Gilets jaunes : ce détail qui a sauvé Emmanuel MacronAFP
Un jour de décembre, Emmanuel Macron a su ménager les chasseurs pour en faire des alliés. Ces derniers lui ont rendu la pareille, notamment lors des manifestations des Gilets jaunes.
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Emmanuel Macron a attisé la colère de nombreux Français depuis le début de son quinquennat, mais a réussi à se trouver des alliés de poids, les chasseurs. Dans son livre Noël à Chambord, dont Paris Match rapporte les bonnes feuilles, la journaliste Emilie Lanez revient sur cette journée du 15 décembre 2017, lorsque Emmanuel Macron, fraîchement élu à la tête de l’État, scelle un "pacte" politique avec les chasseurs.

Un "pacte" avec les chasseurs

Le président célèbre alors ses 40 ans près de Chambord et décide de prendre une heure de son temps pour assister au tableau de chasse au château, rapporte l’hebdomadaire. Ce "tableau" désigne l’hommage rendu au gibier abattu qui clôt traditionnellement les grandes chasses ayant lieu au domaine. Comme le rappelle Libération, le chef de l’État affirme à ce moment-là qu’il sera le président "qui développera la chasse" et que les chasseurs pourront "toujours compter" sur lui. Le président fait mouche et sa promesse se traduira quelques mois plus tard par un geste fort envers eux, avec la baisse du prix du permis de chasse : divisé par deux, il passe de 400 à 200 euros.

Un pari gagnant pour le chef de l’État. En décembre 2018, alors que les Gilets jaunes ont déjà pris d’assaut les ronds-points et commencent à défiler sur les Champs-Élysées, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) Willy Schraen demande aux chasseurs de ne pas les rejoindre. Dans une lettre ouverte, il affirme notamment que "les vrais ruraux et les chasseurs […] n’ont rien à faire dans cette guerre civile qui se prépare" et leur demande de ne pas être "manipulés pour des causes qui sont contraires à nos intérêts, et qui demain sonneront le glas de nos espoirs". Le message est passé, les gilets oranges n’iront finalement pas rejoindre les gilets jaunes. "Si je n’avais pas stoppé tout de suite, ils étaient 500 000 sur les ronds-points […] J’ai beaucoup parlé, beaucoup écrit, mes gars ils étaient tous Gilets jaunes", se félicite Willy Schraen dans le livre d’Emilie Lanez, cité par Paris Match.

Ce coup de pouce, entre le président et les chasseurs, ne sera pas le dernier.

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Emmanuel Macron a multiplié les gestes envers les chasseurs

Depuis son arrivée à l’Élysée, le chef de l'État a multiplié les gestes envers les chasseurs. Certains n’ont pas porté leurs fruits, comme la prolongation jusqu'en février de la date de fermeture de la chasse aux oies sauvages, retoquée par le Conseil d'État. Les chasseurs ont néanmoins pu se consoler dès le mois de mars avec la présence de quatre ministres au congrès annuel de la FNC, rappelle L’Opinion. Emmanuelle Wargon en profite alors pour remercier les chasseurs de ne pas avoir rejoint les Gilets jaunes, saluant leur "sens de la responsabilité". Et ces derniers de donner un nouveau coup de pouce à Emmanuel Macron à la veille des élections européennes, saluant son "implication personnelle" et "sa vigilance de tous les instants". L’ascenseur est renvoyé.

Cette relation aura néanmoins eu une conséquence inattendue pour Emmanuel Macron, le départ soudain d'un de ses ministres.

Une relation privilégiée, au détriment de Nicolas Hulot ?

Nicolas Hulot a claqué la porte du gouvernement en août 2018. Il explique alors à France Inter avoir été heurté par la présence d’un lobbyiste lors d’une réunion sur la chasse. "Ne pensons pas que ma décision vient simplement d’une divergence sur la réforme de la chasse", assure-t-il au micro de Léa Salamé, évoquant "une réforme importante pour les chasseurs, mais surtout pour la biodiversité". Parlant d'une réunion à l'Élysée, il affirme avoir "découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité", ajoutant que "c’est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles de pouvoir". Si Nicolas Hulot n'a pas caché avoir eu plusieurs points de désaccord avec Emmanuel Macron, les efforts faits par le président envers les chasseurs ont sans doute donné au ministre le plus populaire du gouvernement une ultime raison de claquer la porte.