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La saga judiciaire continue. Le 16 février 2024, Jonathann Daval, condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa femme Alexia Fouillot, a porté plainte contre la famille de la victime pour diffamation. Plus précisément, ce sont Isabelle Fouillot, la mère, et Stéphanie Gay, la sœur, qui sont visées. En cause ? Leurs propos tenus dans le quatrième épisode de la série télévisée "Alexia, autopsie d'un féminicide", diffusée sur Canal+. Devant les caméras, Isabelle Fouillot affirme : "Avec le recul, on comprend que la fausse couche d'Alexia n'était pas accidentelle". Stéphanie Gay ajoute : "Elle n'a pas pris conscience qu'il l'a droguée".
"C'est totalement faux", tempête Maître Randall Schwerdorffer, avocat de Jonathann Daval, auprès de Planet.fr. Dans son courrier adressé au procureur de la République de Vesoul (Haute-Saône), l'homme de loi dénonce "une version des faits qui est non seulement fantaisiste, mais surtout totalement inexacte".
La thèse de l'empoisonnement volontaire au cœur de la plainte
Il écrit : "Il y a là une volonté de présenter au public l’affaire Daval sous un angle inexact, dans un but qui ne peut être que de nuire au plaignant, comme si sa condamnation pour meurtre ne suffisait pas et qu’il fallait publiquement et faussement accabler Jonathann Daval, et porter atteinte à son honneur en le faisant passer auprès du public pour un empoisonneur en plus d’un meurtrier".
C'est aussi faux que si l'on affirmait qu'Alexia avait empoisonné Jonathann. Le but de cette plainte est de dire : arrêtez de raconter des choses qui n'existent pas ! - Me Schwerdorffer
"La possibilité qu'Alexia ait été empoisonnée a été examinée pendant l'instruction. L'hypothèse de la sédation a été écartée par les pharmacologues et les experts en médecine légale", affirme l'avocat de Jonathann Daval. Cette thèse avait effectivement été abordée par la famille de la victime au cours du procès d'assises, avant d'être mise de côté par la Cour. D'après les experts, le dosage de médicaments retrouvé dans le corps d'Alexia Fouillot était trop faible pour être lié à un empoisonnement volontaire. "C'est aussi faux que si l'on affirmait qu'Alexia avait empoisonné Jonathann", fulmine Me Schwerdorffer.
Au sujet de la fausse couche, l'avocat est tout aussi catégorique.
Une "diffamation", pour Jonathann Daval...
Deux mois avant d'être étranglée puis partiellement brûlée par son mari, Alexia Fouillot avait fait une fausse couche. La jeune femme de 29 ans avait des rêves de maternité, et souhaitait fonder une famille avec Jonathann Daval... Mais souffrait de problèmes gynécologiques, qui l'obligeaient à suivre un traitement hormonal pour tomber enceinte. Isabelle Fouillot, la mère de la victime, se rappelle du jour où sa fille a réuni toute la famille pour annoncer sa grossesse.Le couple semblait heureux. Malheureusement, Alexia fait une fausse couche quelques semaines plus tard.
Pour les parents de la défunte, son désir d'avoir un enfant était totalement incompatible avec la prise de médicaments aussi forts que du zolpidem (hypnotique), du tétrazépam (décontractant musculaire interdit en France depuis 2013), et du tramadol (antalgique opiacé).
"Très clairement, cette fausse couche n'a jamais été liée à une prise médicamenteuse. Tout a été analysé au cours du procès, on sait scientifiquement et judiciairement qu'Alexia n'a pas été empoisonnée comme le suggèrent sa mère et sa sœur", fulmine Me Schwerdorffer.
... Une "conviction" pour la famille
Dans la presse, l'avocat de la famille Fouillot,Maître Jean-Hubert Portejoie, a qualifié cette plainte d'indécente et de provocatrice. Dans les colonnes de Planet.fr, il persiste et signe.
"Cet empoisonnement médicamenteux dont il est question ne sort pas du chapeau, cela a été évoqué pendant des mois pendant l'instruction et évoqué publiquement devant la Cour d'assises. C'est à ce moment-là que Jonathann Daval aurait pu ou dû porter plainte s'il estimait qu'il était diffamé, pas lors de la diffusion du reportage", estime l'homme de loi.
Cette plainte, à mon sens irrecevable, est scandaleuse et outrancière à l'égard de la famille Fouillot. - Me Portejoie
Avant de poursuivre : "Jonathann Daval a toujours refusé de s'expliquer sur ce point-là : on ne peut pas empêcher la famille Fouillot d'avoir une conviction. Cette conviction, qu'ils ont partagée publiquement, ne constitue pas judiciairement une infraction de diffamation".
Pour Me Portejoie, cela ne fait aucun doute : il s'agit d'un écran de fumée.
La plainte de Jonathann Daval, un écran de fumée ?
"Jonathann Daval va devoir répondre de ses déclarations mensongères le 19 avril 2024 devant le tribunal correctionnel de Vesoul. Ce dépôt de plainte est un contre-feu qui ne dupe personne !", nous confie l'avocat de la famille Fouillot.
Il s'explique : "Il est renvoyé devant le tribunal correctionnel pour dénonciation calomnieuse, à savoir tous les mensonges et les accusations proférés à l'égard de Grégory Gay, le beau-frère d'Alexia (NDLR : le mari de sa sœur, Amandine Gay), et la famille Fouillot". Les faits remontent à 2017 : après avoir avoué le meurtre de sa femme, Jonathann était revenu sur ses propos pour accuser Grégory.
Il avait alors affirmé être la victime d'un "pacte secret" de la famille, qui avait pour objectif de lui faire porter le chapeau pour le meurtre d'Alexia. Finalement, il avait craqué lors d'une confrontation avec la mère de la victime au tribunal de grande instance de Besançon (Doubs), et avait de nouveau avoué être le meurtrier.
Cette plainte, qui tombe un mois et demi avant sa comparution, est manifestement une plainte de circonstance pour tenter d'échapper à ses responsabilités, ou pour les diluer. - Me Portejoie
Le droit à l'oubli "vite oublié" de Jonathann Daval
Aux propos de l'avocat de la partie adverse, Me Schwerdorffer répond : "Ce qui est indécent, ce sont les déclarations d'Isabelle Fouillot et de sa fille. Ce n'est qu'une série commerciale sans la moindre information. Il y a déjà eu énormément de séries, de livres... Les parties civiles exploitent commercialement l'image d'Alexia. Jonathann Daval n'a rien demandé", assène-t-il.
De son côté, Me Portejoie est formel. "Sincèrement, il y a un peu de décence à avoir. Le moindre des respects pour la famille de la victime est de purger sa peine et de se taire. Jonathann Daval n'a pas arrêté de demander le 'droit à l'oubli'. Il l'a vite oublié...", soupire l'homme de loi.