De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
- 1 - Les zones d’ombres
- 2 - Vous n’avez pas de lien direct avec Anthony… Pourquoi cette affaire vous touche-t-elle au point de vous mobilisiez ?
- 3 - J’ai été vraiment interrogée professionnellement. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui clochait.
- 4 - Mort d'Anthony Lambert : « On a l’impression que cette affaire est délaissée »
- 5 - Quel jeune-homme était Anthony ? A quoi ressemblait sa vie ?
- 6 - Où est l’enquête, presque trois mois après le drame ?
- 7 - C’est pour avoir des réponses que vous avez décidé de créer cette association ?
- 8 - Mort d’Anthony Lambert : les silences qui interrogent
- 9 - Les gens ont été nombreux à se mobiliser à vos côtés dans cette affaire…
- 10 - Quelles vont être vos actions ?
- 11 - Justement, sur quels points voudriez-vous des explications ? Quelles sont les zones d’ombre de l’affaire ?
- 12 - Mort d'Anthony Lambert : « Quelqu’un doit savoir quelque chose »
- 13 - Que pensez-vous qui lui est arrivé ?
- 14 - Etes-vous en lien avec ses proches justement ? Comment vont-ils ?
Anthony Lamber t, 17 ans, a grandit de foyer en foyer. Le jeune homme a été placé très tôt à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). A Lugny, il était, en décembre 2021, hébergé par une association dans un modeste camping. Anthony n’allait plus à l’école. Mais l’adolescent gardait toujours le sourire. Depuis ses 4 ans, il passe ses week-ends et les vacances scolaires dans une famille d’accueil, dont il était devenu, au fil des années, très proche. Cette année, il a même passé les fêtes de Noël avec eux. Mais quelques jours plus tard alors qu’il est de retour dans son foyer camping, Anthony se volatilise. Le 31 décembre, il serait parti avec un sac de vêtements, sans que l’on sache où, ni pourquoi. Ses proches, inquiets, alertent les autorités.
Les zones d’ombres
Au départ, les enquêteurs sont persuadés que le jeune adolescent a fugué. Mais un avis de recherche est tout de même diffusé le 4 janvier, et on déploie des patrouilles cynophiles, un drone et un hélicoptère dans la région pour tenter de le localiser. En vain.
Le 9 janvier, au matin, un groupe de chasseurs découvre le corps sans vie du garçon dans un champ, à quelques kilomètres de Lugny. Anthony est complètement dénudé.
Selon l’autopsie, il serait décédé d’hypothermie et de déshydratation. Mais pour ses proches, la thèse de la fugue et d’une mort accidentelle ne colle pas vraiment. Surtout, pourquoi Anthony s’est-il retrouvé complètement nu ?
Depuis la découverte du corps, ses proches n’ont pourtant pas eu de nouvelles de la justice, et n’ont qu’une crainte : que l’enquête soit classée sans suite. Pour leur venir en aide, quelques locaux qui s’étaient pris de sympathie pour Anthony ont monté une association, « La Vérité pour Anthony ». Nous avons discuté avec Anne-Marie Laveder, sa présidente. Aujourd’hui, elle a fait de cette affaire son combat.
Vous n’avez pas de lien direct avec Anthony… Pourquoi cette affaire vous touche-t-elle au point de vous mobilisiez ?
Anne-Marie Laveder : J’ai pris connaissance de l’affaire dans la presse écrite régionale, quand on a diffusé l’avis de disparition de ce jeune homme. Ce qui m’a touché, c’est que moi-même j’ai été famille d’accueil pendant 30 ans, j’ai connu beaucoup de jeunes comme lui. Alors, quand j’ai vu qu’il était pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) depuis son plus jeune âge et qu’il vivait, en plus, dans un camping en réhabilitation qui n’était pas du tout en état d’accueillir ce type de personnes… C’est un camping où il n’y a même pas de sanitaires ! Et puis, cette découverte dans un champ, dénudé. Comment il s’est retrouvé là ? Et pourquoi ?
J’ai été vraiment interrogée professionnellement. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui clochait.
Anne-Marie Laveder : Je ne connaissais pas Anthony personnellement, mais je suis en lien professionnel avec la famille d’accueil qui l’hébergeait pendant les week-ends et les vacances. Ils sont broyés de douleur par sa disparition. Et j’ai voulu les aider, donc nous avons monté cette association, pour aider à la famille d’accueil et à la famille biologique également dans leur quête de vérité...
Mort d'Anthony Lambert : « On a l’impression que cette affaire est délaissée »
Quel jeune-homme était Anthony ? A quoi ressemblait sa vie ?
Marie-Anne Laveder : Anthony avait 17 ans et demi, il était déscolarisé et il avait été balloté de foyer en foyer depuis son plus jeune âge. Mais c’était un garçon très joyeux, doux, soucieux des autres… Il voulait faire plaisir à tout le monde. Il était même trop naïf, influençable, et se laissait parfois entrainer dans des histoires pas possibles. C’était un jeune très vulnérable qui devait avoir besoin de beaucoup de protection… Les nombreuses familles qui l’ont accueilli au fil des années s’accordent toutes pour dire qu’il était extrêmement gentil. Une vieille dame qui l’avait hébergé il y a quelques années m’a même dit « il savait se tenir ce garçon ! ». On est donc loin du délinquant, du voyou... Il était très pudique, d’ailleurs, sa famille tient à le souligner, car il a été découvert nu, et ça ne lui ressemble pas…
Mais Anthony avait aussi des problèmes psychologiques. Il était suivi par un psychiatre et prenait des médicaments. Les jours précédant sa disparition, il était très fatigué, probablement à cause d’un changement dans son traitement.
Où est l’enquête, presque trois mois après le drame ?
