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Planet : Marine Le Pen semble avoir fait de Brachay sa Roche de Solutré (en référence à François Mitterrand qui gravissait chaque année la pente douce de cette roche calcaire en Saône-et-Loire). Qu’en pensez-vous ?Gérard Marchand : "Cela ne me déplaît pas. Au contraire, c’est même positif pour un petit village comme le nôtre dont personne ne parle d’ordinaire. Et puis si Marine Le Pen veut faire de Brachay le symbole de la « France des oubliés », tant mieux puisque nous somme véritablement des oubliés. Lorsque de grandes décisions ou évolutions sont prises comme avec la fibre optique par exemple, nous sommes rarement concernés. Et si la présidente du FN veut venir nous rendre visite chaque année, qu’elle le fasse. Elle est la bienvenue. D’ailleurs, elle a promis de venir une fois par an jusqu’aux prochaines élections présidentielles.
Planet : Comment Marine Le Pen est-venue pour la toute première fois à Brachay ?Gérard Marchand : En 2012, quelques temps avant l’élection présidentielle, j’ai été contacté par le staff de Marine Le Pen qui m’a proposé qu’elle et son équipe viennent dans le village, rencontrer les habitants. Comme je vote toujours FN au premier tour des élections présidentielles, j’ai accepté. La présidente du Front National est donc venue visiter la ferme que je partage avec deux autres co-gérants avant de prononcer un discours à la salle des fêtes. Nous avons essayé de la recevoir du mieux qu’on le pouvait, et cela a visiblement fonctionné puisqu’elle nous a remerciés pour le ‘chaleureux accueil’ que nous lui avons fait. Elle a même confié être ‘émue’ d’avoir été reçue comme ça. Avec près de 400 personnes réunies pour l’occasion, c’était quand même un sacré évènement pour notre petit village !
Planet : A l’issue de cette première rencontre, que s’est-il passé ?Gérard Marchand : Marine Le Pen m’a d’abord remis une carte du Front National. Jusque-là, je n’étais pas étiqueté FN. Et puis, elle m’a promis de revenir. Je lui ai pourtant dit : ‘on ne vous reverra jamais’ et j’en étais d’ailleurs convaincu à l’époque, mais elle m’a répété à trois reprises : ‘je reviendrai’. Et alors que nous avons réalisé 72% des suffrages pour le FN au premier tour des élections de 2012, le staff de Marine Le Pen m’a recontacté en août 2013 en vue d’organiser une deuxième rencontre. Je dois avouer qu’après tout ce temps, je ne croyais plus beaucoup en sa promesse. Et j’avais tort. La présidente du FN est donc revenue le 6 octobre dernier et là, nous étions près de 700 personnes réunies.
Planet : Les visites de Marine Le Pen dans votre village, ont-elles divisé les habitants ?Gérard Marchand : Tous les habitants ne partagent pas les mêmes idées que Marine Le Pen, c’est évident. Mais dans l’ensemble et au vu du score que nous avons réalisé en 2012, nous sommes quand même majoritairement d’accords avec elle. Ceux qui ne le sont pas se sont tenus à l’écart pendant ses visites, et certains curieux se sont furtivement approchés. Dans l’ensemble, ces visites n’ont absolument pas été source de discorde entre nous. Nous sommes tolérants les uns envers les autres.
Planet : Avez-vous souffert de ce lien avec le FN clairement affiché ?Gérard Marchand : Nous avons été taxés de racistes alors que c’est faux. A Brachay nous ne sommes pas racistes. Ce que nous reprochons aujourd’hui c’est la politique de la France concernant l’immigration. Tous les immigrés qui sont venus après les guerres nous ont aidé à reconstruire le pays, se sont intégrés et c’est très bien. Mais maintenant nous n’avons plus besoin de personne. Nous sommes suffisamment nombreux et il faut stopper l’hémorragie. Nous aimerions par ailleurs que le gouvernement prenne des mesures plus fermes, notamment vis-à-vis des Roms qui sont jugés, rejugés, renvoyés chez eux et qui finissent toujours par revenir.
Planet : Pensez-vous que les habitants de Brachay voteront majoritairement pour le FN aux prochaines élections municipales ?Gérard Marchand : Vous savez, dans les campagnes les gens ne votent pas pour un parti mais pour une personne. Le plus important pour ces électeurs c’est la proximité que vous pouvez avoir avec eux et ce que vous pouvez apporter à la commune. J’ai choisi de me représenter".