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Est-il jamais vraiment parti ? Trois ans Premier ministre d’Emmanuel Macron, sur les charbons ardents en pleine période de Covid, Edouard Philippe a quitté Matignon un jour de juillet 2020 avec les lauriers. Selon un sondage Elabe pour Les Echos, le Premier ministre comptait en juin de la même année 39% d’opinions favorables, conséquences d’une gestion de la crise sanitaire saluée. Un bond conséquent en pleine crise sanitaire, quand son président rétrogradait pour sa part d’un point, tombant à 33%. Un écart sans précédent depuis le début du quinquennat, et peut-être ce qui a coûté Matignon à Edouard Philippe. Depuis, le maire du Havre a su capitaliser sur son image sympathique auprès des Français, au point qu’un récent sondage du Parisien le sacre favori pour rassembler la droite et le centre aux élections présidentielles de 2027. La réponse est sans appel : plus de quatre Français sur dix (42 %) voient l’ancien Premier ministre de Macron comme la personnalité politique la plus à même de rassembler droite et centre, alors qu’aucune autre figure ne se détache pour l’instant de l’horizon.
A ce petit jeu, Edouard Philippe cavalcade loin devant Bruno Le Maire (27 %), Gérald Darmanin et Xavier Bertrand (22 %). Il décoiffe aussi Laurent Wauquiez (17 %), pourtant le plus engagé des Républicains en vue de 2027. Rien ne l’arrête, il devance même avec 33% une certaine Marine Le Pen (30%) en termes de potentiel électoral. Après seulement 15 mois d’un second mandat, la campagne pour les élections de 2027 trépigne, impatiente de faire émerger une tête d’affiche providentielle, alors qu’Emmanuel Macron a remué le terrain politique au point qu’aucun des deux partis traditionnels n’est plus certain de s’afficher au second tour. Dans cette incertitude anxieuse et impressée, nul doute qu’une figure connue telle qu’Edouard Philippe rassure.
Un "ami du président"
Le nom du maire du Havre revient régulièrement au centre de l’enjeu électoral de 2027. Lors d’un juillet dernier, déplacement en juillet dernier, Emmanuel Macron avait même lancé à un homme qui lui demandait si son ancien Premier ministre pourrait prendre sa succession qu’il souhaitait "une suite dans ce qu'on a mis en place. Et que celles et ceux qui m'ont accompagné depuis maintenant six ans puissent prendre le relais". D’ailleurs, Edouard Philippe est un “ami” du président : les deux ont partagé un repas en amont du remaniement ministériel de juillet, selon des informations du Figaro.
Des prises de paroles à venir
Il faut dire que l ’homme, pourtant adepte de la stratégie de la “parole rare”, ne s’est pas laissé oublier. En octobre 2021, il a fondé le Parti de centre droit Horizon, qui compose aujourd’hui la majorité présidentielle avec 27 députés et 3 députés apparentés. L’actuel ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, en est le secrétaire général. Le parti organise d’ailleurs une réunion plénière de clôture des journées parlementaires le vendredi 15 septembre, avec plusieurs prises de parole et un discours d’Édouard Philippe.
Une porte : celle de l'immigration
En juin dernier, l’ancien Premier ministre a pris plus franchement position dans le débat politique, se prononçant sur la question de l’immigration, brûlot parlementaire de cette rentrée. Dans une interview, à L’Express, il préconise de revoir l'accord de 1968 qui organise l'entrée, l'emploi et le séjour des Algériens en France depuis la fin de la guerre d'Algérie, et dénonce, au passage, une "immigration du fait accompli". Une prise de parole qui drague l'extrême-droite et détonne de la part d’un homme plutôt jugé “raisonnable”. Edouard Philippe a-t-il décidé de jouer son va tout ? Il ne craint en tout cas pas de bousculer le gouvernement actuel. D’ailleurs n’était-ce point lui qui en février dernier laissait plâner un doute peu crédible sur sa candidature en 2027 ? "Je n'ai aucun problème à vous dire que je prépare quelque chose", avait-t-il indiqué à BFMTV, le sourire en coin. Depuis ses ramifications à l'Assemblée nationale jusqu'à la médiatisation de sa maladie qui le prive de cheveux, le débat public ouvre grandes ses portes à Edouard Philippe.