Qui est Thierry Solère, cet "influenceur" de la Macronie qui cumule les ennuis judiciaires ? Witt Jacques/Pool/ABACA abacapress
Ce conseiller régional d'Île-de-France, passé de LR au camp présidentiel aurait, fort de ses réseaux d'influence, organisé des rencontres entre des personnalités du camp présidentiel et des membres du Rassemblement national, selon Libération. Voici son parcours.
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Des dîners qui font jaser. Après les élections législatives anticipées, Libération jette un pavé dans une marre déjà bien agitée. Prenant de l’avance sur sa parution papier du 10 juillet, le quotidien a publié la veille au soir une enquête révélant la tenue de dîners informels réunissant des membres influents du Rassemblement national - Jordan Bardella et Marine Le Pen compris - et des personnalités associées au camp présidentiel, dont l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Ce que ce dernier a d’ailleurs confirmé sur TF1. L’organisateur de ces agapes : Thierry Solère. 

Bataille fratricide à Boulogne-Billancourt

Né à Nantes en 1971, ce diplômé en marketing travaille brièvement comme assistant parlementaire dans les années 1990 puis fonde une société de conseil. En 2001, il intègre l’équipe municipale de Boulogne-Billancourt, dans l’équipe de celui qui fut maire de la ville pendant plus de 20 ans, Jean-Pierre Fourcade. Il devient par la suite coresponsable du développement web de l’UMP, rôle pour lequel il organise les premières rencontres entre “blogueurs” et responsables politiques, par exemple Philippe Douste-Blazy en 2007.

Il devient député de la 9e circonscription des Hauts-de-Seine sous l’étiquette UMP en 2012. Lors des législatives suivantes, alors rallié à la République en Marche d’Emmanuel Macron, il bataille ferme contre le successeur de Jean-Pierre Fourcade à la mairie de Boulogne, Pierre-Christophe Baguet. Ce dernier se présente alors comme suppléant de Marie-Laure Godin, sa première adjointe. Son rival l’emporte et occupe d’abord la fonction de questeur, de juin 2017 à janvier 2018, puis intègre plusieurs commissions parlementaires. 

Des affaires judiciaires

En 2016, une enquête le vise après une plainte de Bercy pour “fraude fiscale”. Elle est élargie en janvier 2017 en raison de soupçons de “trafic d'influence, corruption, abus de biens sociaux, financement illicite de dépenses électorales, manquements aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) et recels de ces infractions”. Devenu député, il voit son i mmunité parlementaire levée en 2018. 

Vidéo du jour

En 2022, il est mis en examen pour cinq nouvelles infractions, rapporte alors l’AFP. Il est notamment soupçonné d’avoir utilisé des frais de mandat à des fins personnelles entre 2012 et 2019. Il est également mis en examen pour “détournement de fonds publics”. Une affaire qui implique sa belle-mère, employée comme assistante parlementaire entre 2016 et 2017. Au total, ce sont treize chefs d’inculpation qui le concernent. En 2023, la Cour de cassation demande le réexamen des demandes de nullité dans cette enquête. 

Un “système Solère” ?

Alors qu’il appartient encore au groupe Les Républicains, il aurait formé avec Franck Riester, Édouard Philippe, Gérald Darmanin, ou encore Bruno Le Maire et parfois Jean-Louis Borloo un groupe qui se réunit régulièrement dans un restaurant parisien, selon le Journal du Dimanche

Devenu député sous les couleurs du camp Macron, puis conseiller régional d’Île-de-France, il officie de façon informelle comme conseiller auprès de l’Elysée, ainsi que le décrit notamment un portrait publié dans Le Monde en 2023. Un temps écarté, il serait, selon le Point en décembre 2023, revenu dans les bonnes grâces présidentielles, après avoir alerté la majorité sur un possible rejet de projet de loi sur l’immigration. Dans l’article paru le 9 juillet, Libération l’affuble du sobriquet de “Baron noir”, titre de la série politique de Canal+ qui met en scène un Kad Merad dans le rôle d’un tacticien politique.