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Emmanuel Macron : un président de plus en plus impopulaire ?
Plus d'un Français sur deux en est persuadé : Emmanuel Macron et son gouvernement n'obtiendront pas de résultat d'ici à la fin du quinquennat. C'est en tout cas ce qui ressort de la dernière étude BVA diffusée ce vendredi 15 novembre 2019 et réalisée pour Orange, RTL ainsi que La Tribune, rapporte BFMTV. Autre camouflet pour le président ? 57% des sondés affirment soutenir – ou au moins approuver – le mouvement de grève du 5 décembre qui, selon L'Express, "tétaniserait" le chef de l'Etat.
Une nouvelle enquête qui, comme le rappelait Europe 1 en octobre de la même année, tranche avec la tendance engagée depuis le début du "grand débat" organisé dans l'espoir de trouver une porte de sortie à la crise des "gilets jaunes". Pourtant, même quand il continuait à engranger des points, Emmanuel Macron un taux de mécontents fort, qualifié de "stable" à 64%. Ce qui soulève une question simple : qui, aujourd'hui, soutient encore le fondateur d'En Marche ? Qui voterait pour lui, dans l'immédiat ? À quoi ressemble un macroniste "standard" ?
"Les principaux supporters d'Emmanuel Macron, aujourd'hui, sont ceux que l'on retrouvait déjà dans son socle électoral du premier tour, en 2017. Sociologiquement aussi bien que socialement, ils incarnent cette frange de la France qui réussit", explique Bruno Cautrès, enseignant-chercheur CNRS, membre du CEVIPOF et politologue, pour Planet. "Il est assez facile de brosser le portrait type de celles et ceux qui soutiennent le président : il s'agit de retraités, souvent âgés de plus de 65 ans, mais aussi de catégories socio-professionnelles favorisées, qui bénéficient donc de revenus plus élevés, mais aussi qui sont souvent plus diplômées. C'est notamment le cas des cadres ou des professions libérales, par exemple", détaille le politologue. "Un souci demeure cependant : la base dont dispose Emmanuel Macron s'avère de plus en plus restreinte", alerte-t-il encore.
Emmanuel Macron : des soutiens de plus en plus fragiles ?
C'est l'un des dangers auquel est confronté le président : il commence à décevoir au sein même de son socle électoral. "La popularité d'Emmanuel Macron est stable, quoiqu'elle affiche une légère tendance à la baisse. Cette lente érosion n'a rien de spectaculaire, certes, mais elle est bien réelle et témoigne d'ailleurs d'une fragilité", analyse l'enseignant-chercheur pour qui le sondage BVA est représentatif d'une des faiblesses du chef de l'État.
En effet, 61% des Françaises et des Français estimeraient que le locataire de l'Élysée agirait "au jour le jour". Au total, ils ne seraient que 38% à penser de lui qu'il "sait ou il va", un nombre en chute de quatre points.
"C'est problématique pour Emmanuel Macron car l'un de ses atouts, aux yeux de ses sympathisants au moins, c'était sa capacité à fixer un cap et à s'y tenir. Aujourd'hui il donne le sentiment de tâtonner, d'avoir perdu la boussole qu'il avait au début de son mandat", juge le membre du CEVIPOF, pour qui le début de la crise commence avec les "gilets jaunes".
Du reste, certains électeurs continuent à défendre leur champion. Mais pour combien de temps ? Pour Bruno Cautrès, la question se pose. "De nombreux sympathisants insistent encore pour qu'il soit laissé à Emmanuel Macron le bénéfice du doute. Dans les arguments avancés pour le protéger, il est souvent fait mention du fait qu'il tente des choses et qu'il faudrait lui laisser sa chance. C'est un discours qui, le temps passant, devient de plus en plus difficile à tenir face à ceux qui ont cessé de croire en lui", précise-t-il.
Et pour cause ! Le livre-programme du président de la République, qu'il a intitulé Révolution, reposait en grande partie sur la notion de rupture avec le quotidien. "Si les Françaises et les Français ne constatent pas de différence spectaculaire entre la période Macron et la vie qu'ils menaient avant son élection, il lui deviendra très difficile de se maintenir", prédit le politologue.
Immigration, oeillades à droite… Emmanuel Macron a-t-il bousculé son électorat traditionnel ?
Certes, les soutiens actuels d'Emmanuel Macron ressemblent beaucoup à ceux qu'il avait déjà par le passé, quoique sa base soit peut-être plus limitée qu'auparavant. Est-ce à dire que son électorat n'a pas bougé pour autant, en deux ans et demi de mandat ? Pas nécessairement.
"Sociologiquement et socialement, l'évolution n'est pas flagrante", commence Bruno Cautrès. Pourtant, il estime lui aussi que le visage du macroniste a évolué depuis l'élection présidentielle de 2017.
"C'est politiquement que l'électorat d'Emmanuel Macron a le plus évolué : il était initialement soutenu par un centre gauche qui ne s'y retrouve plus aujourd'hui et il a dorénavant le soutien d'un pan du centre droit français. C'est le cas depuis la réforme de la SCNF, que désiraient notamment ces électeurs et qui, à l'inverse, a froissé ses soutiens traditionnels. Comme cela a pu être le cas de la réforme de l'assurance-chômage ou de la réforme des retraites par exemple…", poursuit le politologue.
Pour autant il n'est pas uniquement question d'action politique : le style constitue aussi un véritable sujet. "S'il passe bien aux yeux du centre-droit c'est aussi parce qu'il a une certaine façon d'exercer le pouvoir, d'être, qui le rend sympathique à cet électorat", souligne le membre du CEVIPOF pour qui, en dépit de sa volonté d'échapper au clivage gauche-droite "Emmanuel Macron s'ancre plutôt comme un président de centre-droit". "Il a quelque chose de giscardien-libéral-réformateur européen", explique l'enseignant-chercheur.