Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
Sabina et Ursula Eriksson sont nées le 3 novembre 1967 à Sunne, en Suède. Elles grandissent dans la région aux côtés de leur grande sœur, Mona et leur frère Björn.
Adultes, elles quittent le pays pour faire leur vie ailleurs : Sabina émigre en Irlande, et sa jumelle, aux Etats-Unis.
Le 16 mai 2008, après avoir été séparées pendant des années, les deux sœurs se retrouvent pour passer du temps ensemble chez Sabina. Elles sont alors âgées de 40 ans.
Mais sans raison apparente, elles quittent soudainement le domicile irlandais de Sabina, dans le comté de York, pour rejoindre Liverpool, en Angleterre. Sur place, les jumelles se rendent dans un commissariat, et font d’étranges déclarations. Elles se disent inquiètes pour les deux enfants de Sabina, car celle-ci aurait eu une dispute avec son mari la veille au soir.
Deux heures plus tard, les voilà à nouveau sur le départ, direction, cette fois, Londres. Elles embarquent dans un bus, qui ne tarde pas à s’engager sur l’autoroute M6. Alors que le véhicule marque l’arrêt dans une station-service, le comportement de deux sœurs commence à interpeller les passagers. On raconte qu’elles s’agrippent à leurs sacs, et qu’elles semblent en proie à une certaine psychose.
Le chauffeur demande alors à jeter un œil au contenu de leur bagage : elles refusent catégoriquement. Il ne les autorise pas à réembarquer, et prévient la police. Sur place, les officiers remarquent que les jumelles n’ont pas l’air bien méchantes, et décident de les laisser là sans engager plus de poursuites.
« Ils vont nous voler nos organes ! »
Quelques minutes plus tard, c’est le drame. Sabina et Ursula sont aperçues en train de traverser, à pied, l’autoroute. C’est le chaos. Plusieurs automobilistes sont blessés en tentant d’éviter les deux sœurs que rien ne semble arrêter. Sabina est finalement percutée par une voiture.
La police ne tarde pas à arriver sur les lieux, et parvient à appréhender les jumelles. Mais contre toute attente, Ursula parvient à se dégager et se met à courir de plus belle sur l’autoroute. Sa sœur la rejoint. Toutes deux sont à nouveau fauchées par des véhicules. Mais encore bien vivantes…
Sabina parvient même à se relever, comme si de rien n’était, et hurle à l’aide… Sans se rendre compte que l’aide est déjà là. Mais rien n’y fait : les sœurs ne veulent surtout pas être examinées par les médecins, dépêchés sur place. « Ils vont nous voler nos organes ! » aurait scandé Sabina à l’intention de sa jumelle, avant d’asséner un coup en plein face à un officier de police.
Elle est à nouveau rattrapée par les forces de l’ordre, menottée, et sédatée, avant d’être transférée à l’hôpital aux côtés d’Ursula. Mais le dangereux périple des jumelles ne s’arrête pas là pour autant.
Affaire des jumelles Eriksson : « Un accident n’arrive jamais seul »
A l’hôpital, tandis que Sabina est encore sédatée et surveillée, sa sœur, Ursula, a déjà repris des forces et semble redevenue très calme. Elle est laissée libre au bout de cinq heures. Devant les enquêteurs, elle lâche, d’un ton particulièrement détendu : « vous savez, en Suède, on dit qu’un accident n’arrive jamais seul. En général, au moins un autre le suit, voire deux… »
Trois jours plus tard, le 19 mai, c’est au tour de Sabina d’être relâchée, sans jamais avoir été vue par un expert psychiatre. La jumelle a toutefois été condamnée à un jour de détention pour « obstruction à la circulation » et « violences sur officier de police », mais elle avait déjà effectué sa peine en garde à vue.
Ce même jour, Sabina parcourt les rues de Stoke-on-Trent, la ville où elle s’est retrouvée, à la recherche de sa jumelle, invectivant les passants et cherchant, par la même occasion, un logement. Un local, Glenn Hollinshead, la prend en pitié, et lui propose le gîte et le couvert. Le soir, chez lui, il remarque toutefois les comportements étranges de la suédoise. Elle parle de son mari violent, qui serait en train de la pourchasser, et propose à son hôte des cigarettes avant de les lui retirer précipitamment de la bouche car « elles pourraient être empoisonnées ».
Le lendemain, Glenn se met à contacter les hôpitaux de la région, à la recherche d’Ursula. Mais dans la soirée, tout bascule. Aux alentours de 19h40, son voisin assiste à une scène terrible. Glenn est en train de se ruer hors de chez lui, les mains en sang, en hurlant : « elle m’a poignardé ! ». Il s’effondre sur la pelouse, et succombe à ses blessures, non sans avoir murmuré à son voisin, dans son dernier souffle : « Prends soin de mon chien ».
« Folie à deux » : le curieux cas de jumelles Eriksson
Les secours ne tardent pas à arriver sur place, mais Sabina a déjà pris la fuite, emportant avec elle un marteau, glané chez son hôte. Pendant sa cavale, elle arrivera même à frapper un motard, qui passait par là.
Poursuivie par une ambulance, elle finira par sauter d’un pont de 12 mètres, se fracturant le crâne et se brisant les deux chevilles.
Emmenée à l’hôpital, elle en ressortira, en fauteuil roulant, quelques jours plus tard, avec une mise en examen pour « meurtre » sur le dos.
Lors de son procès, son avocate arguera que Sabina n’était que la victime d’une « folie à deux », c’est-à-dire d’un délire psychotique partagé, entre elle et sa sœur. Selon le conseil, ce serait même Ursula « l’instigatrice » de cette névrose ; et Sabina ne serait donc qu’une accusée « secondaire ».
Au terme des débats, elle sera condamnée à 5 ans de prison.
Mais l’affaire, qui a fait grand bruit, continue aujourd’hui de soulever de nombreuses questions. Les deux sœurs souffraient-elles vraiment de la même maladie ? Pourquoi n’ont-elles pas été prises en charge plus tôt ?Et qu’est devenue Ursula, que sa sœur Sabina n’a pas pu retrouver ?
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