De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Emmanuel Macron menacé par les "gilets jaunes" : ces chiffres qui pourraient l’angoisser
Le 17 novembre dernier, les "gilets jaunes" se réunissaient pour la première fois, déclamant leur colère à l’aide de blocages ou d’opérations "péages gratuits", partout en France. Ils n’ont eu de cesse, depuis, de se faire entendre par l’exécutif – ce qu’ils n’auraient pas su faire jusqu’à présent, de l’aveu de certains d’entre eux. Pourtant, il est indéniable que le mouvement a pris auprès de tout un pan de la population.
En effet, d’après Le Monde, le mouvement était soutenu par 51% des Français le 7 novembre (sondage IFOP). Et si le 21 ils n’étaient plus que 42%, c’est en grande partie dû aux professions intermédiaires, intellectuelles ainsi qu’aux cadres qui se sont considérablement désolidarisés des "gilets jaunes", en qui les ouvriers se reconnaissent encore majoritairement (61%). C’est vrai aussi pour les employés qui sont 56% à partager cet avis et les ruraux (57%).
Par ailleurs, l’écrasante majorité des Français sont d’accords sur un élément : ils sont 76% à juger "insuffisantes" les mesures annoncées par le président de la République pour calmer la grogne, selon un sondage OpinionWay pour LCI.
"Plus que les gilets jaunes en eux-mêmes, c’est l’opinion publique qui représente une vraie menace pour Emmanuel Macron", estime pour sa part Christophe Bouillaud, politologue et professeur de science politique à l’IEP Grenoble. "L’opinion publique se retourne actuellement contre lui et d’ici quelques mois il ne pourra plus rien y faire. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le chef de l’Etat va continuer à chuter, sauf à réinventer sa politique économique et sociale qui n’est visiblement pas acceptée par les Français", poursuit-il.
Actuellement, le président de la République ne recueille que 26% d’opinions favorables, soit moins que François Hollande à la même époque de son quinquennat (29%) ou Nicolas Sarkozy (48%), selon le sondage BVA pour RTL, repris par Le Télégramme.
A cette descente rapide et très marquée, l’enseignant oppose une réponse simple : "Contrairement à François Hollande ou Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron n’est pas le président d’un camp. Pour ses prédécesseurs, c’était un avantage : même avec une faible popularité, les électeurs socialistes ou de droite continuaient à les percevoir comme leur président. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et c’est en partie pour cela que sa base fond comme neige au soleil."
Emmanuel Macron face un mouvement radical et dans la durée ?
Les "Gilets jaunes" se voulaient un mouvement de mobilisation sur la journée du 17 novembre, afin de dénoncer l’augmentation des prix du carburant, mais il semble désormais impossible de le circonscrire à cette simple revendication.
D’un mouvement de blocage sur des ronds-points et d’opérations de péage gratuit, les gilets jaunes se révèlent être une mobilisation aux revendications également politiques, visant directement le pouvoir et Emmanuel Macron.
Faisant écho à l’analyse de Christophe Bouillaud, sur le terrain ce sont les "Macron démission" qui retentissent, les journalistes qui sont visés et accusés d’être à la solde du pouvoir, ou même des domiciles d’élus qui sont "visités" parfois violemment par des groupes se revendiquant des "gilets jaune". Gage qu’au-delà des questions de pouvoir d’achat, c’est la classe politique qui est visée : la liste de revendications qu’ont remise deux représentants des "gilets jaunes" qu’a rencontrés le ministre de l’Ecologie, François de Rugy.
Eric Drouet et Priscilla Ludosky, présents depuis le début du mouvement, y font ainsi figurer des demandes assez éloignées du prix de l’essence, comme : la création d’une assemblée citoyenne, l’interdiction du glyphosate, l'augmentation des retraites et des aides financières aux étudiants, la réévaluation de l'aide personnalisée au logement (APL), mais aussi des demandes concernant la réduction du train de vie des politiques.
Difficile de projeter une analyse dans le futur, tant le mouvement manque d’organisation et de référentiel, même les huit porte-paroles désignés ne semblent pas faire consensus. L’éclatement de l’organisation sur les réseaux sociaux limite également les analyses en termes de mode d’action.
