Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Planet : Selon vous, Arnaud Montebourg prépare son retour. Dans quel état d’esprit est-il actuellement ?Antonio Rodriguez* : "Arnaud Montebourg pense à son retour depuis 2014. On peut même dire qu’il y pensait avant, quand il était encore à Bercy. L’ancien ministre n’a jamais caché ses ambitions : il a toujours voulu être président de la République. Aujourd’hui il prépare son retour avec la ferme intention de s’imposer pour atteindre son objectif. Et cela se voit : dès qu’il le peut, il critique la politique menée par François Hollande. Il est presque dans un état d’esprit de revanche, même s’il ne le reconnaîtra jamais.
Planet : Certains de ses proches évoquaient un retour en 2022. Qu’en pensez-vous ? Antonio Rodriguez : Je pense que ce sera avant, en 2017. Toutes les conditions sont réunies. Ainsi qu’Arnaud Montebourg l’avait annoncé dès l’été 2012, le taux de chômage n’a pas baissé, le Front national a progressé et le PS est fracturé. Des conditions parfaites pour celui qui veut se présenter comme une ‘alternative’ à la politique actuelle. Le terrain est propice à son retour, il lui serait difficile de laisser passer une telle opportunité.
Planet : Comment compte-t-il s’y prendre ?Antonio Rodriguez : Arnaud Montebourg procède en temps deux. Actuellement, il critique le gouvernement, c’est son programme, et défend le made in France, son héritage. En parallèle, il assure également son indépendance en se formant au management et en investissant dans des entreprises. Ainsi, personne ne pourra exercer de pression financière sur lui. L’ancien ministre organise également des réunions de travail avec ses proches… La phase 2 consistera ensuite en l’annonce de sa candidature à la prochaine élection présidentielle ou à la primaire de la gauche si jamais il y a en une. Et là, lui seul décidera du moment opportun.
Planet : Arnaud Montebourg est en couple avec Aurélie Filippetti. L’ancienne ministre prend-elle part aux projets de son compagnon ? Antonio Rodriguez : Je n’ai pas rencontré Aurélie Filippetti pendant la préparation de mon livre. Mais j’ai senti son influence. Tous les deux se complètent bien. L’ancienne ministre de la Culture dispose d’un solide réseau au sein du Parti socialiste, ce qui compense la tendance de son ex-collègue a en être toujours en dehors.
Planet : François Hollande devrait-il craindre le retour d’Arnaud Montebourg ? Antonio Rodriguez : Oui, c’est certain. Arnaud Montebourg est intouchable grâce à l’indépendance qu’il s’est garantie. Il peut donc gêner l’éventuelle candidature de François Hollande en 2017. Deux scenarios sont alors possibles : soit l’ancien ministre l’emporte contre l’establishment, à l’instar de Jeremy Corbyn, le nouveau chef du parti travailliste en Grande-Bretagne ; soit il fait émerger un nouveau parti, indépendant du parti traditionnel. Alors que les sondages montrent que pour la prochaine élection présidentielle les Français ont envie d’un candidat jeune, issu d’un nouveau parti ou même en dehors de la politique, il apparaîtrait ainsi vraiment comme une ‘alternative’ au PS.
Plusieurs signes vont dans ce sens. On a souvent entendu le frondeur dire qu’il ne se reconnaissait pas dans le PS, et même qu’il était ‘orphelin’. Il se dit également ‘gaulliste’, ce qui le place au-dessus des clivages politiques. C’est là encore, une manière de se mettre à part. Enfin, Arnaud Montebourg, annonce déjà la couleur et dénonce le ‘sarkhollandisme’, la politique économique menée depuis ces dix dernières années et donc, par François Hollande et Nicolas Sarkozy, ses deux potentiels rivaux pour 2017".
*Antonio Rodriguez est l’auteur de L’alternative Arnaud Montebourg (éd. Cherche Midi)