Marie-Anne Laveder : Une autopsie a été faite, procureur s’est prononcé sur une hypothermie, un décès naturel pendant une fugue. Et depuis, on n’a plus jamais entendu parler de rien, on ne sait pas où ça en est. Personne, pas même la famille, n’a de nouvelles de la justice.
On a l’impression que cette affaire est délaissée. On ne voudrait pas parce que c’est un enfant placé, avec une famille en difficulté, on ne veut pas que cette histoire s’arrête là.
C’est pour avoir des réponses que vous avez décidé de créer cette association ?
Marie-Anne Laveder : On veut que la justice enquête, on sait qu’il y a eu des plaintes déposées. Est-ce que le procureur va vraiment conclure à une mort accidentelle ? Si l’affaire est classée, on va monter au créneau. Si une enquête est ouverte pour déterminer les causes de la mort, là, des parties civiles pourront se constituer et on pourra avancer dans la recherche de la vérité…
L’association, c’est aussi pour unir nos forces, car c’est un monde que l’on ne connait pas. Moi, j’ai toujours rendu les enfants qu’on m’a confié en très bon état.
Mort d’Anthony Lambert : les silences qui interrogent
Les gens ont été nombreux à se mobiliser à vos côtés dans cette affaire…
Marie-Anne Laveder : Lors de la réunion où nous avons constitué notre association, nous avions mis 80 chaises, et elles ont toutes été occupées. A l’issue de la réunion, il y a eu 40 adhésions dans la foulée. Les gens veulent vraiment savoir. Déjà, on a monté l’association dans le village où est la famille d’accueil qui était très proche d’Anthony ; là-bas, il était très connu et apprécié, donc tous ces gens aussi sont affectés par ce drame. Il y a aussi d’autres familles d’accueil qui se posent des questions, des retraités, des gens tout simplement touchés par son histoire…
Ce n’est pas de la mauvaise curiosité. On veut simplement savoir ce qu’il s’est passé, pour que ça ne se reproduise pas. On parle tout de même d’un mineur qui a été laissé pour compte. Quand on enlève un enfant à ses parents, on laisse entendre que l’ASE va faire mieux… Mais là, on peut se poser des questions. Pour la famille biologique, c’est terrible.
Quelles vont être vos actions ?
Marie-Anne Laveder : Dans l’immédiat, on attend que le procureur se prononce, mais en même temps on continue de récolter les adhésions, de sensibiliser les gens, et la presse régionale s’en fait l’écho… Et puis nous allons organiser des manifestations pour renflouer notre caisse et pouvoir prendre en charge les futurs frais de justice.
On veut garder cette histoire bien vivante, œuvrer pour qu’une instruction soit ouverte et qu’une enquête soit menée sur le scénario de ces 9 jours où Anthony a disparu.
Justement, sur quels points voudriez-vous des explications ? Quelles sont les zones d’ombre de l’affaire ?
Marie-Anne Laveder : Il y a une grande incohérence dans cette histoire : Anthony a disparu le vendredi 31 décembre. Le 4 janvier, la gendarmerie diffuse son avis de disparition : il est signalé qu’il portait une doudoune blanche où moment où il s’est volatilisé.
Or, il se trouve que lorsque l’association qui l’hébergeait a rendu ses affaires à sa famille, il y avait parmi elles la doudoune portée lors de sa disparition. Sauf qu’on le sait, Anthony a été retrouvé complètement nu…
Cela nous interroge. Et puis, la thèse de la fugue, pourquoi aurait-il fugué ? A-t-il eu peur, a-t-il été menacé, enlevé ? A-t-il été agressé sexuellement ? Toutes ces questions, on se les pose.
Et puis, lors de ses obsèques d’Anthony, il n’y avait personne de l’ASE et de l’association qui l’hébergeait, pas une fleur, pas un message… Ce silence nous pose aussi question.
Mort d'Anthony Lambert : « Quelqu’un doit savoir quelque chose »
Que pensez-vous qui lui est arrivé ?
Marie-Anne Laveder : On a franchement des mauvais pressentiments… On ne peut qu’avoir des mauvais pressentiments, il a été retrouvé dans de telles conditions. Mais quelqu’un doit sûrement savoir quelque chose.
Il doit y avoir une personne qui l’a déshabillé selon moi. Car s’il s’était déshabillé lui-même, on aurait retrouvé les vêtements à côté de lui.
L’endroit où les chasseurs l’ont retrouvé n’était pas très loin de là où la battue s’était effectuée deux jours plus tôt, mais rien n’avait été retrouvé. On peut aussi se demander si le corps n’a pas été déplacé.
Pour la famille, ces questions tournent sans cesse et c’est insupportable. Enterrer un enfant, ça n’est déjà pas rien, mais quand on ne sait pas ce qui s’est passé et qu’en plus il était confié à quelqu’un d’autre, c’est dramatique.
Si ce garçon avait disparu de mon domicile, dans ces conditions le département serait sans dessous dessus.
Etes-vous en lien avec ses proches justement ? Comment vont-ils ?
Marie-Anne Laveder : Oui, nous sommes en lien et nous unissons nos forces. Ils sont dans un très grand chagrin, et dans une grande incompréhension, ils veulent qu’on les soutienne et qu’on les aide. Ils découvrent un monde qu’ils ne connaissent pas, celui de la justice. Nous sommes aidés à ce titre par l’association Christelle, Mme Blétry nous as entendus, on l’a rencontrée, elle nous guide sur ces choses-là, car le temps de la justice peut-être très long.
On se dit que peut-être une enquête est en cours, sans que l’on en soit informés, et on l’espère de tout cœur.
La page Facebook de l’association « La vérité pour Anthony »
Pour les contacter : [email protected]