Selon Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégie d’entreprise de l’IFOP, et Sylvain Manternach, géographe, dans une note de la fondation Jean Jaurès, ce sont surtout les personnes "aux fins de mois difficiles qui se sont mobilisés". Dès lors, sans moyens financiers ni culture syndicale, il devient compliqué d’envisager un mouvement qui s’échappe des coups d’éclat pour s’inscrire dans un temps long. Un danger de moins pour Emmanuel Macron.
D’ici l’étiolement de la mobilisation attendu par l’exécutif, Eric Drouet, insatisfait de sa rencontre avec François de Rugy a enjoint à une nouvelle manifestation samedi sur les Champs-Elysées.
Emmanuel Macron : son étrange capacité à faire consensus contre lui
Le président de la République a tenté une sortie de crise, mardi 27 novembre. Son allocution sur la stratégie énergétique de la France lui a permis d’annoncer un ensemble de mesures supposément susceptibles de calmer la grogne. Pourtant, le crédit à la rénovation des fenêtres, les engagements sur le nucléaire, la nouvelle fiscalité des carburants ou les facilités d’achat promises pour le remplacement d’un véhicule polluant n’ont convaincu personne, rapporte le Journal du Dimanche (JdD). Les "gilets jaunes" sont déçus et pointent du doigt "le grand enfumage" ou le "mépris" du chef de l’Etat.
Les ONG environnementales soulignent pour leur part les incohérences du discours présidentiel, évoquant même un "double discours" d’après l’hebdomadaire. Les syndicats déplorent l’absence de "réponse très concrètes", comme le précise Laurent Berger (CFDT).
Quant aux oppositions politiques, toutes s’accordent à dire que la réponse d’Emmanuel Macron n’est pas adaptée. Jean-Luc Mélenchon parle d’une "heure de bruit présidentiel sans réponse à la situation d’insurrection citoyenne", Olivier Faure (PS) rappelle le mutisme de l’exécutif sur la question du pouvoir d’achat tandis que Yannick Jadot (EELV) déplore la volonté du chef de l’Etat de s’appuyer sur "les énergies du vieux monde". Marine Le Pen, dont les électeurs sont particulièrement engagés dans la mobilisation (68% d’entre eux se déclarent favorables aux "gilets jaunes"), s’insurge également de l’intervention du locataire de l’Elysée.
Peut-être plus révélateur, certains députés La République en Marche (LREM) ont fait part de leur déception. C’est le cas de Matthieu Orphelin… Mais également de Sonia Krimi, qui serait "incitée à quitter le groupe LREM" pour avoir porté un chasuble fluorescent, indique l’AFP.
"A court terme, ce n’est pas pour Emmanuel Macron que cette situation est la plus dangereuse. En tant que président de la Vème République, il bénéficie d’un blindage institutionnel que rien ne peut remettre en question", observe Christophe Bouillaud pour qui c’est Edouard Philippe qui devrait se faire le plus de soucis. "En effet, en cas de grave défaite aux élections européennes, ce qui est probable, le chef de l’Etat pourrait être tenté de faire sauter le fusible pour regagner quelques points de popularité. C’est une tactique régulièrement utilisée par les présidents en difficulté", analyse le politologue.
A long terme, en revanche, le danger est réel. "Si LREM est défaite lors des prochaines européennes – scénario tout à fait plausible – alors le parti aura beaucoup de mal à se reprendre et à réaliser un score convenable aux municipales. Mécaniquement, cela fragiliserait son implantation locale déjà assez faible", explique l’enseignant. Une situation qui n’aurait que des revers pour Emmanuel Macron… "Evidemment, un tel paysage politique pousserait les nouvelles ambitions à se détourner de LREM… Et à laisser le président seul en 2022. Ce qui compliquerait sensiblement sa réélection."
Contre toute attente – ou sans grande surprise, c’est selon – le principal artisan de sa chute ne serait autre qu’Emmanuel Macron, pour l’enseignant à Sciences-Po. "Son principal ennemi, ce n’est ni l’opposition, ni les gilets jaunes : c’est lui-même. L’opposition n’a pas à se fatiguer pour le voir tomber, c’est son incapacité à comprendre que sa politique sociale n’est pas approuvée qui le met ainsi en porte-à-faux vis-à-vis des Français."