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Business des Bleus : ce jour où tout a basculé
Voilà maintenant un mois et demi que l’équipe de France nous a fait vibrer au fil de ses 14 buts et de ses six victoires en sept matchs à l’occasion de la Coupe du monde de football. Un évènement qui, une fois n’est pas coutume, a suscité une ferveur nationale qui profite, aujourd’hui plus que jamais, à quantité d’acteurs. Peut-être moins aux fans de foot… Lesquels, dans leur grande majorité, doivent, au pire attendre encore quelques semaines afin de réussir à se procurer (c’est là toute la difficulté) le fameux maillot estampillé deux étoiles, au mieux se délester de 85 à140 euros pour une pièce, certes déjà culte, dont le prix de fabrication ne dépasserait pas, in fine, les 3 euros, soulignait il y a quelques temps déjà Le Journal du Dimanche.
A cela, s’ajoute un autre point à prendre en considération : la rémunération de la main d’œuvre. Comme le précise Capital, sur un modèle à 85 euros, ladite main d’œuvre toucherait seulement 1 % de cette somme, soit 85 centimes au final. Lorsque l’on sait que, depuis le sacre de l’équipe de France, les profits liés à la vente du nouveau maillot pourraient atteindre des sommets pour Nike, le très lucratif business qui entoure les Bleus se révèle déconcertant à plus d’un titre. Notamment sur le volet humain.
Reste que le business du foot et du sport en général "must go on" et que les retombées économiques pour les acteurs de ce secteur, à commencer par nos champions du monde, atteignent, aujourd’hui, des sommets. Voici ce qu’il en est.
Business des Bleus : des salaires qui affolent
En témoigne la récente enquête menée par Europe 1. Depuis leur victoire, les Bleus sont devenus de véritables poules aux œufs d’or que les clubs et les annonceurs se disputent et s’arrachent. Dans l’esprit des fans, des médias et des mastodontes de cette industrie, il convient désormais de surfer sur cette vague (bleue) afin d’en tirer un maximum profit. Prenons l’exemple de la révélation de ce mondial : Benjamin Pavard. Aujourd’hui, les marques se battent pour décrocher son image et nombreuses sont celles à lui proposer de collaborer avec elles pour effectuer des campagnes d’envergure.
Mais Pavard, comme ses comparses de l’équipe de France, n’a, a priori, pas besoin de cela. En devenant champion du monde, poursuit Europe 1, un joueur augmente de 15 à 30 % sa valeur sur le marché des transferts. Certains joueurs vont même jusqu’à voir bondir leur salaire de 700 %. Et ce n’est sûrement pas Kylian MBappé, fruit de toutes les attentions, qui dira le contraire.
Business des Bleus : et maintenant… Des petits clubs submergés par les demandes
Autre retombée économique - heureuse cette fois - directement liée à ce mondial. Celle qui concerne les clubs locaux. De fait, l’effet Coupe du monde est à l’origine d’une émulation et donc d’une recrudescence des licences sur les terrains amateurs. Un phénomène qui, en plus de cela, séduit de plus en plus les jeunes filles mais qui revêt surtout l’avantage de permettre aux clubs en question d’enregistrer des centaines de milliers de licences supplémentaires lorsque les Bleus gagnent un évènement d’une telle envergure.
En 1998 par exemple, la France avait enregistré pas moins de 250 000 licences supplémentaires les années ayant suivi le sacre de l’équipe de France. Cette fois, les professionnels du secteur misent sur une échelle de licenciés en plus comprise entre 100 000 et 150 000 personnes. Encore faut-il que ces clubs de plus petite facture disposent de moyens financiers et matériels suffisants pour accueillir ce surplus de licenciés footballistiques.
Compte tenu de la baisse des dotations à laquelle ils sont parfois confrontés, il relèverait, selon les spécialistes du secteur, de l’absolue nécessité d’effectuer quelques aménagements. Le but étant de composer avec ce regain d’intérêt.
Business des Bleus : et pendant ce temps-là, FFF et les sponsors vont bien…
D’un côté, celle que l’on ne présente plus : la FFF (pour Fédération française de football). De l’autre, les sponsors. Autrement dit : les marques. Celles-là même qui sont prêtes à débourser des millions d’euros pour que les visages de nos champions du monde apparaissent en tête de leurs gondoles. De fait, ces marques, tous secteurs confondus (horlogerie, automobile, etc.), ont largement pris la mesure d’une chose (étude à l’appui). A savoir que : depuis des décennies déjà, dès lors qu’un consommateur sait qu’une marque sponsorise l’équipe de France, ce dernier s’intéresse davantage à celle-ci. Interrogé par Europe 1, Georges-Henry Bediou est responsable sponsoring chez PMU.
Selon lui, pas de doute : "Une équipe de France championne du monde, c'est l'actif le plus bankable. On a atteint des records. La finale de la Coupe du monde a représenté 4,7 millions d'euros d'enjeux, c'est le double de l'Euro 2016". Même son de cloche côté FFF. La fédération a, déjà, perçu la modique somme de 30 millions d’euros de prime grâce à la victoire des Bleus au mondial. A cela, il conviendra d’ajouter les ventes de maillots (quand ils seront vraiment disponibles). Lesquelles ventes devraient permettre à la FFF de percevoir entre 5 et 10 % du prix pour chaque maillot vendu. Lorsque l’on sait que certains économistes s’attendent à ce qu’au moins un million de maillots soient vendus, il y a fort à parier que les retombées économiques pour ladite instance avoisinent les 10 millions d’euros.
De quoi permettre à la FFF de "drainer encore plus d’argent", indique Pierre Rondeau, économiste du sport sur Europe 1, en guise de conclusion. Et si les retombées financières exactes sont, encore aujourd’hui, difficiles à chiffrer tant elles se veulent colossales, il est certain, en revanche, que le monde bleuté du football français a de quoi se réjouir. Pour quelle raison ? Tout bonnement parce que ce sont aux joueurs, aux marques et aux instances qui gouvernent cet univers que tout revient.
Reste aux consommateurs, le plaisir d’avoir partagé cet été un moment de cohésion nationale d’une part, d’avoir, ou d’être sur le point de payer un maillot 85 euros d’autre part. Un maillot qui, pour rappel, a été conçu dans des conditions que l’on préfère ignorer et qui coûte, en fin de compte, seulement trois euros à fabriquer.
En vidéo - Les Bleus méritent-ils la légion d'honneur ?