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Gérald Darmanin va-t-il changé son fusil d'épaule ? Il faut dire que depuis l'épisode de la révolte suscitée par la mort du jeune Nahel, le ministre de l'Intérieur est sur tous les fronts. Cela pourrait paraître comme normal, notamment au vu du manque de travail ces dernières années du côté de l'Intérieur. Pourtant, dans les médias et dans l'opinion, le nom de Gérald Darmanin est sur toutes les lèvres, du moins une grande partie. Tantôt critiqué, tantôt apprécié, il jongle avec les deux.
Interrogé par le média Brut, il avoue "ne pas particulièrement rêver d’être président de la République. Je suis très fier d’être ministre de l’Intérieur à 40 ans", a-t-il expliqué tout en ajoutant qu’"on ne peut pas dire jamais". Simple déclaration ou réel changement de cap ?
Une rentrée sous tension pour Gérald Darmanin
Depuis la rentrée et notamment depuis la réunion organisée avec ses soutiens à Tourcoing, dont Elisabeth Borne, l'ancien député de la 10e circonscription du Nord ne cache pas ses ambitions. Si la Première ministre était effectivement présente, elle n'était pourtant pas invitée par son camarade. Cela n'est pas passé inaperçu au sein du gouvernement et des proches du ministre. Certains déclaraient qu'il était déjà en campagne, quand d'autres lui créditaient le besoin d'une opinion favorable.
Toutefois, les choses ont bien changées depuis. Les émeutes sont passées par là, le retour des attaques terroristes sur le sol français l'ont à nouveau mis sur le devant de la scène. Mais depuis quelques semaines, c'est avec un tout autre sujet qu'il doit traiter à l'Assemblée : celui de la loi immigration, pour laquelle Emmanuel Macron lui avait demandé de faire le nécessaire. Le nécessaire en question : le rapprochement des Républicains vis-à-vis du texte proposé par le gouvernement. Or, rien ne se passe comme prévu. Ce lundi 11 décembre 2023 est une date à retenir (ou pas) pour le ministre. Elle s'associe désormais au refus de l'Assemblée de discuter du texte sur l'immigration.
La lucidité triste
Les députés ont, en effet, voté ce lundi 11 décembre le rejet du projet de loi immigration de Gérald Darmanin, avant même que les débats n'aient commencé. "Quand on a un échec, c'est un échec." Invité ce lundi soir au 20H de TF1, Gérald Darmanin a annoncé avoir présenté sa démission au président Emmanuel Macron, qui l'a refusée. Le ministre de l'Intérieur est donc maintenu à son poste, malgré le revers essuyé par le gouvernement à l'Assemblée nationale sur le projet de loi immigration.
A l'antenne, le ministre de l'Intérieur, marqué par cette rude journée soldée par un échec, semble malgré tout lucide et conscient de la difficulté que représentait le texte. "Je pense qu'indépendamment de ma personne, ce qui est inquiétant aujourd'hui dans notre démocratie, c'est que l'immigration, sujet crucial pour les Français, dont tous les pays débattent et adoptent des dispositions nouvelles, cette immigration a été prise en défaut dans le débat démocratique", explique-t-il. S'il paraît isolé dans cet échec gouvernemental, son avenir et ses rêves exécutifs pourraient bien s'éloigner.
Un soutien réel ou obligatoire pour Edouard Philippe
Gérald Darmanin avait déjà estimé début octobre qu'Edouard Philippe était le mieux placé pour la prochaine présidentielle, à laquelle Emmanuel Macron ne pourra pas se présenter après deux mandats consécutifs. Mais il s'était aussi interrogé sur son "envie" et sur son "projet". Mais, aujourd'hui, ces déclarations semblent s'effriter.
"Moi je pense qu'il faut soutenir le mieux placé parce que je crois que Madame Le Pen peut gagner l'élection présidentielle. Je pense que c'est dangereux pour notre pays, même si je respecte Madame Le Pen", a-t-il dit ce dimanche à Brut. "Je souhaite qu'Édouard Philippe puisse porter cela s'il respecte un certain nombre de choses sur lesquelles on peut être d'accord ou pas", a-t-il ajouté sans plus de précisions.