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Coup de tabac sur le monde politique, à moins de 4 ans des prochaines élections présidentielles. C’est acté, le scrutin 2027 se fera sans Emmanuel Macron : “Funeste connerie” grince l’intéressé, mais une “connerie” constitutionnelle quand même. Et alors qu’En marche a rebattu les cartes et retiré aux partis traditionnels de gauche et de droite l’évidence démocratique qui les réunissait bien souvent au second tour, voilà que le parti présidentiel peine à dégager un providentiel leader pour succèder à Emmanuel Macron. C’est dans ce contexte embrumé que l’institut d’étude d’Opinion Opinionway a publié un sondage coup de poing : Edouard Philippe serait l'homme politique “le plus à même de rassembler la droite et le centre” à la prochaine élection présidentielle, selon 42 % des sondés. Il cavalcade loin, très loin devant Bruno Le Maire (27 %), Gérald Darmanin (22 %), qui s’est pourtant fait omniprésent cet été, Xavier Bertrand (22 %), Laurent Wauquiez (17 %) ou encore François Bayrou (14 %). Il décroche aussi la première place quant à son attractivité électorale devant Marine Le Pen : 33 % des sondés seraient tentés de voter pour lui à la prochaine présidentielle, contre 30 % pour la dirigeante d'extrême droite.
Des chiffres impressionnants, mais encore insuffisants pour faire sortir Edouard Philippe du bois. “On verra”, a-t-il balayé après une question sur sa possible candidature en 2027, sur TF1 dimanche 10 septembre. C’est trop tôt, c’est trop loin, peut-être. “Ceux qui vous disent qu’ils n’y pensent jamais vous racontent des cracks”, glisse-t-il cependant à l’évocation de la course à l’Élysée. En attendant, on ne se défait pas de cette impression que l’ancien ministre macroniste avance ses pions, à pas de loup.
Un capital sympathie
Il faut dire qu’Edouard Philippe peut compter sur un solide capital sympathie hérité de son mandat à Matignon. Sorti à l’aise dans les sondages en 2020 d’un mandat pourtant marqué par le premier confinement, l’homme peut se targuer d’avoir été élu personnalité politique préférée des Françai s en février dernier, selon un sondage Odoxa. En juin, un sondage pour Paris Match lui octroyait encore des résultats très favorables : 54% des sondés le jugent compétent, 48 % jugent qu’il possède la stature d’un président de la République et qu’il est rassurant, 46 % qu’il est porteur d’une vision pour le pays, 43 % qu’il est capable de réformer le pays. Une durabilité dans le cœur des Français dont peu peuvent se targuer. Sans doute la révélation de ses maladies, l’alopécie et le vitiligo, en plus de faire parler de lui, a-t-elle aussi amené la compassion de certains Français : “J’ai coutume de dire que si les Français se disent qu’il faut impérativement que les candidats aux élections aient de longs cheveux, je n’ai aucune chance”, plaisante-t-il sur le plateau de TF1.
La parole rare
Sa présence à la télévision rompt, ne serait-ce qu’un peu, avec la stratégie qui semble avoir été celle du maire du Havre ces derniers mois. Méthodiquement, il a ainsi sillonné la France, ici à Clermont-Ferrand, là dans le Finistère, ou encore à Arès. “Il n’y a pas de caméras qui me suivent, c’est plus facile et je dois dire : beaucoup plus agréable”, confiait-il en juin à France Bleu. “Quand on a décidé de compter, de peser dans le débat public, il vaut mieux parcourir la France plutôt que de parcourir les plateaux de télévision.” A Orléans, il statuait : “Je fais un travail de réflexion en profondeur”, consistant à “prendre le pouls du pays, le pays réel”. “La stratégie est de parler à bon escient pour garder l’oreille des Français. Il a décidé de ne pas hurler avec les loups et ne pas s’abîmer dans les polémiques, beaucoup pourraient d’ailleurs s’en inspirer”, explique à 20 Minutes Cendra Motin, référente Horizons en Auvergne-Rhône-Alpes. Partout et nul part, il joue la carte du surplomb, de la parole rare, se contentant de donner par bribe son opinion sur les initatives de l’exécutif, comme dans son livre “Des lieux qui disent”, qui paraît ce mercredi 12 septembre. Encore une carte dans le jeu de 2027.
Horizons, le cheval de troyes
La semaine est chargée pour Edouard Philippe : dans la lignée de la sortie de son livre, le patron du parti Horizons, qu’il a créé en 2021, organise ses journées parlementaires et une assemblée des maires, jeudi 14 et vendredi 15 septembre à Angers. “La vocation d’un parti politique, c’est de conquérir le pouvoir démocratiquement”, a d’ailleurs reconnu sans ambages sur TF1 le président d’Horizons, qui compte aujourd’hui 20 000 adhérents et propose une “Nouvelle offre politique”. Parti de la majorité avec ses 30 députés assis sur les bancs de l’Assemblée nationale, Horizons a su en peu de temps s’imposer comme le “pillier droit” de Renaissance, et constitue un soutien de taille en vue d’une éventuelle candidature d’Edouard Philippe en 2027.
La peur du syndrome “Juppé”
Si le sondage Opinionway révèle le confortable coussin d’opinion dont bénéficie l’homme politique, l ’intéressé se veut prudent. “Quand on a travaillé avec Alain Juppé, on sait la valeur que l’on doit accorder au caractère prédictif des sondages : c’est une valeur quasi-nulle”, a tempéré sur TF1 l’ancien lieutenant du maire bordelais, qui se souvient de la douche froide essuyée par son mentor, défait en 2017 face à François Fillon alors que les sondages lui donnaient la victoire. Une blessure politique qui pourrait tourner à l’avantage d’un candidat potentiel, dès lors conscient du chemin politique qu’il lui reste à parcourir et du risque d’essouflement.