Ce lundi 25 novembre est celui de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes. Zoom sur The Sorority, cette application réservée aux femmes et aux minorités de genre qui propose de leur...
"Dans ces cas-là, on se met à penser au pire"
La première fois que nous avons voulu refaire l’amour, c’était deux mois après la naissance de notre premier enfant. Ce jour-là, je me suis rendu compte que la pénétration serait impossible : j’étais bloquée et mon vagin complètement fermé.
Sur le moment, cela ne m’a pas préoccupée plus que ça car nous avions beaucoup de choses en tête et que notre quotidien était bouleversé par l’arrivée du bébé. Mais lorsque nous avons tenté une nouvelle approche, rien n’avait changé. C’était toujours aussi douloureux.
J’ai décidé de prendre rendez-vous avec un gynécologue pour qu’il vérifie que je n’avais rien d’anormal. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. Dans ces cas-là, on se met à penser au pire, à une maladie grave. On se dit : "J’ai un cancer".
"On continue de s’embrasser, de se toucher, de se faire des câlins"
Je me souviens que le médecin s’est montré très doux, très compréhensif. Il m’a examinée et m’a appris que je souffrais de vaginisme, un trouble psychologique déclenché par l’arrivée de notre fille. Il m’a aussi rassurée : un jour, je pourrai à nouveau avoir des rapports. La seule chose qu’il n’a pas été en mesure de me dire, c’est le temps que cela prendrait…
Trois ans ont passé. J’en souffre, bien sûr, mais cela n’a pas terni notre relation. Mon conjoint et moi avons décidé d’y aller progressivement : on continue de s’embrasser, de se toucher, de se faire des câlins. Il faut que la confiance revienne. Il a très bien compris la situation et je ne pense pas que cela l’ait frustré car nous en parlons librement. Nous avons simplement choisi de privilégier d’autres choses, comme les sorties et les vacances, pour se retrouver. Au final, tout notre amour s’est reporté sur notre fille.
Nos discussions m’ont poussée à questionner la cause de mon mal-être. Notre petite fille est née avec les forceps. La grossesse était à terme. J’avais des contractions et l’équipe médicale a alors décidé de déclencher l’accouchement. Mais comme le bébé était coincé et ne pouvait pas sortir seul, ils sont allés le chercher avec des pinces.
Avant que le médecin n’arrive, je me souviens des sages-femmes placées autour de moi. Elles n’arrêtaient pas d’appuyer sur mon ventre. J’avais peur. Je leur disais : "Le bébé va tomber par terre". J’étais extrêmement inquiète à l’idée qu’elles l’abîment. Peut-être parce que ma mère avait perdu son premier enfant à cause des forceps : les médecins lui avaient perforé la fontanelle.
Ces derniers mois, je me suis beaucoup renseignée sur le sujet. J’ai appris qu’accoucher avec les forceps n’était pas une expérience anodine et que la mère et l’enfant pouvaient la vivre comme un traumatisme. Je regrette que nous n’ayons bénéficié d’aucun accompagnement psychologique.
Je continue d’aller voir le gynécologue tous les deux mois. Il ne m’a pas laissée tomber. A la dernière séance, il a remarqué que j’étais moins crispée. Je garde espoir. Bientôt, tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
*A la demande de l’intéressée, le prénom a été modifié