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Il y a eu Edouard Philippe, puis Jean Castex. Depuis la réélection d’Emmanuel Macron, ce dimanche 24 avril 2022, une nouvelle question brûle les lèvres de tout ou presque des Français : qui sera nommé à Matignon ? Avec qui le chef de l’Etat entend-il entamer son deuxième mandat ; poursuivre la transformation de la France qu’il juge nécessaire — et pour laquelle, pourraient affirmer celles et ceux qui font fi du vote utile dont il a bénéficié, il a été élu ? Plusieurs noms ont été évoqués depuis la reconquête de l’Elysée. Le journal Entreprendre faisait ainsi d’Arnaud Montebourg l’un des “favoris” pour le poste.
Depuis, deux femmes ont déjà dit non au chef de l’Etat pour le assumer le poste de Premier ministre. C’est le cas de Valérie Rabault, députée issue du Parti socialiste, élue du Tarn-et-Garonne (Occitanie) depuis 2012. Elle a été rapporteure générale du budget à l’Assemblée nationale entre 2014 et 2017, avant de devenir présidente du groupe parlementaire “Socialiste et apparentés” en 2018, rapporte BFMTV . Avant elle, c’est Véronique Bédague qui refusait le poste, informe Midi Libre. Elle n’est pas élue, mais directrice générale du géant de l'immobilier Nexity.
Ceci étant, il importe aussi de rappeler que le chef de l’Etat, à travers son entourage, a fermement démenti de telles déclarations. "Le président n’a proposé le poste de Premier ministre à personne et il a un premier ministre en qui il a pleine confiance", ont-ils affirmé.
Pourquoi Emmanuel Macron peine-t-il autant à trouver le bon Premier ministre ?
Emmanuel Macron, estime Europe 1, peine à trouver son nouveau chef de gouvernement. Le fait est que, près de dix jours après son élection, le président demeure sans Premier ministre et la démission du gouvernement actuel n’est pas prévue avant le 7 mai ; date retenue pour la cérémonie d’investiture, souligne Les Echos. Mais un autre nom revient avec insistance. Celui, cette fois, d’une femme de droite : Christelle Morançais, présidente LR de la région pays de la Loire.
Difficile, de fait, de trouver la personne idéale. Le profil type que le chef de l’Etat a tout intérêt à chercher est particulier. Pour Christophe Bouillaud, enseignant-chercheur à l’Institut d’Etudes Politiques (IEP, Sciences-Po) de Grenoble, les véritables critères de sélection ne sont peut-être pas ceux que l’on met le plus en avant jusqu’à présent. Explications.
Premier ministre : quel profil type Emmanuel Macron cherche-t-il ?
Après avoir promis de nommer une femme à Matignon - pour mieux choisir Jean Castex -, Emmanuel Macron pourrait avoir du mal à ne pas en placer une au poste de Premier ministre. Ce sont elles, en tout cas, qui semblent avoir sa préférence en ce début de second mandat. “L’égalité femme-homme était supposément la grande cause de son premier quinquennat, il a décidé d’en faire la mission de clui-ci aussi”, rappelle d’entrée de jeu le politologue, pour qui il s’agirait plus d’une mesure d’affichage que d’un réel engagement politique. “Nommer une femme, c’est aussi l’occasion de rompre avec le procès qui lui est fait. D’aucuns jugent en effet son entourage trop masculin”, souligne-t-il encore.
Pour autant, ce gage donné aux féministes - et aux femmes de façon générale - pourrait ne pas suffire à les convaincre. “Emmanuel Macron ne persuadera personne en nommant une femme pour nommer une femme. La nomination d’un ou d’une candidate à Matignon sera jugée au regard de la carrière, des orientations idéologiques et politique de celui ou de celle-ci”, analyse le chercheur, qui estime d’ailleurs qu’une telle vision des choses témoigne de la “conception datée” que le président entretient de la société française. Peut-être veut-il aussi “rompre la malédiction Edith Cresson”, envisage l’enseignant.
Ceci étant dit, ce sont d’autres critères de sélection qui pourraient prendre le pas sur ce seul marqueur dont l’impact sera somme toute “assez marginal” d’après le spécialiste. Faut-il opter pour un ministre super-star ? Préférer un profil rural à un profil urbain ? Le président de la République a peut-être plusieurs cartes en main. Il s’agirait donc de jouer la bonne.
Premier ministre super-star ou grand inconnu au bataillon ? Ce qui pourrait bien arranger Emmanuel Macron
Le nom d’Elisabeth Borne a quelque fois été évoqué. La ministre du Travail affiche de nombreux avantages : elle est une femme, d’abord, et son profil a de quoi plaire au président. Mais il en faut parfois davantage. “Elle coche des cases. Mais est ce qu’elle envoie un message politique ?”, juge en effet un membre du gouvernement interrogé par Sud-Ouest. Comme Jean Castex et Edouard Philippe avant leur arrivée à Matignon, elle demeure peu connue des Françaises et des Français.
Cela pourrait être une force, estime Christophe Bouillaud.
“Nommer un ancien ministre ou, à tout le moins, une figure politique connue, c’est prendre un risque : on sait alors à quoi s’attendre. Opter pour une personnalité méconnue c’est aussi s’assurer une capacité à entretenir le flou. Or, c’est précisément ce dont a besoin Emmanuel Macron à l’approche des élections législatives. Il n’a pas intérêt à braquer l’électorat avant la tenue du scrutin et aurait donc des raisons de nommer quelqu’un de très neutre”, juge en effet l’enseignant-chercheur, qui évoque le nom de Pascal Canfin ; député européen en provenance d’Europe Ecologie-Les Verts.
“Ce type de figure permet de ne pas trop clarifier la ligne avant les élections, de ne pas réactiver les clivages que la gauche cherche à remettre au goût du jour. En outre, le chef de l’Etat a d’ores et déjà montré qu’il n’envisage pas le Premier ministre autrement que comme un collaborateur. Il ne lui faut donc pas nommer une personnalité particulièrement forte ou autonome ; qui se révélerait dans l’exercice du poste et pourrait jouer le rôle d’un vrai chef de gouvernement”, tranche le politologue. Un Jean Castex, en somme. Seulement voilà, poursuit l’enseignant-chercheur : ils sont tous les deux des hommes et cela pourrait complexifier la tâche pour Emmanuel Macron.