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Planet : Quelle est votre impression générale sur l’affaire ?
Eric Phelippot : A ce stade, comme le disait Stéphane Bourgoin sur votre site il y a quelques jours, on ne peut pas dire que Nordahl Lelandais est un tueur un série, toutefois il y a de quoi nourrir de fortes suspicions. De nombreuses affaires sont rouvertes et je pense qu’elle nous réserve des surprises. Il a la typologie d’un tueur en série plutôt organisé. Il agit dans des endroits différents par exemple. Pour être précis, on pourrait parler d’un tueur en série mixte, parce qu’il ne cache pas ses victime. Si c’est le cas, il a dû commencer plus tôt entre ses 20 ans et ses 20 ans.
Planet : Lors de nos discussions en amont de cette interview, vous avez évoqué la possibilité qu’il soit un pervers narcissique. Pourquoi ?
Eric Phelippot : De ce que je sais de l’affaire, ni Arthur Noyer, ni Maëlys de Araujo n’ont été tués par arme à feu, il y a donc eu usage de main sur des victimes qui étaient plus faibles que lui. On peut penser qu’il s’agit d’un pervers narcissique. Ce type de personnalité aime justement garder la main et dominer et n’a pas d’affect, d’empathie ou de remords. Avec Lelandais, il y a en plus un côté toute puissance qui se dégage puisqu’il ne parle qu’acculé aux preuves. Cela ressemble à un jeu avec les enquêteurs.
Planet : Nordahl Lelandais évoque pourtant des accidents…
Eric Phelippot : A chaque nouvelle preuve, il avance un nouveau scénario, un comportement qui fait penser aux psychopathes qui cherchent à tout prix à se dédouaner, à minimiser les faits.Ca fait deux fois, deux ‘’accidents’’. Pour les deux affaires, il avait éteint son téléphone par exemple…
Planet : Vous dites que les pervers narcissiques n’éprouvent pas d’empathie, pourtant Nordahl Lelandais a été placé en soins psychiatriques après avoir avoué le meurtre de Maëlys ?
Eric Phelippot : Les tueurs en série n’éprouvent pas forcément de culpabilité, mais en revanche, ils peuvent ressentir une honte à avoir été arrêté, une honte de se retrouver face à leur famille, à la société. A ce titre, je pense qu’il faut creuser sur le rapport que Nordahl Lelandais a avec sa mère. C’est peut-être en jouant sur cette corde là qu’on arrivera à le faire parler.
Planet : Si Nordahl Lelandais est un tueur en série, aurait-on pu l’identifier avant ?
Eric Phelippot : C’est difficile avec ce type de personnalités, parce qu’elles sont bordelines. Par exemple, Nordahl Lelandais était sans activité à cause d’un pépin de santé mais il avait une vie sociale, il vivait chez ses parents et n’était pas à la rue. Toutefois, certains de ses amis ont pointé du doigt quelques côtés assez extrêmes. D’anciennes compagnes ont raconté qu’il avait été violent.
Planet : Sans minimiser les violences réelles qu’on subies ces femmes et qui a conduit pour l’une à un dépôt de plainte, comment peut s’expliquer le passage à l’homicide d’une fillette et d’un militaire ?
Eric Phelippot : Cette question concerne le passage à l’acte, le quand et le pourquoi. Il y a très souvent comme je l’ai évoqué, un désir de totue puissance, de possession, de déification de soi-même. Les tueurs en série ressentent souvent une indifférence, il n’y a pas de notion de bien ou de mal, ils prennent donc le rôle de spectateurs et prennent du plaisir dans la souffrance des autres.
Planet : Comment les autorités peuvent-elles agir face à Nordahl Lelandais, mais aussi dans un cadre plus général face aux tueurs en série ?
Eric Phelippot : Pour le moment, ce n’est pas sûr qu’il parle sans être acculé. Il faut continuer à avancer avec les preuves scientifiques et faire jouer la corde sensible de sa famille. D’une manière générale, la France est mal préparée, elle ne reconnaît pas juridiquement le terme de "tueur en série" et les juges et parquets ne communiquent pas bien entre eux. En outre, comme le disait Stéphane Bourgoin, on peut évaluer à environ 199 le nombre de tueurs en série en France depuis 20 ans. A trois victimes par an pour chacun, on est déjà à 600 victimes… Selon moi, il faut faire évaluer la justice en France, mais aussi en Europe. Les tueurs en série ne s'arrêtent pas aux frontières.