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Il est surnommé "l’Ogre des Ardennes". Michel Fourniret est un tueur en série français, dont les victimes sont principalement des jeunes filles, qui vivaient en France et en Belgique. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour cinq meurtres et deux assassinats, mais il est mis en cause dans plusieurs autres affaires. La disparition d’Estelle Mouzin, en 2003, est la dernière en date. 17 ans après les faits, Michel Fourniret est passé aux aveux en mars dernier, après de premières déclarations faites en novembre 2019. Il a été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivi de mort dans ce dossier.
Michel Fourniret : la piste Estelle Mouzin
Selon les informations de 20 Minutes, des fouilles vont être organisées lundi 22 juin dans deux lieux bien connus du tueur en série. Les enquêteurs vont d’abord se rendre au château du Sautour, où les cadavres de deux victimes de Michel Fourniret avaient été découverts en 2004. Ils devraient ensuite se rendre dans sa maison de Ville-sur-Lumes (Ardennes). 17 ans après les faits, les forces de l’ordre espèrent retrouver le corps de la fillette, enlevée lorsqu’elle avait huit ans. D’après le quotidien, la juge d’instruction en charge du dossier envisagerait également d’autres fouilles, dans une carrière de sable des Yvelines près d’un ancien domicile de Michel Fourniret.
L’Ogre des Ardennes a été suspecté dans la disparition d’Estelle Mouzin peu de temps après les faits, mais son implication n’a jamais pu être prouvée par les enquêteurs. Interrogé par Le Figaro peu après les aveux de Michel Fourniret, le père d’Estelle Mouzin a jugé que ce revirement n’était pas suffisant : "Je n’accorde aucun crédit aux déclarations de Michel Fourniret. Pour moi, ses aveux sont vides de sens tant qu’il n’y aura pas des éléments de preuve". Ces dernières années, le tueur en série a pris un malin plaisir à jouer avec les juges, mais aussi avec les familles de ses victimes, en les menant sur de fausses pistes. Met-il en place le même scénario dans l’affaire Estelle Mouzin ? Le journaliste Oli Porri Santoro a du mal à croire que l’Ogre des Ardennes soit impliqué dans la disparition de la fillette. Il faut dire qu’il connaît bien Michel Fourniret, qu’il a pu rencontrer en prison en y accompagnant le fils du tueur, Selim. Une rencontre lors de laquelle l'Ogre des Ardennes leur a confessé un meurtre...
Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Selim Fourniret ?
Oli Porri Santoro : A ce moment-là on est en 2013, je suis chez ma grand-mère et je vois passer une rediffusion de Faites entrer l’accusé sur l’affaire Fourniret, que je ne connaissais pas. Pour moi, il était synonyme de Dutroux, mais je ne connaissais pas vraiment les ressorts cachés de l’affaire, j’entends parler du gang des postiches etc. Je me souviens que l’émission se terminait par ces mots : "Selim, le seul fils du couple diabolique, a changé d’identité et a refait sa vie dans le sud de la France". Là je me dis que j’ai une carte à jouer, je réussis à le retrouver, sachant qu’il a changé de nom de famille. Je lui envoie une lettre, à laquelle il ne répondra pas pendant un an. Il acceptera de me rencontrer en 2014 et je l’interview alors pour VSD...
Michel Fourniret : "Il a fondu en larmes, on pouvait en faire ce qu'on voulait"
Comment en êtes-vous arrivés, tous les deux, à vouloir piéger Michel Fourniret ?
Oli Porri Santoro : Le lendemain de notre rencontre, Selim reçoit une lettre de Michel Fourniret, dont il n’avait plus aucune nouvelle depuis dix ans. Il pense alors que je suis de mèche et m’appelle, furieux contre moi ! Je démens évidemment toute implication, mais lui soumets mon idée : que je devienne Selim Fourniret, avec sa complicité. Je me propose d’être la voix et lui la plume. Pendant plusieurs années on a donc manipulé un manipulateur autoproclamé et Michel Fourniret ne s’est rendu compte de rien jusqu’à notre rencontre le 16 janvier 2016…
Comment s’est déroulée cette rencontre ?
Oli Porri Santoro : L’intérêt de cette opération contre son père était, pour Selim, de rendre les coups à cet homme qui lui a gâché la vie. J’ai pu pénétrer dans la prison avec Selim en avançant que j’étais son soutien moral, c’est comme ça qu’on s’est retrouvé dans une pièce de 4 mètres carrés avec Michel Fourniret. Il ne savait absolument pas que j’étais journaliste. Notre deuxième intérêt, en venant le voir, était vraiment de le manipuler, on avait préparé un plan, on savait qu’il fallait le briser psychologiquement pour le faire parler, sans pitié. C’est pour ça que j’ai dit à Selim d’appuyer où ça fait mal pour son père : la mort de son fils Nicolas, happé par une broyeuse à bois en 1996. À l’évocation du prénom de son fils, Michel Fourniret a fondu en larmes et c’était fini, on pouvait en faire ce qu’on voulait...
Michel Fourniret : "Il n'avait aucune raison de mentir à son fils"
Ce jour-là, Michel Fourniret fait une confession troublante…
Oli Porri Santoro : Michel Fourniret ne savait pas que c’était son fils qui venait lui rendre visite. En le voyant il nous dit : "Je pensais que c’était encore la juge Sabine Khéris qui venait me parler d’Estelle Mouzin. Je n’ai rien à voir dans l’affaire Estelle Mouzin". Puis il ajoute : "Joanna Parrish, c’est différent, là j’ai quelque chose à voir. C’était moi, oui". Il était dans une confession intime, totale, il n’avait aucune raison de mentir à son fils.
S'il a nié auprès de vous, pourquoi avouer maintenant ?
Oli Porri Santoro : Pour moi Monique Olivier ment, car elle espère une réduction de peine, elle espère pouvoir sortir et revoir ses enfants. C’est facile de faire parler quelqu’un qui a le cerveau rongé comme un gruyère, donc pour moi c’est un scénario.
Comment va Selim aujourd’hui ?
Oli Porri Santoro : Selim est la dernière victime de toute cette affaire. Michel Fourniret lui a bousillé la vie. Selim a le cœur sur la main, il se tue à faire le bien, il aide des enfants malades… C’est quelqu’un qui travaille beaucoup, qui a beaucoup d’humour, qui adore faire des blagues et des jeux de mots.