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Des appartements sans dessus dessous, du sang en quantité, des odeurs de putréfaction prégnantes et quelques traces de la vie qui n’est plus : c’est le spectacle glaçant auquel sont souvent confrontés les équipes de NAD, entreprise spécialisée dans le nettoyage après décè s. Leur rôle ? Remettre en ordre sanitaire les logements après un évènement malheureux : un décès, un suicide médicamenteux ou par arme à feu, voire un crime.
Parfois, les équipes interviennent des jours, voire des mois après le décès. « On est intervenus dans des cas où les défunts étaient découverts jusqu’à 3 ans plus tard », nous raconte Julien Martel, le fondateur.
Les taches sont délicates, parfois ingrates, mais désespérément nécessaires. Dans tous les cas, le nettoyage post mortem n’est pas une mince affaire, et nécessite bien des précautions et une grand part de technicité. « Car les surfaces sont contaminées par les fluides biologiques, explique Julien Martel. Tout ce qui est sorti de la putréfaction, c’est comme de l’eau. Ça s’infiltre partout. C’est catastrophique les dégâts que peut causer un corps ».
Pour exercer son métier au mieux, Julien Martel, un ancien du secteur funéraire, a donc fait de vastes recherches pendant trois ans avant de créer son entreprise.
« Nous avons fait de l’apprentissage en microbiologie, il faut connaitre comment se développe une bactérie… Je me suis aussi intéressé à la chimie, car on utilise du peroxyde d’oxygène pour les désinfections, et ça ne se fait pas n’importe comment », commente le professionnel.
Odeurs, sang… Comment travaille-t-on dans l’horreur de l’après-crime ?
Le nettoyage, en effet, n’est pas fait à la légère, et parfois, le travail est dantesque. « Nous travaillons en binôme, mais dans certains cas, il faut quatre personnes. Parfois, cela ne prend que quelques heures, mais il arrive que l’on y passe jusqu’à 15 jours », commente le fondateur de NAD. « On travaille sur quelque chose de souillé en profondeur, donc il faut être très méticuleux, et forcément ça être lent ».
Les équipes, surtout, doivent avoir les nerfs solides. « Il y a des scènes choquantes, qui vous marquent au fer rouge, des images vraiment pas belles. L’odeur de putréfaction, quand on la sent, le premier réflexe c’est de fuir la zone. C’est contre-nature d’aller dans un lieu où cette odeur est prégnante », expose Julien Martel.
Leur travail de l’ombre est une affaire de passionnés. « Quand on aime le métier, ce n’est plus quelque chose qui vous dérange. Il faut avoir à cœur d’aider les gens. Bien sûr, on comprend leur douleur, on a beaucoup d’empathie, mais ce ne sont pas nos vies, et il faut aussi savoir prendre du recul pour bien faire son travail », analyse le professionnel.
Nettoyer les scènes de crime, mode d’emploi
Les équipes de Julien Martel sont souvent appelés pour nettoyer les scènes de crime.
« On est contactés par un magistrat, ou par la police judiciaire ou technique, qui cherchent une société pour effectuer ce travail. Ils nous appellent, nous montrent les photos de la scène de crime, et on leur explique ce que l’on va faire en fonction », explique le patron.
En binôme, les nettoyeurs partent ensuite sur les lieux, à travers la France entière, et le travail peut commencer, en tenue.
« Quel que soit le type de mort, c’est toujours les mêmes équipements : nous avons une combinaison, des masques ventilés ou FFP3 jetables, des gants, des sous gants, des sur gants, des bottes, des sur bottes et des chaussures. C’est très important car on n’a qu’une santé, il faut se protéger », ajoute-t-il.
A l’issue du nettoyage, une visite de constatation est effectuée.
Nettoyeurs de scènes de crimes : « ça marque forcément »
« La semaine dernière, nous avons fait une scène de crime, en Bourgogne, au mois de mai un homme a tué sa femme, sa fille et sa secrétaire. Ça n’était pas simple. Il y avait du sang partout, notamment sur de la pierre décorative : mais ça ne se nettoie pas. On a donc dû resculpté les pierres. Il faut être polyvalent dans ce métier », explique Julien Martel.
Psychologiquement, là aussi, le travail n’était pas de tout repos. « Dans cette affaire, il y a eu un enfant qui a été tué, et sur place vous voyez la petite sandalette, de cette petite gamine qui n’a rien demandé à personne… Victime du coup de folie d’un homme qui n’a pas supporté le divorce avec sa femme. Ça marque, surtout que j’ai moi aussi des enfants. Mais on est passionnés, et on veut que le travail soit bien fait. »
Car parfois, explique le professionnel, il arrive que les odeurs reviennent, après plusieurs mois, si la désinfection n’a pas été optimale. « Nous, on ne veut surtout pas ce cas de figure. Donc, on est très exigeants on travaille très dur ».
Julien Martel regrette que certaines entreprises ne soient pas aussi méticuleuses. « Il y en a beaucoup qui ne sont pas spécialisées dans l’après-décès, et qui ne font même pas de contrôles. Nous sommes la seule entreprise du secteur à avoir un laboratoire en microbiologique, mais on le fait pour vérifier que nous n’avons pas laissé sur place une souche résistante ».
Nettoyeurs de scènes de crimes : « le mari ne voulait pas évacuer les lieux »
Nettoyer après les décès, c’est aussi être confronté à la détresse des proches. « Quand on arrive, on ne cherche pas à savoir ce qu’il s’est passé, on cherche à savoir quel protocole doit être mis en place pour décontaminer », assure toutefois Julien Martelsuicid.
Mais le professionnel n’en demeure pas moins insensible. « Dans les cas de suicides, la première chose assez violente à laquelle on peut être confronté, ça n’est pas forcément la scène, parce qu’on ne la voit pas tout de suite, mais c’est la colère et l’incompréhension de la famille qui tout à coup se décharge », raconte Julien Martel.
« Après le suicide d’une dame très malade, que son mari avait retrouvé dans la salle de bains, nous sommes arrivés pour nettoyer la scène et le mari ne voulait pas évacuer les lieux. On a subi ses cris de douleur, les pleurs, la rage qu’il avait contre lui-même, il s’en voulait d’avoir laissé sa femme. C’était très lourd de travailler dans ce genre d’atmosphère », nous confie-t-il encore.
Selon lui, il faut avant tout posséder une bonne dose d’empathie, et garder la tête sur les épaules pour faire ce métier, qu’il qualifie de « difficile, mais passionnant ». « Ce n’est pas un métier que vous choisissez, ajoute Julien Martel. C’est le métier qui vous choisit. Mais quand la famille est satisfaite, qu’elle peut enfin passer à autre chose, c ’est la plus belle des récompenses », conclut le fondateur de NAD.