Municipales : des petites communes bientôt sans maire ?Emmanuel Macron chantant la Marseillaise à l'Assise des maires bretons à Saint-Brieuc en avril 2019AFP
Alors que les élections municipales approchent, de plus en plus de maires ont fait savoir qu'ils hésitaient sérieusement à se représenter. Entre le manque de moyens financiers et les difficultés du quotidien, le métier de maire séduit de moins en moins.
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Un maire sur deux hésite à se représenter

Vers des villes sans maire ? Selon une récente étude du Cevipof et de l’AMF, près d’un maire sortant sur deux hésiterait à se représenter aux élections municipales de 2020. Un constat qui concerne principalement les maires des petites communes puisqu’ils sont 55 % à se poser la question. C’est le cas de Bernard Eliaume, maire de Maillé (Indre-et-Loire), qui, depuis plusieurs mois déjà, hésite à briguer un quatrième mandat.

Un exemple de ce qu’il vit au quotidien résume le choix cornélien auquel il est confronté. En tant que maire, l’une de ses prérogatives est d’assurer l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. Pour ce faire, Bernard Eliaume a dû réaménager les toilettes publiques de son village. "A cause de la proximité avec un monument public, le réaménagement a nécessité quatre ans de travail. Les plans de financement nous ont également posé des difficultés puisque pour avoir un budget à l’équilibre, nous sommes à 100 euros près, détaille le maire de la commune d’environ 600 âmes. Les habitants, eux, ne comprenaient pas toujours pourquoi nous mettions autant de temps car ils ne voyaient pas le travail sous-marin que nous menions".

Parmi les raisons qui poussent les maires à abandonner leur mandat électif : le fait de vouloir privilégier leur vie personnelle (71 %), le trop grand investissement en temps que leur impose le métier (52 %), le manque de moyens financiers pour mener leur action à bien (34 %) ou encore le manque de reconnaissance (15 %). "Beaucoup de ressources et de pouvoir ont été transférés aux intercommunalités, explique Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et titulaire de la chaire ‘Territoires et mutations de l’action publique’ (TMAP) de Sciences Po Rennes. Le problème, c’est que les maires restent en première ligne vis-à-vis des attentes des habitants".

Si aucun candidat ne se déclare, la commune peut être dissoute

Pour répondre à ces difficultés croissantes, Sébastien Lecornu, ministre en charge des collectivités territoriales, a présenté, le 17 juillet dernier, le projet de loi "Engagement et Proximité", dont l'objectif est de remettre les élus locaux au cœur de la démocratie. Pour Romain Pasquier, ce projet ne fait toutefois que maintenir le statu quo. "La vraie solution consisterait à mettre en place des pôles d’ingénierie publique au niveau des intercommunalités afin que les maires aient accès à un conseil juridique et financier. En même temps, il faut inciter les communes à se regrouper car nous avons de plus en plus de mal à trouver des candidats sur les listes municipales. Cela permettrait également de mutualiser les ressources".

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Pour rappel, 75 % des communes françaises ont moins de 1 000 habitants, et 50 % moins de 500 habitants. Alors, que faire dans le cas où aucun candidat ne se présenterait au poste de maire ? Dans ce cas, c’est la préfecture qui prend les choses en main. Une délégation spéciale est nommée pour une durée maximale de trois mois dans le but de gérer les problèmes administratifs. A l’issue des trois mois, si aucun candidat ne s’est déclaré, la préfecture peut alors dissoudre la commune pour la rattacher à une commune voisine. Toutefois, à l’image du maire de Maillé, la décision de nombreux élus n’est pas encore actée et le facteur humain pourrait, jusqu’au dernier moment, fortement peser dans la balance.