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Sur son affiche de campagne, il fait déjà le “V” de la victoire avec ses doigts. Mais Germain Gaiffe, candidat aux législatives dans la 2e circonscription du Vaucluse sous la bannière du “Peuple souverain”, n’a pas un profil des plus communs.
Cet homme de 55 ans vient de passer 24 ans derrière les barreaux pour “ violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. On le surnommait “le dépeceur de Montauban”.
En 1997, Germain Gaiffe est accusé du meurtre de son patron, dans le Tarn-et-Garonne. Jugé devant les assises six ans plus tard, il écopera de 30 ans de réclusion criminelle. Il a été libéré l'année dernière, ayant purgé sa peine de surêté de 20 ans.
“Je suis sorti de prison le 12 avril 2021”, a-t-il confié dernièrement au Dauphiné libéré.
Pas de peine d’inéligibilité automatique pour les meurtriers
Une candidature tout à fait en règle. En effet, toute personne ayant purgé sa peine, et donc, “payé sa dette” à la société, peut jouir des mêmes droits que n’importe quel citoyen, et donc, se présenter aux élections.
Il existe cependant une exception, lorsqu’une personne est condamnée précisément à une peine d'inéligibilité. Ce qui ne fut pas le cas de Germain Gaiffe, tant à l’issue de son procès devant les assises du Tarn-et-Garonne en 2003 que de son jugement en appel quelques mois plus tard.
Dans la 2e circonscription du Vaucluse, où il brigue le siège de député, le quinquagénaire va affronter Stanislas Rigault et sa suppléante Marion Maréchal, du parti Reconquête.
Il se présente sous les couleurs de “Peuple souverain”, un mouvement citoyen.
"Personne d’autre que moi n’est plus légitime à être le représentant du peuple car moi, j’ai pris 30 ans au nom du peuple", explique l’intéressé dans un entretien à La Provence.
“Aujourd’hui, quand on m’incrimine, je m’en fous et en fait, ce casier judiciaire me permet justement d’être libre de dénoncer le système. Aussi guignolesque que cela puisse paraître, ma candidature est plus sérieuse que le spectacle mal joué donné par les élus et ce malgré le budget qu’ils ont” poursuit le candidat, que l’on surnommait à l’époque le “dépeceur de Montauban”.
Un surnom qu’il doit au crime sordide pour lequel il a été condamné il y a près de 30 ans.
Germain Gaiffe : le terrible crime pour lequel il a été condamné
En janvier 1998, on retrouve dans la Garonne, près de Montauban, les jambes d’André Dursus, un chef d’entreprise, disparu depuis plusieurs semaines.
Un an plus tard, c’est son tronc qui réapparaît, cette fois dans la rivière du Tarn, à Moissac.
Très vite, l’enquête incrimine Germain Gaiffe. Son père, Louis Gaiffe, travaillait pour la victime qui lui aurait reproché de trop mauvais résultats. Louis aurait alors envoyé son fils et un ami lui “demander des comptes”.
En 2003, Germain Gaiffe comparaît devant les assises du Tarn-et-Garonne aux côtés de son père et de leur complice. Depuis le box des accusés, ils parlent d'un "accident" et nient avoir dépecé la victime avant de jeter ses restes à l’eau. Il s’agirait, selon eux, de l'œuvre d’une “hélice de bateau”.
Germain écope en première instance de 25 ans de réclusion criminelle pour “violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. Sa peine sera alourdie à 30 ans de réclusion, avec une peine de surêté de 20 ans, lors du procès en appel quelques mois plus tard.
Germain Gaiffe : son mariage avec le “tueur des petites annonces”
On peut également noter que Germain Gaiffe a épousé derrière les barreaux Alfredo Stranieri, surnommé, lui, le “tueur des petites annonces”, condamné pour les meurtres de deux couples en 1997 et 1998.
L’union, qui fut la première entre deux personnes du même sexe célébrée en prison, est toutefois soupçonnée par certains commentateurs d’être une provocation orchestrée par Dieudonné, témoin du mariage aux côtés du terroriste Carlos.
Le couple de tueurs avait également revendiqué la paternité de la fille de l’ancienne Garde des Sceaux Rachida Dati dans plusieurs courriers. La maire du 7e arrondissement de Paris avait même porté plainte.
En 2017, Germain Gaiffe avait déjà essayé de présenter sa candidature aux élections législatives. Il avait dû essuyer un refus de l’administration. Cette fois, la voie est libre pour l'ancien détenu. Depuis sa libération, il exercerait la fonction d’agent de nettoyage dans le Vaucluse.
La première mesure qu’il souhaite défendre s’il est élu le 19 juin prochain ? “ L’impossibilité pour une personne ayant un casier judiciaire de se présenter à une élection” , a expliqué le candidat à la Provence. Fort de son expérience carcérale, il souhaite aussi améliorer le traitement des détenus et “assimiler les dealers à des terroristes”, précise le Parisien. Tout un programme.
Pour lire sa profession de foi, rendez-vous ici.