Mort d’Elizabeth II : pourquoi 1992 restera l’année maudite de son règne

1992 restera la pire année du règne d'Elizabeth II, morte à 96 ans ce jeudi 8 septembre 2022. Pour sa 40e année sur le trône britannique, la reine se retrouve cette année-là dans la tourmente. Le 24 novembre 1992, elle prononcera un discours historique au Guildhall de Londres que l’on retiendra pour toujours comme celui de “L’annus horribilis”.

“1992 n’est pas une année sur laquelle je me pencherai avec un plaisir sans partage, elle restera comme un annus horribilis”, déclare alors la souveraine britannique.

Un terme latin qui signifie “année horrible” et qui est un jeu de mots faisant explicitement référence à l’“Annus Mirabilis”, l'année miraculeuse de 1666 célébrée dans un poème de John Dryden publié en 1667. Divorce de ses enfants, incendie du château de Windsor, frasques de Sarah Ferguson, livre scandaleux de Lady Diana… La couronne britannique et Elizabeth II seront mises à mal en cette année 1992, terrible pour la famille royale. 

Elizabeth II : les séparations en série de ses enfants

1992 restera comme l’année d’une série de séparations et de divorces des enfants de la reine. Si la princesse Anne se sépare en réalité de Mark Phillips en 1989, leur divorce sera officiellement prononcé le 23 avril 1992. Le 20 août 1992, c'est le scandale “Fergie” met à mal toute la réputation de la famille royale. Le Daily Mirror republie des photos d’un magazine français montrant Sarah Ferguson, femme du prince Andrew, en train de batifoler sur un transat dans le Var avec son conseiller financier . Le couple princier était séparé depuis le mois de mars.

Le hasard fera mal les choses puisque Sarah Ferguson était avec la reine à Balmoral le jour de la publication de ces photos scandaleuses. La duchesse tombera à partir de cette date en disgrâce dans toute l’aristocratie britannique. Le 9 décembre 1992, c'est le coup de grâce puisque le Premier ministre John Mayor annonce la séparation du prince Charles et de la princesse Diana devant la Chambre des communes. “Le palais de Buckingham annonce avec regret que le prince et la princesse de Galles ont décidé de se séparer”, a-t-il annoncé. 

En juin 1992, la princesse Diana avait déjà créé un scandale et mis à mal la réputation de la famille royale avec la parution d’une biographie intitulé Diana : true story qui révèle notamment l’infidélité du prince Charles et le mal-être et les troubles alimentaires de la princesse. Le livre entache un peu plus l’image de la famille royale et régale les tabloïds pendant des mois. 

Elizabeth II : le traumatisme de l’incendie du château de Windsor

Le 20 novembre 1992, soit quatre jours avant le discours de la reine, un gigantesque incendie se déclare dans le château de Windsor. “Un incendie, provoqué par une lampe qui met le feu aux rideaux de la chapelle privée de la reine, menace de détruire le château que Samuel Pepys qualifiait de ‘plus romantique au monde’”, précise dans la biographie Majesté : Le règne d’Elisabeth II, Bertrand Meyer-Stabley, longtemps correspondant de presse à Londres, puis journaliste à Elle.

Le prince Andrew, en week-end à Windsor, se précipite alors pour sauver les trésors de sa mère en rejoignant les chaînes d’employés qui évacuent les meubles et autres tableaux du château. “La reine est anéantie, absolument anéantie. Elle aide à sortir des trucs du château, des œuvres d’art…”, répondra à l’époque Andrew au journaliste de CNN. 

Le drame d’une dynastie désemparée

“Les images, ce 20 novembre 1992 de la reine errant au milieu des décombres fumants du château, dans la cour, en bottes et en ciré, symbolisent aux yeux de l’opinion le drame d’une dynastie désemparée. Et ce discours de la reine, au Guildhall, intervient seulement 4 jours après l’incendie du château, elle a la voix éraillée parce qu’elle a respiré des fumées”, analyse auprès de France Culture Isabelle Rivère, journaliste, spécialiste des familles royales.

1992 : son discours de Noël révélé par le Sun

Bertrand Meyer-Stabley révèle dans sa biographie la principale cause de la détresse de la reine en cette année maudite. “La journaliste Tina Brown donne l’une des raisons de la mélancolie de la reine en cette sinistre année 1992”, précise l’auteur de l’ouvrage.

“L’un des plus proches conseillers de la reine à l’époque m’a raconté que sa plus grande détresse, durant cette annus horribilis, n’avait été suscitée ni par l’incendie du château, ni par les déboires conjugaux de ses fils, mais par la publication dans le Sun du texte intégral du discours de Noël de la reine deux jours avant sa diffusion”, confiera la journaliste.

Une année noire qui n'empêchera pas la reine de rétablir la confiance de son peuple en la famille royale. Son décès a suscité des milliers d'hommages à travers le monde.