Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Planet : Où se situe François Hollande entre le président des ‘sans-dents’, le ‘M. petites blagues’ et l’homme qui aurait trompé sa compagne ?
François Bazin* : "Il est un peu tout ça à la fois. Comme tout le monde, sa vraie personnalité se compose de qui il est en public et de qui il est en privé. François Hollande est à la fois quelqu’un de sympathique, quelqu’un qui a du mal à avancer en ligne droite et quelqu’un d’habile et pragmatique au risque de paraître parfois fataliste.
Planet : Il est aussi le président de plus impopulaire de la Ve République. En souffre-t-il ?
François Bazin : Oui, forcément. Il n’est pas en dehors du temps. Comme tous les responsables politiques, il est soumis à réélection. On ne peut donc pas dire que l’image négative qu’il renvoie ne l’atteint pas, ce serait une bêtise. En revanche, on ne peut pas non plus dire que cela soit un handicap pour lui. Cela ne le dérange pas que les gens ne le voient pas venir, le sous-estiment. Ce n’est pas quelqu’un qui déteste être mal-aimé. On en a d’ailleurs eu l’exemple en 2012. Celui que l’on qualifiait de ‘mou’, de ‘Flamby’ a finalement réussi à l’emporter. ‘Peut-être, mais j’ai gagné !’, répondait-il d’ailleurs à ses détracteurs. Pour lui, ce qui compte c’est le résultat : être élu c’est bien, être battu c’est mal.
Planet : Vous écrivez que c’est quelqu’un qui avance en zigzag, c’est-à-dire ?
François Bazin : Sa technique consiste à se fixer des objectifs à moyen terme qu’il peut ensuite revoir, adapter. Cela lui laisse aussi plus de temps pour les atteindre. C’était notamment le cas lorsqu’en septembre 2012 il s’est engagé à inverser la courbe du chômage d’ici la fin d’année suivante. Cela peut sembler risqué car les Français sont généralement sceptiques devant ce genre d’annonce. Pourtant, cela ne démonte par notre président. Au contraire, il se dit que son message sera renforcé quand l’objectif sera finalement atteint. Il ne se soucie par de savoir ce qui se passera si jamais il n’atteint pas son objectif. Ce n’est pas quelqu’un qui doute. François Hollande est pourvu d’un optimisme à toute épreuve. Selon lui, après la pluie vient toujours le beau temps et après la récession, arrive toujours la croissance.
Planet : François Hollande se remet-il parfois en question ?
François Bazin : Oui, mais à sa manière. Ce n’est quelqu’un qui échange, par conséquent ce n’est pas non plus quelqu’un qui écoute. Lorsqu’il se remet en question, il le fait tout seul. Derrière sa bonhomie et son humour, se cache une forte intériorisation de ses réflexions. Il ne se dévoile pas facilement. Néanmoins, s’il sait que pour obtenir le résultat qu’il souhaite il faut abattre ses cartes, il n’hésitera pas à le faire.
Planet : Pensez-vous qu’il présentera sa candidature pour 2017 ?
François Bazin : Plusieurs éléments semblent converger en ce sens. D’abord, parce que pour tous les présidents de la République, ne pas se présenter à sa propre succession signifie que l’on n’assume pas son bilan. C’est comme un constat d’échec. Ensuite, on n’a rarement vu un président si jeune ne pas le faire. Enfin, deux ans avant la fin de son mandat, un président ne pas annoncer qu’il ne se représentera pas. Ce ne serait pas une bonne idée. Cela renverrait l’image de quelqu’un qui a déjà abandonné. Aussi, même s’il n’en a pas l’intention, François Hollande a tout intérêt à laisser penser qu’il se présentera en 2017. La seule chose qui pourrait faire qu’il ne le fasse, serait la certitude d’une catastrophe. François Hollande redoute un échec semblable à celui du 21 avril. Ce serait une véritable humiliation politique pour lui.
D’un autre côté, son optimisme pourrait quand même le pousser à tenter l’aventure. D’autant que le paysage politique actuel est si déstructuré, le jeu politique est encore tellement fluide que le président peut penser avoir encore toutes ses chances.
Planet : Selon vous, François Hollande a ‘sauvé sa popularité’ grâce à la manière dont il a géré les attentats de janvier. Comment cela ?
François Bazin : Le risque pour François Hollande était que son quinquennat se termine avec rien. Grâce à sa gestion de ces évènements tragiques, dans le futur, il y aura toujours quelqu’un pour rappeler ce qu’il a fait à ce moment-là. Souvenez-vous du deuxième mandat de Jacques Chirac, il n’était pas brillant. Pourtant, on se souvient tous de la Guerre en Irak. En politique, une décision peut sauver la réputation d’un président.
D’ailleurs en marge des récent attentats qui ont frappé la France, on a entendu des membres du Parti socialiste dire que la Gauche avait ‘retrouvé sa fierté’. De même, beaucoup de Français qui n’osaient plus dire qu’ils avaient voté pour lui en 2012, on à nouveau assumé leur vote. ‘Finalement, sur ce coup-là, il a assuré’, se sont-ils dits. L’action de François Hollande pendant les attentats de janvier n’a pas effacé la déception ni le désamour qu’il a pu provoquer chez certains électeurs mais elle a permis de faire naître un petit moment, un petit sursaut qui se mélange au reste pour faire sa réputation. En ce sens, la politique est comme la cuisine, un tout petit ingrédient peut totalement changer le goût d’un plat !"
*François Bazin est l’auteur "Les ombres d’un président" (ed. Plon)