De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Bruno Le Maire a-t-il gagné ? Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance s'est montré particulièrement insistant : il veut, d'ici la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron, une réforme des retraites. Pourtant, a fait savoir le président, ce sujet ne constitue plus la priorité absolue du gouvernement. Il n'est d'ailleurs pas le seul à l'avoir rappelé au transfuge de la droite, souligne le site spécialisé Mieux Vivre Votre Argent. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, n'a eu de cesse de dire que tous les efforts devaient se concentrer sur l'épidémie de coronavirus Covid-19. Et de rappeler, pas plus tard que le mois dernier, qu'aucune "rencontre à ce sujet" n'était "prévue dans l'agenda social".
Pourtant, le sujet ne meurt pas. La réforme des retraites - telle que souhaitée par Emmanuel Macron et défendue en première partie de sa mandature, en tout cas - ne devrait pas se faire. Le président de la République n'a de toute façon plus assez de temps pour révolutionner le système de solidarités français, ainsi que nous l'expliquait récemment l'économiste Frédéric Farah. Cela étant, à en croire Frédéric Sève, le secrétaire national chargé des retraites à la Confédération française démocratique du travail (CFDT), il est tout à fait raisonnable de s'attendre à des transformations moins ambitieuses… mais tout aussi préoccupantes pour le travailleur lambda. Explications.
Réforme des retraites : ce qui pourrait vous tomber dessus d'ici la fin de la mandature
L'expert syndical, qui répondait récemment aux questions du magazine Dossier Familial, anticipe des "mesures paramétriques", visant à faciliter le financement de notre régime de retraites. Ces dernières, assure-t-il, font "débat au sein de la majorité". Et pourrait potentiellement mener à un relèvement de l'âge légal de départ à la retraite. Vous espériez partir d'ici quelques années ? Il va peut-être - sans doute ? - falloir revoir vos plans…
Réforme des retraites : c'est quoi une mesure paramétrique ?
La réforme des retraites, promet Bruno Le Maire, viendra. "Quand la crise économique sera derrière nous, quand on aura retrouvé la croissance, quand on aura vu que la machine économique redémarre", précise-t-il. Parce qu'il ne faut pas perdre de vue qu'il y a "un certain nombre de choses qui doivent rester dans nos grandes orientations politiques".
Mais en quoi consisterait une réforme "paramétrique", ainsi que l'a toujours - ou presque - défendue le ministre ? Comme son nom l'indique, il s'agirait alors de jouer sur les paramètres de notre système, plus que de le reposer à plat. Dans ce type de configuration, le gouvernement dispose de plusieurs leviers : le niveau de pension, l'âge légal de départ à la retraite et finalement la durée de cotisation nécessaire pour prétendre au taux plein. Il peut relever - ou abaisser - certains de ces critères pour mieux financer son régime.
Certains paramètres ne seront probablement pas touchés. Cependant, compte tenu de la situation actuelle, il n'est pas impossible que le gouvernement retarde l'âge légal de départ à la retraite - la durée de cotisation nécessaire augmentant progressivement d'année en année, du fait de la réforme Touraine de 2014. Il est théoriquement en mesure de le faire.
Si l'âge légal n'est pas touché d'ici 2022, faut-il craindre qu'il ne le soit après ?
A l'origine, le président de la République s'était engagé à ne pas modifier l'âge légal de départ à la retraite - ce qui ne l'empêchait cependant pas d'imposer un âge pivot, en dessous duquel il est théoriquement permis de liquider ses droits… Pour peu que l'on accepte de vivre avec une décote sur le montant de sa pension. La solution a été longuement discutée en amont de la réforme engagée avant la crise sanitaire et dorénavant laissée de côté.
Pour autant, poursuit Mieux Vivre Votre Argent, le Sénat ne le voyait pas de cet œil. En novembre 2020, il a donc adopté un amendement permettant le report sous conditions de l'âge légal de départ à la retraite. En cas d'échec de la conférence de financement du système, que la chambre souhaitait relancer, le curseur légal devait passer de 62 ans à 63 ans en 2025. Même si la mesure n'est pas nécessairement acceptée en nouvelle lecture au Palais Bourbon, elle pourrait pousser les candidats à la prochaine élection à se positionner sur le sujet.