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En 1997, Ahmed B., colosse de 1,90 mètre et de plus de 100 kilos, fait la une des journaux. L’homme a commis un meurtre sordide. Me Dominique Eyssartier, toute jeune avocate à l’époque, se rappelle : "C'était l'une de mes premières affaires, l'atrocité des faits m'a évidemment marquée, pour toute ma carrière", dit-elle au Figaro.
Le 19 novembre 1997, alors âgé de 29 ans, Ahmed B. s’attaque en pleine rue de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) à Philippe M. "Il lui a planté un couteau dans l'abdomen, a fait remonter la lame tout le long de son ventre et lui a arraché des côtes. Il est ensuite monté dans une voiture volée, a roulé à plusieurs reprises sur le cadavre et a pris la fuite", raconte Me Dominique Eyssartier. Rapidement interpellé, Ahmed B. est trainé en justice.
Cannibale de Brive : "le poids psychiatrique du dossier"
En mars 2000, Ahmed B. ne parvient pas à expliquer clairement le mobile de son crime devant la cour d'assises de Tulle. Ancien toxicomane, il aurait été traversé d’une paranoïa hallucinante et aurait assassiné Philippe M. pensant qu’il l’avait volé.
En 1997, ses parents avaient déjà signalé à plusieurs reprises aux autorités l’état psychiatrique de leur fils. En effet, "dans sa jeunesse, Ahmed avait été victime d'un accident de la route qui l'avait plongé dans le coma. À son réveil, il n'avait plus jamais été le même. Il souffrait notamment d'hallucinations", confie une source proche du dossier au Figaro. Son état s’était encore détérioré peu avant les faits. Pourtant, lors de son procès, "le poids psychiatrique du dossier" n’est pas retenu et Ahmed B. est condamné à trente ans de réclusion criminelle.
Alors surnommé "l’éventreur", Ahmed B. est incarcéré au centre national d'orientation de Fresnes (Val-de-Marne). Il est ensuite transféré en 2004 à la maison centrale de Saint-Maur (Indre). Sa réputation l’y précède. Cette année-là, Ahmed B. commet un autre meurtre sanglant.
Cannibale de Brive : d’éventreur à cannibale
"Vu les faits pour lesquels il avait été condamné, on se méfiait un peu de lui bien sûr, mais il était très calme, il se comportait bien", déclare un ancien surveillant de la prison de Saint-Maur au Figaro. "C'était un colosse avec une tête vide… Les médicaments qu'il prenait depuis des années l'avaient complètement annihilé", relate Didier Duchiron, adjoint au chef de détention de Saint-Maur.
Début juillet 2004, Ahmed B. décide d'arrêter son traitement à l'insu du personnel de prison. Les conséquences sont immédiates. "Le 4 juillet au soir, un détenu et un surveillant faisaient la distribution des repas. Quand ils ont ouvert la porte de la cellule d'Ahmed et celle de son voisin, le colosse a attrapé le prisonnier d'à côté et lui a fracassé le crâne avec un cendrier. Le surveillant a couru chercher des renforts et quand ils sont arrivés, Ahmed était assis par terre, à côté du cadavre, et il mangeait sa cervelle. Il en avait plein les mains, plein la bouche. C'était atroce", se remémore Didier Duchiron.
Cannibale de Brive : "il s'en est pris à la seule personne qui s'occupait de lui"
Un crime d’autant plus ignoble qu’il "s'en est pris à la seule personne qui s'occupait de lui, c'était son ami, son compagnon de jeu. Toute la prison était en deuil car la victime était très appréciée. C'était un vieux Marseillais d'une soixantaine d'années", ajoute l'ancien adjoint au chef de détention au Figaro. Désormais, une forme de psychose se propage dans le sillage d’Ahmed B.
Déclaré irresponsable pénalement, le "cannibale de Brive" est immédiatement placé dans un établissement psychiatrique puis transféré dans différentes unités pour malades difficiles (UMD). Désormais, Ahmed B. se trouve à l’UMD de Eygurande (Corrèze). Oublié de la presse et du grand public, l’homme de 54 ans refait parler de lui car il pourrait bénéficier prochainement d'un assouplissement.
Cannibale de Brive : vers un "assouplissement" de son internement ?
Ce vendredi 23 juin 2023, la question de l’éventuel transfert d’Ahmed B. dans un service psychiatrique de l'hôpital de Brive est débattue par une commission médicale. Or, le personnel soignant de l’hôpital est très inquiet à l’idée d’accueillir Ahmed B. Début juin, les soignants écrivent dans une lettre ouverte à leur direction qu’il ne disposent pas "des moyens humains, matériels et thérapeutiques" pour s'occuper "d'un tel patient à la dangerosité potentielle évidente et avérée" et s'estiment ainsi en droit de "s'opposer à ce transfert", rapporte Le Figaro.
Toutefois, la décision finale incombera au préfet. En effet, la tenue d'une commission médicale "ne préjuge en rien de la décision que prendra, le moment venu, le préfet", explique la préfecture de Corrèze au Figaro. "Le préfet examinera attentivement la situation quand il en sera saisi, en tenant compte des impératifs médicaux et des conditions de sécurité." A suivre.