Fresques obscènes dans les hôpitaux : pourquoi n'ont-elles pas été retirées ?IllustrationIstock
En janvier 2023, le gouvernement avait réclamé aux hôpitaux d'effacer les fresques pornographiques présentes dans leurs enceintes. Pourquoi n'ont-elles pas été retirées ?
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Le débat continue à agiter les esprits. En janvier 2023, les hôpitaux possédant des fresques à caractère pornographique ou sexiste dans les salles de garde devaient les retirer, “dans la concertation” avec les internes, selon une instruction ministérielle. Prise dans le cadre de la “politique de tolérance zéro” affichée face aux “violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé", cette décision n’a toutefois toujours pas été appliquée pour l’heure. Voici pourquoi ces fresques n’ont pas été retirées dans les hôpitaux.

Fresques obscènes dans les hôpitaux : une décision qui peine à être appliquée

L’instruction de la Direction générale de l’offre de soins était pourtant claire : les fresques à connotation sexuelle présentes dans les hôpitaux devaient être retirées au plus tôt en réaction aux “violences morales ou sexuelles à l’encontre des étudiants en santé”. Dans cette décision, plusieurs contentieux étaient clos ou en cours à propos de ces fresques jugées pornographiques, présentes dans les hôpitaux. Saisi en référé par l’association Osez le féminisme au nom de “la dignité des femmes”, le tribunal administratif de Toulouse avait ordonné en décembre 2021 le retrait de certaines décorations des salles de garde du CHU.

Six ans plus tôt, c’est une fresque de Clermont-Ferrand, qui évoquait un viol collectif entre super-héros, qui avait créé la polémique avant d’être effacée. Si les hôpitaux agissent progressivement pour retirer ou modifier ces peintures murales, une partie des “carabins”, c’est-à-dire des étudiants en médecine, reste attachée à ce genre de représentations grivoises et grotesques, qui relèvent d’une tradition dont l’origine et la signification sont décrites dans plusieurs ouvrages.

Fresques obscènes dans les hôpitaux : garder ou retirer ?

Face à une véritable absence de consensus, d’après Le Parisien, le ministère de la Santé avait réclamé aux hôpitaux concernés d’“organiser le retrait de l’ensemble des fresques à caractère pornographique et sexistedans un calendrier qui ménage la concertation” avec les représentants des internes.

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Toujours dans le même temps, l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) ne s’opposait pas à ces demandes, mais réclamait “que des moyens soient débloqués” pour assurer la conservation des fresques présentant un intérêt patrimonial, notamment dans les musées hospitaliers, comme cela avait déjà été fait.

Fresques obscènes dans les hôpitaux : des médecins favorables à leur conservation

Alors qu’une fresque de la salle de garde de l’internat de l’hôpital Lapeyronie à Montpellier a été recouverte de plusieurs coups de peintures et affiches en mars dernier, des médecins continuent à refuser la suppression de ces fresques, qu’ils considèrent comme faisant partie du patrimoine.

Si un grand nombre d’entre elles reste encore à retirer, certains hôpitaux ont néanmoins choisi de jouer le jeu : c’est, par exemple, le cas à l’hôpital Lariboisière à Paris, où les murs de la salle de garde des internes sont en train de reprendre des couleurs. Un cas qui pourrait montrer l’exemple tandis que, d’après Egora, “85% des médecins sont contre l’effacement des fresques dans les salles de garde”.