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Un manque à gagner non négligeable. Comme attendu depuis cet été, les pensions de retraite complémentaire de l’Agirc-Arrco ne seront revalorisées que de 1% le 1er novembre prochain. Soit, 0,5% en dessous du niveau d’inflation hors tabac anticipée pour l’année 2021. L’annonce, effectuée le 7 octobre dernier, pénalise ainsi 13 millions de retraités affiliés au régime Agirc-Arrco et anciens salariés, cadres et non-cadres, de l’agriculture, du commerce, de l’industrie et des services, rapporte La Dépêche.
Afin de justifier cette décision, le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco, en accord avec le patronat et les deux syndicats CFDT et CFTC, a mis en avant deux facteurs : la dégradation des comptes du régime de retraite durant la crise sanitaire et la nécessité de revenir à l’équilibre. Le déficit à combler se monte à 4,8 milliards d’euros.
Problème, ce n’est pas la première fois que l’Agirc-Arrco déroge à la règle de revalorisation des pensions complémentaires, qui repose sur le taux d’inflation.
Retraite complémentaire : la sous-indexation dure depuis 10 ans
Selon une étude menée par Sapiendo-Retraite, "de 2011 à 2021, la valeur du point, servant de base au calcul de la pension de retraite complémentaire a été revalorisée de 5,71% pour les salariés (ex- Arrco) et 5,50 % pour les cadres (ex-Agirc), alors que l’inflation a augmenté de 9,88%".
"Cette sous-indexation résulte d’une obligation d’équilibre financier, qui pèse sur le régime complémentaire des salariés du privé. Face au vieillissement de la population, on doit agir. Diminuer les pensions des retraités est un des leviers du trio infernal : augmentation des cotisations, recul de l’âge de départ, diminution des pensions. En revanche, dans un souci d’équité et de transparence, les efforts doivent être homogènes entre tous les régimes de retraite. Il sera intéressant de suivre les politiques adoptées par les autres régimes de retraite (régime de base des salariés, régime complémentaire des salariés du public, régime de la fonction publique)", commente Valérie Batigne, fondatrice et Présidente de Sapiendo.
Qui sont les plus affectés ?
Sous-indexation de la retraite complémentaire : conséquences pour les salariés
Comme le détaille l’expert retraite, "pour les salariés (non-cadres), les revalorisations de leurs pensions complémentaires sont 42,22% inférieures à l’augmentation des prix". La perte financière sur la partie complémentaire s’élève à 3,70%.
Exemple cité : "En 2011, 1 000 points de retraite Arrco donnaient droit à une pension de 1213,50 €. En 2021, ces mêmes 1 000 points donnent une pension de 1284,10 €, soit une augmentation de 5,71%. Alors que parallèlement, l’inflation a progressé de 9,88 %, soit un écart entre la revalorisation et l’inflation de 42,22 %. Si les pensions avaient suivi l’inflation, le montant aurait été de 1333,44 €, alors qu’il est de 1284,10 € soit une perte pour le pensionné de 49,34 € par an, représentant 3,70%".
Qu’en est-il pour les cadres ?
Sous-indexation de la retraite complémentaire : les cadres sont les plus touchés
Toujours selon Sapiendo, concernant les cadres, "le cumul des revalorisations est 44,31% inférieur à l’inflation, soit un écart plus important que pour les non-cadres (42,22%)". Perte nette : 3,99% sur la partie complémentaire spécifique aux cadres (ex-Agirc).
Exemple cité : "En 2011, 1 000 points de retraite Agirc donnaient droit à une pension de 423,30 €. En 2021, ces mêmes 1 000 points donnent une pension de 446,60 €, soit une augmentation de 5,50%". Or, parallèlement, l’inflation a bondi de 9,88%, soit un écart entre la revalorisation et l’inflation de 44,31%.
Dans le cas où les pensions avaient suivi l’inflation, le montant aurait été de 465,14 €, alors qu’il est de 446,60 € ; soit une perte pour le pensionné de 18,54 € par an (- 3,99%). "Un écart qui se ressent d’autant plus que la retraite complémentaire représente jusqu’à 2/3 de la pension totale des cadres, ingénieurs et autres techniciens", précise la plateforme de conseils.
Sapiendo a tenu à préciser que si "l’AGIRC-ARRCO indique un écart de revalorisation plus faible, de 33% pour les anciens points ARRCO", cela concerne uniquement la période de référence de l’année 2010 à 2021 soit 11 ans. Selon les calculs de Sapiendo, les écarts sur cette même période sont de 34,01% pour l’ARRCO et 51,41% pour les anciens points AGIRC.