Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Planet : Najat Vallaud-Belkacem suscite beaucoup de réactions négatives, pourquoi selon vous ? Valentin Spitz* : "Beaucoup de ces critiques tiennent de la misogynie. Un point que la ministre de l’Education nationale connaît bien, elle qui était autrefois en charge du Droit des femmes. Comme c’est une femme jeune et jolie, certains responsables politiques, plus âgés et sans doute un peu jaloux, se disent ainsi qu’il y a forcément anguille sous roche. Ce sont la plupart du temps les mêmes personnes que celles qui l’ont combattue au moment des ABC de l’égalité et du mariage pour tous. Elle les agace !
Mais d’une manière générale, ces attaques ne sont pas nouvelles. Les critiques et les polémiques ont toujours existé autour de cette femme, seulement elles sont plus visibles depuis qu’elle a hérité de l’Education nationale. Elle est devenue un poids lourd du gouvernement, est donc plus exposée et les critiques qui la visent se ressentent plus.
Planet : Un Français sur deux a toutefois une bonne opinion d’elle (sondage Odaxa pour Le Parisien)…Valentin Spitz : On parle souvent de ses détracteurs mais il est vrai qu’il y a également des gens qui sont derrière elle. Najat Vallaud-Belkacem reçoit d’ailleurs de nombreux messages de soutien par courrier, sms et sur les réseaux sociaux. Elle en agace certains mais elle plaît aussi à d’autres ! Ceci est notamment dû à son parcours scolaire exemplaire. Elle est arrivée enfant en France complètement déracinée du Maroc. Aussi, elle a dû s’adapter. L’école est apparue comme sa bouée, son ascenseur social. C’est quelqu’un qui a beaucoup travaillé que ce soit à l’école, pendant ses études supérieures ou en politique par la suite. Ce qui n’a pas échappé à certains Français et les fascine, autant que cela en irrite d’autres.
Planet : Elle s’est un jour décrite comme un ‘pur produit de la République’. Vous êtes d’accord avec cette comparaison ?Valentin Spitz : Oui, absolument. C’est une bonne élève à tous les niveaux. Elle s’en est sortie grâce à l’école et uniquement grâce à ça - ses parents n’avaient pas beaucoup de moyens- et c’est aujourd’hui une figure de la majorité. En politique, c’est un animal qui n’est jamais dans l’affect ni dans les émotions. Grâce à ce comportement, elle a ainsi su entretenir de bonnes relations avec Ségolène Royal, quand beaucoup d’autres ont échoué. Sept ans seulement après avoir fait ses premiers pas en politique, elle a par ailleurs réussi à rejoindre le gouvernement de François Hollande. C’est d’autant plus impressionnant qu’elle est aujourd’hui à la tête d’un ‘grand ministère’. Planet : Pensez-vous qu’elle a eu peur en apprenant sa nomination à l’Education nationale ?Valentin Spitz : Non car ce n’est pas quelqu’un qui a peur. Elle a forcément dû ressentir quelque chose de fort en l’apprenant, sûrement vis-à-vis de ses proches, mais elle a dû veiller à ce que cela ne prenne pas le dessus. Najat Vallaud-Belkacem veille toujours à garder des rapports distanciés, voire froids avec la politique. Elle ne se laisse jamais déborder par ses émotions. Aussi, je pense qu’aussitôt après sa nomination, elle ne s’est pas attardée sur ce qu’elle a ressenti et s’est plongée dans sa mission.
Planet : Critiquée mais aussi appréciée, Najat Vallaud-Belkacem est-elle davantage un boulet ou un atout pour le gouvernement ?Valentin Spitz : Quand on voit les affaires auxquelles se retrouve mêlé François Hollande, à côté les polémiques autour de Najat Vallaud-Belkacem semblent bien minces ! Elle est selon moi un véritable atout pour la majorité. C’est un des rares membres du gouvernement à ne pas avoir commis de couac, à ne pas avoir dit de bêtises publiquement et à ne pas avoir mis l’exécutif en porte-à-faux. C’est une bonne élève qui fait bien son job. Après les deux remaniements orchestrés cette année par le président, elle s’impose comme un beau symbole de la gauche. Reste désormais à savoir si son bilan à la fin de son mandat sera à la hauteur mais aussi, à voir comment elle va se positionner dans les mois à venir sur des sujets sensibles. La donne pourrait alors changer".
*Valentin Spitz est coauteur de Najat Vallaud-Belkacem : une gazelle au pays des éléphants (Ed. First, 2012)
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