De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Une mondaine au cœur de bien des scandales. C’est ainsi que beaucoup de contemporains décrivent Marguerite Steinheil au début du XXème siècle. La jeune femme est surtout connue, à l’époque, pour avoir été la maîtresse du président Félix Faure, mort dans ses bras en plein ébats en 1899.
Marguerite nait en 1869 dans une riche famille industrielle, les Japy, et fréquente la haute-société dès son plus jeune âge. C’est une jolie jeune-fille, courtisée par de nombreux prétendants. A l’âge de 20 ans, elle épouse Adolphe Steinheil, un peintre français. Ensemble, ils ont une petite fille, Marthe, et partagent leur vie entre la capitale et la province, au gré des commandes d’œuvres de l’artiste.
Mais le mariage ne tarde pas à péricliter. Marguerite et Adolphe ne s’entendent plus ; à l’époque, toutefois, pas question de divorcer. Les époux décident seulement de vivre leur vie, chacun de son côté.
Marguerite continue de recevoir, et son salon accueille les personnalités les plus éminentes de la scène parisienne de l’époque : Emile Zola, François Coppée, Pierre Loti…
Les aventures du président dans le "Salon bleu" de l'Elysée
En 1897, à l’occasion d’un séjour à Chamonix, la jeune femme, âgée de 28 ans, rencontre le président Félix Faure, élu deux ans plus tôt. Ce dernier, séduit par le talent de son époux, confie à Adolphe Steinheil la réalisation d’un portrait officiel.
Dans les semaines qui suivent, le chef de l’Etat n’a donc de cesse de se rendre au domicile du couple, impasse Ronsin, à Paris.
Là, il s’éprend de Marguerite ; et les deux deviennent amants. On raconte qu’ils se rejoignent très souvent dans le fameux « Salon bleu » de l’Elysée, une pièce « intime » au rez-de-chaussée du palais présidentiel.
La relation entre le président d’une cinquantaine d’années et sa « cocotte » est alors un secret de Polichinelle dans la haute-société. On dit que l’homme d’état est même drôlement amoureux de Marguerite, au point qu’il songe à divorcer de son épouse, Berthe Faure.
Marguerite Steinheil et le président Félix Faure : la fellation de trop
Le 16 février 1899, les deux amants se retrouvent, une fois de plus, dans le « boudoir » de l’Elysée, pour une séances d’ébats. Mais peu de temps après l’arrivée de Marguerite, les domestiques entendent sonner la clochette dans le Salon bleu. Ils accourent. Sur place, la scène est pour le moins cocasse : le président, allongé sur un divan, a le pantalon sur les chevilles, tandis que Marguerite est en train de se rhabiller à la hâte.
Quelques heures plus tard, on annonce le décès de Félix Faure.
Les services de l’Elysée ne donnent que peur de détails sur les circonstances de sa mort. Car en réalité, le président serait mort d’ « apoplexie », une attaque vasculaire cérébrale survenue pendant une fellation. Celui que l’on surnommait le « président Soleil » pour son énergie débordante a été terrassé en trois heures à l’âge de 58 ans.
Marguerite, elle, s’est enfuie du palais.
Mais les cancans ne tardent pas à envahir les journaux, et partout, on surnomme désormais « Meg » la mondaine, « la pompe funèbre ».
Cette curieuse notoriété va permettre à Marguerite Steinheil d’attirer dans ses filets d’autres hommes de pouvoir, et elle devient, dans les années qui survient le décès de Faure, la maîtresse d’Artiside Briand, du roi du Cambodge ou encore de Maurice Borderel, un riche industriel.
« Meg » devient, en quelques sorte, une légende, sujets de nombreuses rumeurs scabreuses, certes, mais aussi la personnification même de la « femme fatale » à l’époque. Elle va même poser pour les artistes les plus en vue de l’époque.
L’affaire Marguerite Seintheil : la mondaine a-t-elle tué sa mère et son époux ?
Seulement, à peine 10 ans après le décès fulgurant de Félix Faure, Marguerite Steinheil va se retrouver à nouveau au cœur des pires ragots, mais pour une toute autre raison, bien plus sombre…
Le 30 mai 1908, dans la demeure des Steinheil impasse Ronsin, le domestique de la famille commence son service à 6 heures du matin. Il remarque que toutes les portes du premier étage, où sont situées les chambres, sont ouvertes, ce qui est curieux.
A l’intérieur, il découvre avec stupeur les corps sans vie d’Adolphe Steinheil et d’Emilie Japy, la mère de Marguerite, qui séjournait depuis quelques jours chez sa fille.
La mère est décédée d’une crise cardiaque ; le peintre, lui, a été étranglé à l’aide d’une cordelette.
Marguerite, elle, est retrouvée ligotée et bâillonnée dans son lit. Aux enquêteurs, la mondaine raconte avoir été attachée là par trois personnes, deux hommes et une femme rousse, qui s’en seraient ensuite pris à son mari.
La rumeur enfle : et si « Meg » avait ourdi l’assassinat de son époux avant de le maquiller en crime crapuleux ? Toutefois, faute d’éléments, la police n’implique pas tout de suite la veuve, et pense à une attaque visant à récupérer, peut-être, des documents secrets du président Faure en lien avec l’affaire Dreyfus.
C’est toutefois Marguerite qui est la plus virulente dans ces accusations : la veuve va, à tour de rôle, incriminer son domestique, puis le fils de sa gouvernante. Ses délires et ses changements de versions amènent finalement le juge d’instruction à l’inculper, en novembre 1908.
Un an plus tard, Marguerite Steinheil comparait devant la cour d’assises de Paris. Le procès attire une foule de curieux, et on y déballe la vie privée croustillante de l’accusée, et la liste de ses nombreux amants. L’opposition anti-dreyfusarde accuse même Marguerite d’avoir empoisonné volontairement le président Faure, à l’époque, pour le compte du « syndicat juif ».
Pour autant, au terme des débats, la mondaine est acquittée.
La nouvelle vie de Marguerite Steinheil
Ayant échappé à la condamnation, mais meurtrie par près de 300 jours de détention provisoire, Marguerite décide, après son procès, de s’exiler au Royaume-Uni.
A Londres, elle prend le nom de Mme de Serignac, pour échapper au tapage. Elle s’attèle à l’écriture de ses mémoires, et épouse un Lord, devenant, en 1917, Lady Abinger.
On l’accuse encore, outre-manche, d’avoir menti lors de son procès.
En 1927, son époux décède. La même année, on raconte que Marguerite aurait été victime d’un enlèvement, alors qu’elle séjournait au Maroc, avant d’être libérée, contre une rançon astronomique. Pour l’historienne Sylvie Lausberg, le rapt aurait pu être lié, là aussi, à des documents secrets que Félix Faure aurait légués à sa maitresse.
Quoi qu’il en soit, la « Meg » emportera le reste de ses secrets dans la tombe : elle décède le 18 juillet 1954, à l’âge de 85 ans, après avoir vécu une vie décidément… mouvementée.
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