De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Soumission chimique, viols et libertinage. Une femme de 67 ans a été droguée pendant sept ans par son mari, puis offerte à d’autres hommes sans son consentement, directement dans le lit conjugal. Les agissements du sexagénaire auraient pu passer inaperçus encore longtemps s’il n’avait pas été arrêté dans un supermarché pour avoir filmé sous les jupes des femmes.
Comme l’explique Le Parisien, tout commence le 12 septembre 2020, lorsque cet homme de 68 ans est surpris par les vigiles d’un magasin de Carpentras (Vaucluse) en train de filmer sous les jupes des femmes avec son téléphone portable. Trois victimes portent plainte et, entendu par les policiers, le retraité évoque un moment d’égarement, un dérapage isolé. C’est en menant une perquisition à son domicile que les forces de l’ordre découvrent la vérité.
Vaucluse : une "soumission chimique" pendant des années
Caméscope, appareil photo, ordinateur et téléphones portables sont passés au crible et, très vite, des vidéos de viol sont révélées au grand jour. Une femme, l’épouse du sexagénaire, y est violée par différents hommes, alors qu’elle semble inconsciente. Les mois qui ont précédé cette découverte, la femme de 67 ans a consulté pour des maux de tête, des insomnies et des trous noirs, sans jamais trouver d’explication à ses symptômes. En réalité, son mari la droguait régulièrement avec des tranquillisants, qu’il glissait dans sa nourriture ou ses boissons. Me Caty Richard, avocate de la victime, explique à Planet qu'il s'agit d'une soumission chimique, passée inaperçue auprès des professionnels de santé alors que sa cliente a consulté "trois neurologues", pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait.
Les enquêteurs ont eu besoin de longs mois pour remonter toutes les pistes et identifier la quarantaine d’hommes présents sur les vidéos. D’âges variés – d’une vingtaine d’années à plus de 60 ans – et de professions diverses, ces hommes sont entrés en contact avec le mari de la victime sur un site libertin baptisé coco.fr, raconte le quotidien francilien. "Cette affaire est hors norme par le nombre d'hommes auxquels elle a été livrée et par le nombre d'années que les faits ont duré", ajoute Me Richard, précisant qu'un "salon" de discussion avait été créé par le mari et baptisé "À son insu".
Vaucluse : "On leur avait dit qu'elle pourrait jouer la comédie"
Ces hommes savaient-ils qu'ils allaient commettre un viol ? Pour l'avocate de la victime, le nom des échanges laissait peu de doute, ainsi que la manière dont ils devaient se comporter au domicile du couple : "On leur demandait clairement de ne pas avoir fumé, ni d'avoir mis de l'eau de toilette, on les faisait se déshabiller dans la cuisine, où ils devaient se laver les mains à l'eau chaude".
Interrogé par Planet, Me Louis-Alain Lemaire, avocat de cinq de ces hommes soupçonnés de viol, est catégorique : "Aucun de mes clients, le soir où ils sont allés voir ce couple, n’avait l’intention de commettre un viol. Pour eux, ils allaient rencontrer un couple échangiste et, théoriquement, une femme consentante, même si on leur avait dit qu’elle pourrait jouer la comédie". "Quand ils se sont rendu compte qu’elle dormait vraiment, chacun de mes clients s’est arrêté, ils sont tous partis", ajoute-t-il. Me Christian Dumont, avocat d'un autre de ces hommes arrêtés, explique qye son client "a répondu à un site, il a compris qu'il y avait quelque chose d'étrange, mais de là à penser qu'il allait avoir une relation sexuelle avec une femme droguée par le mari qui a posté l'annonce...".
Pour Me Richard, au contraire, "on voit clairement qu'elle n'est pas endormie, mais qu'elle est inconsciente". Avant d’arriver chez ce couple, le mari leur aurait dit qu’il s’agissait d’un jeu sexuel...
Vaucluse : "L'intégralité de sa vie s'est effondrée"
Alors que certains des accusés, dont les clients de Me Lemaire, expliquent ne pas avoir su que la femme était droguée, l’organisateur de ces viols affirme le contraire. Selon Le Parisien, il dit avoir mis au courant chaque personne du procédé à suivre, puisqu’un protocole existait même pour ne pas réveiller la victime. L’avocat de cinq de ces hommes explique à Planet que ses clients "savaient qu’on les prenait en photo ou qu’on les filmait, car le monsieur leur disait que c’était pour, après, pouvoir regarder les images avec sa femme, c’était une sorte de jeu de couple". Me Christian Dumont explique que le mari de la victime est "le point central de l'affaire", un homme "qui avait suffisamment de force de persuasion, peut-être même de manipulation, pour imposer à ces hommes qui venaient chez lui, d'accepter d'être filmés". "Mon client se disait par exemple que le couple regardait, ensuite, la vidéo ensemble", mais on sait désormais que ce n'est pas le cas, ajoute-t-il.
Quel était le protocole évoqué par le mari ? Me Lemaire explique que "quand la femme bougeait ou autre, mes clients devaient sortir de la chambre", ce que confirment Me Caty Richard, qui représente la victime, et Me Christian Dumont. Certains auraient alors quitté la pièce pour ne jamais revenir. Les cinq hommes défendus par l'avocat sont "atterrés de ce qu’a subi cette femme. Il faut savoir que ce sont des hommes ordinaires, ce ne sont pas des délinquants, ils ont un casier vierge, ce ne sont pas des violeurs".
Ce sont pourtant bien des vidéos de viols qui ont été montrées à la victime par les policiers en septembre 2020. Celle qui vivait depuis 1970 avec son mari, tente aujourd'hui de se reconstruire, explique son avocate à Planet, précisant : "Elle survit grâce à l'amour de ses proches, de ses enfants, mais c'est quasiment l'intégralité de sa vie qui s'est effondrée". L’enquête, tentaculaire, est loin d’être terminée…
Vaucluse : "L'ensemble du dossier est particulièrement lourd"
Si neuf hommes ont été arrêtés cette semaine dans ce dossier, certains des clients de Me Lemaire sont en détention depuis le mois de février. L'dentification des hommes présents est très longue, mais les enquêteurs cherchent aussi à s’assurer qu’il n’y a pas eu d’autres victimes du même procédé. Le mari de la victime aurait en effet détaillé son mode opératoire sur un forum, avec les doses exactes de tranquillisants nécessaires. "L’ensemble du dossier est particulièrement lourd, particulièrement détestable, vis-à-vis de l’auteur principal et surtout inquiétant au nombre d’intervenants", conclut l'avocat auprès de Planet.
Avec cette affaire, Me Caty Richard souhaite également un meilleur encadrement de ces sites qui permettent ces rencontres, où une des personnes n'est pas consentante : "Ce n'est pas possible, au XXIe siècle, de céder le corps d'une femme sans qu'il y ait de modérateur ou de modération. Il est temps de légiférer là-dessus". L'avocate de la victime appelle également à un sursaut chez les professionnels de santé, qui pourraient être confrontés aux symptômes de la soumission chimique chez leurs patients. "Il faut lancer l'alerte sur la soumission chimique, que cela devienne un réflexe lorsque quelqu'un évoque des absences ou tient des propos incohérents", conclut Me Richard.