De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
"Une honte", assène sobrement l'une des internautes qui a commenté la publication. Comme plusieurs milliers de Françaises et de Français, elle s'insurge après avoir appris combien gagnaient supposément les étrangers en âge de prétendre à la retraite en France. Ces derniers, d'après l'auteur du texte partagé plus de 5 300 fois sur Facebook, n'auraient d'ailleurs jamais travaillé sur le sol de l'Hexagone... Mais percevraient tout de même 1157 euros chaque mois.
Plus étonnant encore, peut-être, l'internaute à l'origine de cette publication affirme que l'information est sourcée : il en attribue le crédit à l'Agirc-Arrco, l'un des principaux organismes en charge de la gestion des retraites complémentaires pour les salariés du privé.
"1157 euros pour les étrangers n'ayant jamais travaillé […] 1157 euros de retraite sans avoir cotisé ni même travaillé en France ! Toute personne qui débarque en France, sans même jamais y avoir mis les pieds, peut prétendre, si elle a 65 ans ans, à 709 euros de retraites par mois, ou même 1157 euros si elle vit en couple", écrivait l'internaute en mai, indique Libération. Le visuel de cette publication, qui n'est plus accessible sur le site de Mark Zuckerberg, précisait d'autres éléments, poursuit le service de fact-checking de l'AFP. "Confirmation : 1 157 euros de retraite pour les étrangers n'ayant jamais travaillé !!!! Information de l'Agirc et l'Arrco", pouvait-on lire alors.
Peut-on vraiment percevoir 1157 euros de retraite sans travailler ?
Le fait est, cependant, que ces propos sont factuellement faux. Bien évidemment, la France dispose d'aide concernant y compris les étrangers en âge de prétendre à la retraite, mais elles ne leur sont pas spécifiques. Et n'atteignent pas ces montants, souligne encore l'AFP.
Autre détail important : les soutiens financiers accordés à ces individus ne constituent pas une retraite, mais une allocation. Sans avoir cotisé, il n'est pas possible de toucher une retraite. "Seules les personnes qui ont exercé une activité salariée dans les entreprises privées obtiennent des droits à une retraite complémentaire en contrepartie des cotisations versées", déclare d'ailleurs l'Agirc-Arrco, contactée par l'agence. Elle dément être à l'origine du message, ainsi que l'affirme pourtant la publication virale.
Retraite : combien touche-t-on sans avoir cotisé ?
Certes, l'aide que les Françaises et les Français n'ayant pas travaillé peuvent percevoir passé 65 ans n'est pas une retraite à proprement parler. Pour autant, en pratique, la différence peut sembler mince aux yeux du contribuable.
Concrètement, explique l'AFP, les personnes âgées à faibles ressources peuvent demander à toucher l'Allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Dans leurs colonnes, le chercheur Antoine Math, la décrit comme "une sorte de RSA pour les personnes âgées". Il officie à l'Institut de recherches économiques et sociale.
Le fait qu'il ne s'agisse pas d'une retraite signifie donc qu'elle est financée par l'impôt et non par les cotisations. Son montant exact varie en fonction de la situation du foyer concerné mais, en 2020, il ne peut excéder 903,20 euros mensuels pour une personne seule et 1402,22 euros pour un couple. Les 1 157 euros précédemment évoqués correspondent au maximum de l'année 2010 pour un couple.
Si le montant de cette aide peut-être cumulé avec d'autres ressources, il ne faut cependant pas dépasser 10 838,40 euros annuels pour y prétendre. Là encore, le plafond est sujet à évolution chaque année.
Qui touche l'Aspa ?
En tout et pour tout 356 700 personnes ne touchaient que l'Aspa à la fin de l'année 2018. Pour autant, le rapport du ministère de la Santé qui avance ces chiffres explique aussi que 568 100 personnes percevaient différentes allocations permettant d'atteindre le seuil du minimum vieillesse.
Si les internautes qui ont partagé la publication s'en prennent régulièrement aux aides que percevraient donc les étranger, il importe de rappeler qu'il est difficile pour ces individus de les toucher. "Il ne suffit pas d'être en situation régulière, il faut en plus pouvoir justifier qu'on réside en France depuis plus de dix ans de façon continue, avec un titre de séjour ouvrant droit au travail", souligne par exemple Antoine Math.