Marges agroalimentaireIllustrationIstock
L'information est incontestable, issue des statistiques de l'Insee. Entre 2019 et 2022, les taux des marges financières de l'industrie agroalimentaire française ont augmenté plus que celui de l'inflation que nous connaissons aujourd'hui. Ces marges peuvent selon les secteurs dépasser les 60 %.
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Une étude publiée le 2 octobre par l'Insee est édifiante sur les pratiques de l'industrie agroalimentaire française. L'inflation qui fait tant souffrir une grande partie des Français ne semble pas attendrir les grands groupes, principaux vecteurs de la flambée des prix des denrées. Entre 2019 et 2022, leur taux de marge a augmenté de 2,7 points pour atteindre un total de 31,2 % (quand l'inflation pour 2025 est évaluée à 1,8 %).

Des marges qui dépendent du type de denrées

Toutefois, tous les secteurs n'appliquent pas les mêmes écarts. L'Insee souligne que durant la période étudiée "le taux de marge des entreprises de la fabrication de boissons augmente de 3,8 points alors que celui des entreprises des industries alimentaires augmente de 2,2 points".

Les domaines de production de vin et autres boissons alcoolisées "distillées" sont considérés comme à "forte valeur ajoutée" et affichaient des marges absolument énormes en 2022 : respectivement 61,1 % et 58,1 %.

Autre augmentation qui a fortement marqué les esprits : celle des huiles et graisses végétales, qui ont même connu une pénurie dans les magasins. De 2019 à 2022, leurs marges globales sont passées de 19 à 43,9 % ! Un bond impressionnant qui serait à la fois dû, d'après l'Insee, au faible nombre d'entreprises françaises présentes sur ces marchés, et à une forte hausse de leurs exportations.

Lorsqu'il aurait fallu en faire plus pour pallier ce manque, le pays a fait face à une baisse de production "des matières agricoles" liée aux mauvaises conditions climatiques, puis à l'explosion des prix à l'importation due à la guerre en Ukraine. Cette dernière étant l'occasion rêvée de gonfler les prix plus que de raison ?

Les grands groupes se sont "engraissés"

L'Insee confirme que ce sont les grands groupes qui ont le plus profité des différentes crises. "Le taux de marge atteint 33,3% pour les groupes en 2022, contre seulement 21,3% pour les entreprises indépendantes. [...] Le taux de marge des groupes augmente de 3,6 points entre 2019 et 2022. [...] Dans le même temps, le taux de marge pour les entreprises indépendantes diminue légèrement, de 1,3 point." 

Quant aux petites entreprises, elles ont subi de plein fouet les contextes sanitaire et international : leur taux de marge a baissé dans le même temps de 2,9 %.

La pandémie de Covid-19 a calmé les ardeurs

L'étude permet de constater qu'en 2020 (28,3 %), en pleine pandémie de Covid-19, les marges de l'agroalimentaire ont très légèrement baissé par rapport à 2020 (28,5 %). Cela s'explique d'après l'institut par le fait que les magasins sont restés ouverts même pendant les confinements et que l'activité a été "forte" malgré les restrictions.

Puis, par "le quoi qu'il en coûte" cher à Emmanuel Macron. Ainsi, entre 2021 et 2021, les industriels ont pu profiter de baisses des impôts de production et d'une "hausse des subventions d’exploitation, dans un contexte de reprise économique soutenue par les dispositifs d’aides aux entreprises."

Enfin conclut l'Insee, les taux des marges de 2022 sont restés quasi similaires à 2021, année de reprise, malgré une forte inflations des "intrants" : engrais et produits phytosanitaires.