Procès de Mazan : la Coust Laurent/ABACAabacapress
Au tribunal d'Avignon, Dominique Pelicot, a écopé de vingt ans de prison. Pour ses co-accusés, des peines souvent moins élevées que celles des réquisitoires ont été prononcées.
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Le monde entier avait les yeux tournés vers Avignon ce jeudi 19 décembre 2024. Le verdict tant attendu au terme de quatre mois d'un procès démesuré est tombé. Dominique Pelicot, l'ex-mari de Gisèle Pelicot, qui l'a droguée, violée et soumise entre 2011 et 2020 à des centaines de viols par des hommes recrutés sur internet, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle dont les deux tiers sont concernés par une période de sûreté. Cette peine est conforme au réquisitoire prononcé fin novembre par le parquet

"La cour a condamné le chef d'orchestre"

"Monsieur Pelicot a pris acte de cette décision et nous allons mettre à profit le délai qui nous est accordé de dix jours pour voir si nous faisons appel." a indiqué son avocate, Béatrice Zavarro, selon des propos rapportés notamment par Francetvinfo.fr. "La cour a condamné le chef d'orchestre", a-t-elle également commenté. 

Cinquante et un hommes étaient également mis en cause dans ce procès en première instance (l'un des prévenus est en fuite). Tous sont condamnés. L'un d'eux, Saifeddine G., a vu les faits dans son cas étant requalifiés en "agression sexuelle", tandis qu'un autre, Joseph C, qui était le seul poursuivi pour délit d'agression sexuelle, est déclaré coupable. 

Des peines inférieures aux réquisitions

Les peines prononcées sont variables, et souvent inférieures aux réquisitions du parquet. Jean-Pierre M., comparaissait pour le viol et la soumission chimique de sa propre épouse (avec des produits fournis par Dominique Pelicot, qui a, lui aussi, violé cette femme). Il a été condamné à 12 ans de réclusion quand le parquet avait requis 17 ans. 

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Trois autres condamnés (Boris M, Cyrille D. et Lionel R. sont condamnés à huit ans de réclusion, soit quatre de moins que ce qu'avaient requis les avocats généraux. Certains accusés, dont Jacques C. ressortent libres car leur peine n'est pas assortie de mandat de dépôt. Romain V, qui s'était présenté à six reprises dans la maison des Pelicot à Mazan a été condamné à 15 ans de prison, la seconde peine la plus forte. Séropositif, il était traité depuis vingt ans et présentait une faible charge virale, selon sa défense.  

Par ailleurs, une partie des accusés écopent de peine avec sursis. C'est le cas de Joseph C., condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis pour, Hugues M. à  cinq ans dont deux avec sursis. Six accusés ressortent libres

La famille de Gisèle Pelicot a fait part de sa "déception" pour ces peines faibles, selon l'AFP. 

Si la circonstance aggravante de viol ou tentative de viol "en réunion" a été retenue, rapporte Le Monde, ce n'est pas le cas de "l'administration de substance"  qui n'aurait, selon la cour, pas été connue de tous les accusés. L'un des axes de défense d'une partie des avocats avait justement porté sur l'ignorance des accusés, dont certains ont même plaidé l'emprise de la part de Dominique Pelicot. 

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Gisèle Pelicot, un symbole

Avant même l'annonce, des personnalités et organisations se sont exprimées sur les réseaux sociaux. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale a ainsi exprimé des remerciements sur X (ex-Twitter) :

"À travers vous, c’est la voix de tant de victimes qui porte aujourd’hui, la honte qui change de camp, le tabou qui se brise. Le monde n'est désormais plus le même grâce à vous", écrit-elle. 

  De son côté, le Parti socialiste notamment, qui a salué dans un communiqué  "Gisèle Pelicot, l'invaincue". Nombre de féministes et de responsables politiques ont salué la dignité de Gisèle Pelicot, qui a refusé le huis clos et tenu à ce que les extraits des vidéos insoutenables des viols organisés par Dominique Pelicot soient montrés au cours de procès. 

Ce procès et les débats de société qu'il a suscités ont fait l'objet d'une couverture médiatique internationale sans commune mesure. "Merci", titrait ce jeudi matin en Une le journal allemand Die Tageszeitung. "No More Shame" ("Finie la honte") écrivait de son côté l'édition allemande de Vogue. Outre-Atlantique, le site du New York Times a accordé la première place à ce verdict. Des personnes ont par ailleurs diffusé une couverture alternative et non officielle du "Time Magazine", qui a choisi Donald Trump comme "personnalité de l'année" 2024. Pour eux, et pour nombre de soutiens silencieux, indéniablement, la personnalité de l'année, c'est bien elle, Gisèle Pelicot.