il ne faut pas perdre de vue combien l’agenda législatif est chargé en ce moment", rappelle d’entrée de jeu le politologue Olivier Rouquan, pour qui il serait assez peu probant de s’attaquer à un tel chantier dans l’immédiat. "Sur le plan théorique, il peut tout à fait déclarer l’urgence et faire voter un texte. Le problème, évidemment, est celui de son contenu", souligne encore le spécialiste.
Sans grande surprise, une réforme paramétrique - plus proche de ce qu’a pu défendre Bruno Le Maire - sera plus simple à mener qu’une transformation de fond de notre système de solidarités intergénérationnelles. Mais elle ne serait pas, elle non plus, sans poser de sérieux problèmes…
Réformes des retraites : à quoi faut-il s’attendre d’ici la fin du quinquennat ?
Selon le texte qu’il décide de promouvoir, le gouvernement prend le risque d’engendrer plus de conflits que d’adhésion estime en effet Olivier Rouquan. "A-t-on véritablement le temps, d’ici à la fin du quinquennat, de mettre en place un système qui tourne la page du régime par répartition tel que nous l’avions instauré au terme de la 2nd Guerre Mondiale ?", interroge en effet le politologue, soucieux de savoir si l’objectif d’Emmanuel Macron est toujours le même : "Souhaite-t-on encore l’entrée en vigueur d’un système toujours basé sur la solidarité mais fonctionnant par point ? Si oui, il importe de rappeler que la question a déjà fait l’objet d’un débat vif en France et heurte les partenaires sociaux", souligne-t-il ensuite, jugeant la mesure somme toute assez peu opportune. Possible politiquement, bien sûr, mais pas nécessairement pertinente.
"Elle présente quelques avantages évidents pour Emmanuel Macron. C’est une façon, pour lui, de dire qu’il est encore déterminé à réformer et qu’il demeure fidèle à ses engagements. Il cherche donc à remobiliser l’électorat qu’il avait su convaincre en 2017", observe l’universitaire.
Un autre cas de figure existe : celui d’une réforme moins ambitieuse et potentiellement plus aisée à mener d’ici la fin de sa mandature…
Réformes de retraites : les problèmes du choix paramétriques
Cette fois, juge le politologue, le problème est essentiellement démocratique. "La première présentation de l’exécutif avait péché parce qu’elle ne démontrait pas au citoyen qu’il serait mieux protégé par l’incidence de la réforme. Le nouveau projet du président devra donc se montrer plus probant en la matière, rassurer sur ce plan", rappelle d’abord Olivier Rouquan, pour qui cela ne peut passer par une transformation rapide et non concertée de notre modèle de solidarité inter-générations.
"Une réforme des retraites nécessite une forte légitimité électorale ou au moins un fort soutien de l’opinion publique. Elle doit donc intervenir après une élection pendant laquelle le débat a, en partie au moins, porté sur ce sujet. Dans le cas contraire, cela pose un vrai problème démocratique", juge-t-il en effet.